L'option informatique des lycées dans les années 80 et 90

Première partie :
La naissance d'une option

Jacques Baudé
Président d'honneur de l'EPI
 

Cet article s'intéresse spécifiquement à l'option informatique des lycées et à son contexte « politique ». Pour ce qui concerne les matériels, les logiciels, la recherche pédagogique, la formation des enseignants... nous conseillons la lecture de l'historique écrit par Émilien Pélisset, alors président de l'EPI, « Pour une histoire de l'informatique dans l'enseignement français » publié dans Système éducatif et révolution informatique (Cahiers de la FEN) [1].

Nous conseillons également la consultation des rubriques :
Quelques jalons pour un historique de l'informatique dans le système éducatif français [2] ;
Enseignement de l'Informatique et des Technologies de l'Information et de la Communication [3].

On lira aussi avec profit : La constitution de l'informatique comme discipline scolaire, le cas des lycées, Thèse de doctorat de Georges-Louis Baron (12/10/1987) qui s'intéresse à la constitution de l'informatique comme discipline scolaire. Le texte intégral est téléchargeable au format pdf, dans l'archive ouverte EduTice [4].

Toutes les citations sont extraites de documents de l'époque. On en trouvera l'origine dans la partie « Références » accompagnée, quand c'est possible, de l'URL où on pourra consulter le texte intégral.

 
A - Les années 70 du siècle dernier

   Il est communément admis que l'introduction de l'informatique dans l'enseignement général français trouve son origine dans le Séminaire pour « l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire » organisé par l'OCDE (OCDE/Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'enseignement) au Centre International d'Études Pédagogiques de Sèvres, du 9 au 14 mars 1970.

   Dans les conclusions de ce séminaire [5] on peut lire : « L'introduction d'un enseignement de l'informatique dans l'enseignement du second degré est apparue comme indispensable aux participants et ce, quelles que soient les préoccupations qui peuvent justifier cette introduction : enseignement général du second degré, enseignement économique et commercial, formation des futurs techniciens de l'informatique. (...) L'accord a été général parmi les participants au Séminaire pour affirmer que ce qui était important dans cette introduction était, non pas l'ordinateur, mais bien la démarche informatique que l'on peut caractériser comme algorithmique, opérationnelle, organisationnelle. » et plus loin : « il est évident qu'une action importante doit être entreprise dans le domaine de la formation des enseignants à l'informatique. »

   Pour une analyse plus détaillée des conclusions de ce séminaire on peut lire l'apport de Jacques Arsac au rapport L'éducation et l'informatisation de la société, rapport collectif remis par Jean-Claude Simon au Président de la République en mars 1980 [6]. Cet article dissipe un certain nombre de « lectures » erronées des conclusions du Séminaire : « Nous avons peut-être trop insisté sur les conclusions du colloque de Sèvres. Il nous a paru important de rétablir les faits avec soin, des citations abusives ayant trop souvent déformé l'esprit des conclusions de ce colloque. » (page 155) [7].

   En mai 1970, se fondant en partie sur les conclusions du séminaire de l'OCDE, le Ministère de l'Éducation nationale lance l'expérience française d'introduction de l'informatique dans l'enseignement secondaire, dite « Expérience des 58 lycées ». Elle est née de la prise de conscience d'un phénomène de société : « L'informatique est un phénomène qui est en train de bouleverser profondément les pays industrialisés et le monde moderne en général. (...) L'enseignement secondaire tout entier et dès la classe de 4e ne peut rester à l'écart de cette révolution. Il doit préparer au monde de demain dans lequel ceux qui ignoreront tout de l'informatique seront infirmes... » (Circulaire ministérielle n° 70-232 du 21 mai 1970 [7b]).

   Si le colloque de Sèvres avait plaidé pour un enseignement de l'informatique, allant jusqu'à des travaux pratiques, il avait laissé ouverte la question de savoir s'il fallait en faire un enseignement autonome ou le placer dans le contexte d'une autre discipline. L'expérience des 58 lycées va s'organiser essentiellement autour de ce qu'on appelait alors l'Enseignement Assisté par Ordinateurs (EAO) c'est à dire de l'utilisation de l'outil informatique dans les disciplines. L'objectif d'une « culture générale en informatique » était-il atteint ? Rien n'est moins sûr.

   On se reportera à l'étude très complète « Dix ans d'informatique dans l'enseignement secondaire, 1970-1980 », Recherches pédagogiques n° 113, INRP, 4e trimestre 1981, 182 pages [8].

   Cette expérience fut très riche, avec une implication importante d'enseignants formés (formations « lourdes »), avec une production nationale de logiciels issus d'une recherche pédagogique active... mais elle fut essentiellement axée sur l'« informatique outil ». Très peu, sauf exceptions, sur l'informatique « objet ».

   Si cette expérience fut une réussite en ce qui concerne l'emploi des ressources informatiques dans les différentes disciplines elle a peu atteint de façon générale l'autre objectif : sensibiliser les élèves aux méthodes de l'informatique, développer des aptitudes algorithmiques, opérationnelles, organisatrices.

   Certes il se développa parallèlement de nombreux clubs informatiques (très souvent animés par des adhérents de l'EPI) mais il est difficile de parler pour ce qui les concerne d'un enseignement structuré de l'informatique.

   Il n'en reste pas moins qu'un nombre non négligeable d'élèves a réalisé, dans le cadre de ces clubs, des travaux remarquables comme en témoigne le concours de programmes AFCET-EPI [9]. Les 103 dossiers retenus (émanant de collégiens mais surtout de lycéens) correspondaient à des travaux réalisés avant le 1er décembre 1980 pour la grande majorité dans l'ambiance intellectuelle des clubs informatiques en liaison avec les différentes disciplines.

   L'EPI a publié, en juin 1982, un numéro spécial de sa Revue consacré aux travaux des 16 premiers lauréats. C'est impressionnant.

   On peut lire dans la conclusion : « ... un tel concours a montré à l'évidence qu'en matière d'informatique pédagogique il est possible de placer et de maintenir la barre à un haut niveau. La condition est qu'on inscrive le travail dans une démarche globale et finalisée.
Celle-ci ne doit pas seulement prendre en compte l'équipement des établissements en matériel et la diffusion de didacticiels "tout faits". »
 [10]

(AFCET : l'Association Française pour la Cybernétique Économique et Technique créée en 1968 a été la principale société savante française en matière d'informatique durant les années 70 et 80. Son président, André Danzin, a présidé le premier Comité Scientifique National (CSN) chargé du suivi de l'Option Informatique (OI) des lycées)

   Si l'on excepte quelques tentatives, ici et là, d'un enseignement général d'informatique sous forme optionnelle (voir par exemple, au lycée Pierre Corneille à La Celle Saint Cloud : « Introduction de l'informatique dans l'enseignement secondaire » [11]) la décennie 70 fut essentiellement placée, dans l'enseignement secondaire général, sous le signe des apports de l'informatique aux différentes disciplines. Ce fut sur ce plan une belle réussite permise par de réels efforts de formation des enseignants. (Se reporter à l'historique général signalé en préambule)

   Et pourtant, ce besoin d'un enseignement spécifique de l'informatique était présent dans les esprits même s'il ne faisait pas l'unanimité. Ainsi, les fondateurs de l'association Enseignement Public et Informatique (EPI) étaient préoccupés de ne rien ignorer des différents développements que pouvait connaître l'informatique au sein du système éducatif.

   Dans l'éditorial du premier Bulletin de l'EPI [12] on peut lire :
Notre attitude doit rester accueillante à l'égard des diverses expériences pédagogiques. L'introduction de l'informatique se présente actuellement, semble-t-il, sous trois aspects :
- comme l'enseignement d'une matière nouvelle (sections et établissements spécialisés, cours pour volontaires, enseignement intensif de quelques jours pour tous les élèves d'un même niveau) ;
- comme l'enseignement d'une méthode de pensée à l'intérieur des matières existantes, chaque professeur retrouvant dans sa discipline les notions fondamentales de modèle, d'algorithme, d'information ;
- comme l'utilisation d'un moyen nouveau, comparable à ce que fut le premier livre imprime, aidant le professeur dans la partie répétitive de son travail.

Si la politique du ministère consiste à favoriser la deuxième solution et malgré l'intérêt d'un tel choix qui facilite les rapports entre les différentes spécialités, nous pensons que nous devons nous intéresser à ces trois types d'expériences. L'avenir nous dira quelle est la voie la plus sûre. Mais peut-être s'agit-il de trois aspects complémentaires qui devraient coexister. En tout cas, nous ne pouvons ni ne devons choisir dès maintenant.

   Déjà l'idée de « complémentarité » des approches. Notion si difficile à faire passer dans les esprits et dans la pratique 40 ans après !
 

   Mais, même au sein de l'EPI – très engagée dans l'opération 58 lycées – les avis étaient partagés. L'idée d'une discipline spécifique ne recueillait que peu de voix. Dans le Bulletin EPI n° 14 (fin 1976) sont publiés les résultats d'une mini-enquête auprès d'adhérents [13]. À la question : Comment envisagez-vous l'avenir de l'informatique dans l'enseignement secondaire ?

Enseignement d'une discipline distincte avec horaire et programme

19

Utilisation de l'informatique comme méthode de pensée à l'intérieur des disciplines traditionnelles

44

Utilisation de l'ordinateur comme outil dans ces mêmes disciplines

40

Pas de réponse

5

   Par ailleurs, le même Bulletin publiait les « Propositions de l'association EPI pour une généralisation de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement. ». Dans les objectifs, on peut lire :
« Il ne faut donc pas destiner cet enseignement aux seuls futurs spécialistes ; il ne faut pas non plus en faire une matière à part et l'isoler des autres disciplines. » (page 17) [13].

   Sauf que, les années passant, et devant la difficulté de transmettre par les disciplines existantes une culture informatique solide et structurée, la demande d'un enseignement spécifique de l'informatique s'impose peu à peu.

 
B - Le contexte de la fin de la décennie 70 et de l'année 1980

   Le rapport Nora-Minc, L'informatisation de la société [14], est remis en janvier 78 au Président Giscard d'Estaing qui, en novembre, demande au gouvernement d'élaborer un nouveau plan informatique pour accroître l'efficacité et la compétitivité du système économique.

   En février 1979, le Ministère de l'Industrie et la mission informatique proposent au MEN le financement du début d'un plan d'équipement visant à la généralisation des équipements des lycées en micro-ordinateurs. 10 000 micro-ordinateurs sont annoncés. On change de braquet.

   Au début de l'année 1979, l'EPI publie un « Manifeste pour étendre et diversifier l'informatique dans l'enseignement » [15]. On peut y lire : « Nul ne peut ignorer l'informatique dans le monde moderne. Elle nous concerne tous comme travailleurs, comme consommateurs, comme citoyens et elle nous concerne d'autant plus qu'elle a des implications, non seulement dans le domaine matériel, mais aussi dans celui de la pensée et de la communication. En tant qu'outil pédagogique, elle peut s'appliquer à tous les niveaux d'enseignement. Mais elle ne doit pas se limiter à cela. Elle doit aussi devenir un élément de culture générale dont tous les élèves puissent bénéficier. »

   Au cours de l'année scolaire 79-80, et sans que nous ayons eu d'informations précises sur le sujet, Jacques Arsac propose au Directeur des lycées et collèges, Jean Saurel, une expérimentation, dans quelques lycées de la région parisienne, d'un enseignement optionnel de l'informatique.

   Le Bureau national de l'EPI rencontre Jean Saurel à plusieurs reprises et demande à être associé à la réflexion. Il paraît évident qu'une concertation très ouverte doit précéder la mise en place, et l'éventuelle généralisation, d'une nouvelle discipline fût-elle optionnelle. C'est ce qui ressort des nombreux débats au sein des Régionales.

   L'année 1980 a connu le Rapport Tebeka [16], remis au Premier ministre fin mai. Dans ce rapport alarmiste, Jacques Tebeka attire l'attention des pouvoirs publics sur la pénurie d'informaticiens et sur l'absence de culture informatique des utilisateurs de plus en plus nombreux dans les entreprises. Il propose une alphabétisation de tous à l'informatique (page 23).

   Puis paraît le rapport L'éducation et l'informatisation de la société (rapport Simon) :
Commandé par le Président de la République à la suite du colloque de septembre 1979 sur l'informatisation de la société, le rapport Simon lui est remis en août 1980. Plusieurs responsables de l'EPI avaient participé aux groupes de réflexion. Le rapport se prononce clairement pour un enseignement de l'informatique pour tous avec comme mesure transitoire des enseignements optionnels au collège et au lycée :

   Dans la récapitulation des propositions [17] : Une formation générale à l'informatique.

Proposition 1

II est très probable que l'objectif à atteindre est d'introduire dans l'enseignement général une formation à l'informatique pour tous, de l'ordre de deux cents heures en tout.

Toutefois étant données les difficultés inhérentes à l'introduction immédiate d'une nouvelle discipline obligatoire pour tous, une mesure transitoire est proposée : création progressive d'une option de « formation à l'informatique », ouverte à tous, de cent heures au collège (4e et 3e), cent heures au lycée (2de et 1re). L'évaluation de ces options permettra la mise au point d'un enseignement obligatoire pour tous.

Proposition 3

Création d'un CAPES et d'une agrégation d'éducation informatique, afin de soutenir les formations proposées au niveau des lycées, et création d'une « bivalence informatique » pour les professeurs de collège.

Des professeurs associés, provenant de l'industrie informatique, pourront être nommés, sous certaines conditions à préciser.
 

   Le 25 novembre 1980 a lieu le colloque « Le mariage du siècle : éducation et informatique » sous la présidence effective du Ministre de l'Éducation, Christian Beullac, et du Ministre de l'Industrie, André Giraud [18]. L'EPI est présente. On a pu assister, une fois de plus, à l'affrontement Arsac-Hebenstreit (informatique « objet » contre informatique « outil » pour le dire vite) tout en se demandant pourquoi une telle véhémence pour deux démarches complémentaires ! Ce qui fut d'ailleurs remarqué par J. Tebeka dans son intervention.

   Mais le plus important fut l'annonce faite par Jacques Treffel  : « ... Nous continuerons dans la voie qui a été ouverte depuis 1970, par l'utilisation de l'informatique comme outil pédagogique dans les disciplines ; mais en même temps, à partir de la rentrée 1981-82, nous allons faire un certain nombre d'expériences dans les lycées sous la forme d'enseignement optionnel, et peut-être dans les collèges, en ce qui concerne l'enseignement de l'informatique. Nous ouvrons 10 ou 15 expériences pour essayer d'y voir clair. » (page 32 des Actes du colloque).

   Intervenant ensuite, le Ministre de l'Industrie a déclaré que : « À côté du développement des outils informatiques d'enseignement, il importe de considérer l'informatique comme un objet d'éducation elle-même. C'est une véritable "éducation informatique" que nous devons mettre sur pied. Celle-ci doit à la fois diffuser un savoir-faire et ouvrir l'accès à un nouveau savoir. »

   De plus en plus de membres de l'EPI étaient fondés à penser que la complémentarité des approches avait gagné les esprits et allait finir par s'imposer !

   Au second trimestre 1981-1982, sont effectivement mises en place par des universitaires des formations d'enseignants spécifiques dans 5 académies (Grenoble, Nancy, Paris, Rennes et Toulouse) et un programme expérimental est préparé par Jacques Arsac [19].

 
C - Une option informatique expérimentale en classe de seconde

   Mai 1981, élection de François Mitterrand à la Présidence de la République et changement de Gouvernement. La pression du SGEN-CFDT sur le Ministre de l'Éducation nationale, entraîne un « gel » des opérations informatiques, gel de courte durée grâce à l'intervention de l'EPI, soutenue par le FEN et le SNES, auprès d'Alain Savary. Une mission d'étude est confiée par le Ministre à Claude Pair et Yves Le Corre. Leur rapport maintient notamment l'opération enseignement de l'informatique par une « expérimentation limitée » dès la rentrée 1981 [20]. Ainsi on peut lire en annexe :

Annexe A 3

Introduction expérimentale de la science informatique dans l'enseignement secondaire

L'informatique est une science qui apparaît de plus en plus autonome.

Elle introduit un mode de pensée particulier, la démarche algorithmique. Elle peut donc apporter une dimension nouvelle à la formation de l'esprit. Il est d'autre part souhaitable de permettre aux élèves de connaître et de comprendre l'informatique afin d'en maîtriser les conséquences sur leur activité personnelle et professionnelle.

Ces considérations peuvent conduire à introduire l'informatique comme une nouvelle discipline dans le cadre de la scolarité. Comme cependant l'opportunité d'une telle introduction dans l'enseignement du second degré général est controversée, et que ses modalités sont loin d'être claires, il a été décidé d'opérer une expérimentation limitée dès la rentrée de 1981.

Une option expérimentale est donc mise en place dans les classes de seconde de 12 lycées dans les académies de Grenoble, Nancy, Rennes, Toulouse, Paris, Créteil et Versailles. L'enseignement y est assuré par une équipe pluridisciplinaire de professeurs qui s'y sont préparés durant l'année 1981. Il est suivi par un universitaire. L'expérience sera observée et orientée par un comité scientifique national.

L'enseignement ne prépare pas à l'exercice d'une profession, c'est un enseignement de type général.

Le cours sera l'occasion d'établir des liens nombreux et naturels avec les autres disciplines enseignées, tant par l'utilisation des connaissances acquises par les élèves dans ces disciplines que par le choix des exemples et des réalisations. Il contribuera par-là à souligner la portée de la démarche informatique. Enfin, l'informatique étant une discipline vivante en prise directe sur l'activité humaine, on recherchera en permanence à marier acquisitions théoriques et approche pratique des problèmes.

Annexe 9

Les professeurs assurant l'enseignement bénéficieront d'une décharge de 2 heures 30 hebdomadaires pour assurer la coordination et l'évaluation, en liaison avec l'enseignement supérieur.
 

   Par la note d'information du 23/07/1981, le bureau de presse du MEN annonce la création d'une option informatique expérimentale en classe de seconde [21] :

L'informatique dans les établissements scolaires

Le 3 juillet dernier, Monsieur Alain Savary, Ministre de l'Éducation Nationale, a confié une mission d'étude à MM. Claude Pair et Yves Le Corre. Cette mission comportait trois éléments :
- l'examen des mesures à prendre à la prochaine rentrée,
- le bilan de l'action entreprise dans les dernières années,
- des propositions pour la poursuite de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement.

C'est le premier point de cette mission qui est présenté aujourd'hui.
...

Ce travail préliminaire, objet d'un large consensus, a permis de dégager quelques grands principes :
. organisation d'une concertation permanente sur les problèmes touchant à l'informatique scolaire,
. priorité à donner à la formation des enseignants,
. caractère essentiel de la recherche, nécessité d'un large appel à l'enseignement supérieur,
. utilisation de l'informatique pour les enfants en difficulté scolaire, valorisation des expériences menées depuis une dizaine d'années

- Dans un premier temps et dès la rentrée scolaire 1981, 200 enseignants répartis dans 10 centres recevront une formation d'un an. (...) Les formations seront assurées, dés la rentrée universitaire, dans des établissements d'enseignement supérieur répartis sur l'ensemble du territoire.

- Le marché 1981 portant sur 1250 micro-ordinateurs et 300 imprimantes est approuvé. Chaque centre de formation approfondie sera équipé. Le choix des établissements scolaires à équiper sera effectué par les directions du ministère en liaison avec les recteurs.
...

L'option informatique en classe de seconde sera mise en place à titre expérimental dans 10 à 12 lycées afin d'étudier l'apport de l'informatique à la formation générale des élèves. Les établissements seront choisis selon les critères suivants :
. présence d'une équipe pluridisciplinaire de professeurs ayant suivi une formation complémentaire en 1981 à Grenoble, Nancy, Paris, Rennes, Toulouse,
. possibilité d'un suivi de l'expérience et complément de formation approfondie qui doit également contribuer à former de nouveaux professeurs.
...

- Des instances de concertation pédagogique concernant tous les problèmes de l'informatique scolaire seront mises en place au cours de l'année 81-82 au niveau académique et national.

La mission se poursuit jusqu'au mois de septembre pour définir un plan à plus long terme. Parmi les sujets de réflexion à approfondir figurent notamment : les modalités de la formation initiale et continue des enseignants à l'informatique, la production de logiciels, les problèmes posés par l'emploi de la télématique dans l'enseignement, et la recherche pédagogique en ces domaines.
 

   Le programme, proposé par Jacques Arsac, est publié avec les commentaires dans le Bulletin EPI n° 23, sous le titre « Éléments pour un débat » [22]. Le Bureau national de l'association demande, au Directeur des lycées, l'ouverture d'une véritable concertation.

ÉLÉMENTS POUR UN DÉBAT...
À propos de l'option informatique en 2de

Bien que l'EPI n'ait pas participé (malgré sa demande du 4-5-81 au Directeur des Lycées) aux travaux préparatoires concernant l'expérimentation de l'option informatique, nous publions ce texte, diffusé par la DL, et le soumettons à votre réflexion critique en vue de la prochaine Assemblée Générale le 24 octobre au Lycée Henri IV.

Direction des Lycées

La généralité et l'adaptabilité de l'outil informatique permettent aujourd'hui son introduction dans des domaines aussi variés que nombreux. Ainsi, il est peu de métiers dans lesquels l'homme ne sera pas demain conduit à utiliser des machines informatiques.

Ce mouvement crée pour le Ministère de l'Éducation plusieurs obligations :
- permettre à tous les élèves de connaître et comprendre l'informatique afin d'en maîtriser les conséquences sur leur activité professionnelle et personnelle...
- utiliser les moyens fournis par l'informatique pour améliorer l'efficacité de l'enseignement. C'est le but de l'opération de développement de l'outil pédagogique dans les lycées (« 10 000 micro-ordinateurs »)
- former des spécialistes informaticiens et des spécialistes des professions concernées, compétents en informatique. C'est le but de la rénovation et du développement des formations professionnelles correspondantes.

Un double objectif sera recherché au travers de cet enseignement :
- acquisition de connaissances de base sur les concepts, méthodes et outils de l'informatique,
- vision générale des domaines d'application de l'informatique et des conséquences de l'informatisation.

Cet enseignement n'est donc pas à considérer comme préparant à l'exercice d'une profession déterminée. C'est un enseignement de type général qui doit permettre aux élèves de préparer leurs choix en connaissance de cause et de pratiquer ultérieurement le dialogue avec les professionnels de l'informatique.

Cet enseignement doit concourir à promouvoir l'informatique dans toutes ses dimensions. Le cours sera l'occasion d'établir des liens nombreux et naturels avec les autres disciplines enseignées (tant par l'utilisation des connaissances acquises par les élèves dans ces disciplines, que par le choix des exemples et des réalisations). Il contribuera par là à souligner la portée de la démarche informatique.

Enfin, l'informatique étant une discipline vivante en prise directe sur l'activité humaine, on recherchera en permanence à marier acquisitions théoriques et approche pratique des problèmes.

OPTION INFORMATIQUE
Programme de la classe de seconde

(pour le texte complet voir [22])

Ce programme comporte des notions relevant de 3 aspects de l'informatique dont l'ordre de présentation est laissé à l'appréciation du professeur. 11 n'est pas limitatif, mais fixe plutôt les points qui doivent être présentés dès la seconde.

1 - Généralités

2 - Méthodes informatiques

3 - Application de l'informatique

COMMENTAIRES
(pour le texte complet voir [22])

Ce programme répond à deux objectifs majeurs fixés par le Ministère de l'Éducation :
- donner au futur citoyen une connaissance suffisante de l'informatique pour qu'il ne soit pas asservi à une technique nouvelle mais puisse en cas de besoin y faire appel et discuter avec des spécialistes.
- développer chez les élèves des facultés d'analyse et de raisonnement.

L'enseignement se gardera d'être théorique ou doctrinal. Les généralités ne seront pas nécessairement présentées de façon séparée en début d'année. (...) La part de ces généralités ne devrait pas excéder 10 à 15 % de l'enseignement total.

La programmation sera enseignée par l'exemple. Le professeur devra s'efforcer de développer chez les élèves de bonnes habitudes de travail. Il fera en sorte qu'ils n'utilisent l'ordinateur qu'après une préparation sérieuse du programme, aboutissant à une rédaction qui devrait être correcte du premier coup. (...) La méthode dite de « programmation descendante » sera d'une grande utilité pour construire des programmes clairs et structurés, où les difficultés sont traitées une par une, et sans que le besoin d'un organigramme se fasse sentir.

Les séances de travaux pratiques sur ordinateur seront précédées de séances de travaux dirigés où les élèves conduiront leur propre analyse du problème et la recherche d'une méthode de résolution, ainsi qu'une première approche du programme aboutissant à un plan détaillé de celui-ci. Ce travail doit être fait en classe dédoublée. Chaque binôme pourra alors rédiger son propre programme, puis l'essayer sur ordinateur dans une autre séance de travaux pratiques organisés de telle sorte qu'il n'y ait pas plus de 2 élèves par poste de travail.
...

   Suit une longue liste de conseils et de recommandations qui se concluent sur :

L'option devra conduire à une épreuve au baccalauréat, on demandera dès la seconde la rédaction de documents présentant l'analyse des problèmes et la préparation des programmes. Ce peut être l'objet de devoirs ou de cahiers de travaux pratiques.

Commentaire du Bureau EPI : le contenu de ce texte nous conduit à réitérer notre demande de concertation.
 

• Claude Pair, Directeur des Lycées, met en place un Conseil Scientifique National (CSN) composé de : M. Danzin, Président de l'AFCET. M. Lucas, Professeur à l'Université de Nantes. M. Germain Odermatt, IGEN. M. Septours, alors directeur de l'INRP. J. Baudé, Secrétaire général de l'EPI [23].

• Réuni, le 10 mars 1982 à la Direction des Lycées, le CSN décide de demander à M. Pair, Directeur des Lycées, de bien vouloir annoncer le plus tôt possible la poursuite de l'expérience en première et terminale même si les modalités exactes ne sont pas encore arrêtées. Le comité continue ses consultations. Il rencontre le 21 avril, M. Jacques Arsac et les collègues des établissements de la région parisienne [23].

 
D - L'option expérimentale en classe de première à la rentrée 1982

   Conformément aux propositions du CSN, l'expérience se poursuit en première dans les 12 lycées (l'option étant toujours proposée aux élèves de seconde). L'EPI publie dans son Bulletin n° 27, une mise au point et les programmes et commentaires pour les classes de première et de terminale [24] :

Le Comité Scientifique national est maintenu dans son rôle de suivi et d'évaluation de l'expérience d'introduction de l'enseignement optionnel de l'informatique dans l'enseignement secondaire général.

Conformément aux propositions de ce comité :

- l'expérience se poursuit en Première et Terminale dans les 12 lycées (l'option étant toujours ouverte en seconde).

- il a été recommandé aux chefs d'établissements :
. de ne pas ouvrir de nouvelles classes de seconde en plus de celles existant déjà,
. d'ouvrir autant de classes de première qu'il y a de classes de seconde existantes,
. de veiller à éviter tout phénomène d'élitisme dans la sélection des élèves de seconde,
. d'admettre les élèves à suivre le cours en première, à la seule condition qu'ils aient suivi celui de seconde.

- il a été demandé aux Recteurs, pour permettre d'assurer le suivi de cette expérience, de faciliter le dégagement d'une journée par semaine, pour les enseignants de cette option et de faciliter leurs regroupements académiques et interacadémiques.

Le volume horaire pour la classe de première est de 1 heure de cours et 1 heure 30 de travaux pratiques (classe dédoublée).

Les professeurs assurant cette option disposent de 2,5 heures-année (quel que soit le nombre de niveaux assurés) pour leur formation, pour la concertation et pour l'évaluation...

OPTION INFORMATIQUE
Programmes des classes de première et terminale

Les objectifs de l'enseignement de l'informatique ont été rappelés dans le programme de la classe de seconde :
- permettre aux élèves de lire un texte pour en dégager une formulation précise du problème à résoudre, en trouver une méthode de résolution, la rédiger dans un langage de programmation et la faire exécuter par un ordinateur
- savoir ce qu'est l'informatique, quelles sont ses possibilités, ses limites, ses grandes applications, ses implications socio-économiques.

Plus qu'un programme, le texte qui suit précise en ensemble de thèmes et de concepts qui devraient être envisagés en première et terminale, de manière à atteindre ces objectifs.

L'ordre adopté n'est en rien une indication sur l'ordre qu'adoptera le professeur dans la conduite de son enseignement. En fait, ces notions se dégageront plus ou moins simultanément de la résolution des problèmes. En particulier, il y a tout intérêt à lier l'étude des applications de l'informatique avec les exemples traités comme exercices de programmation et comme projets.

 
CLASSE DE PREMIÈRE
(pour le texte complet voir [24])

1. Matériel

2. Outils et méthodes de construction de programmes
. Structures de contrôle
. Méthodes de programmation

3. L'informatique et ses applications
. Présentation de quelques domaines d'application de l'informatique
. Notions sur les bases de données.

4. Projets
Réalisation d'un ou deux programmes de plus grande importance : spécification des différentes parties, travail en équipe, élaboration de la documentation, intégration des différentes parties.

 
CLASSE DE TERMINALE
(pour le texte complet voir [24])

1. Matériel

2. Outils et méthodes de construction de programmes
. Fonctions et procédures récursives
. Exemples de structures de données plus complexes
. Compléments sur les méthodes de programmation

3. L'informatique et ses applications
. Panorama des principaux langages de programmation utilisés en mettant en évidence leurs points communs
. Notions de télématique, réseaux d'ordinateurs, bases de données distribuées . Notions sur l'intelligence artificielle, les programmes de jeux et la génération d'arbres d'essais, les retours en arrière
. Implications socio-économiques de l'informatique

4. Projets
Réalisation d'un projet d'une certaine importance en insistant sur les points précisés dans le programme de première.

COMMENTAIRES
(pour le texte complet voir [24])

a) Le programme donné ici indique les points importants qu'il convient de présenter aux élèves. L'enseignement optionnel de l'informatique vise en effet deux buts :
- former l'esprit des élèves...
- donner aux élèves une vue réaliste de l'informatique, afin qu'ils soient prêts à agir dans un monde informatisé...

b) Comme il l'est rappelé dans l'introduction, l'ordre de description n'impose pas l'ordre de présentation du cours. Ainsi il conviendra de lier le plus possible la présentation des outils linguistiques (structures de données et structure de contrôle) à celle des méthodes de programmation (...) Mais surtout on prendra soin de motiver les différents thèmes abordés ; ainsi, par exemple, l'introduction de nouveaux outils algorithmiques se fera à partir de problèmes concrets.

c) Toutefois, tous ces enseignements sont donnés pour la première fois, sans aucune aide, ni manuels, ni recueils d'exercices, ni aucune indication permettant d'apprécier le niveau atteint par les élèves. On se gardera donc de positions trop tranchées et l'on adaptera l'enseignement à ce que l'expérience révèle possible.
...

d) La présentation d'applications de l'informatique peut revêtir des formes très variées : cours par le professeur, exposé par un groupe d'élèves, films, visites, venue de conférenciers extérieurs... Il est tout à fait souhaitable qu'elle soit l'occasion de travaux pluridisciplinaires avec d'autres professeurs. Elle doit être liée aux autres thèmes de l'option et, par exemple, servir de point de départ de projets ou apparaître comme un élargissement d'un sujet ayant donné lieu à la réalisation d'un programme par les élèves.

e) Ce souci constant de motiver la technique informatique par les problèmes qu'elle doit résoudre s'exprime de manière privilégiée dans le choix des sujets de projets et leur réalisation. Il faudra bien prendre garde à rester dans des tailles réalisables sans pour autant n'aborder que des « problèmes jouets ». La réalisation d'un projet doit permettre de faire sentir 1a nécessité d'une démarche méthodique
...

L'épreuve de baccalauréat n'est pas encore fixée, mais on peut s'attendre à ce qu'elle consiste en une interrogation orale sur un dossier de projet préparé pendant l'année, ou à partir de ce dossier. Il faudra donc habituer les élèves non seulement à conduire des projets un peu importants, mais encore à en rédiger une bonne documentation. On insistera sur la lisibilité des programmes. [24]
 

• Le premier rapport du CSN est remis au Directeur des lycées le 15 février 1983. L'EPI le publie, ainsi qu'une note du Directeur des lycées aux Recteurs précisant notamment le cahier des charges pour l'ouverture d'une option informatique [25] :

Rapport du Conseil Scientifique National
(pour le texte complet voir [25])

Introduction

Le présent rapport a pour objectif de présenter quelques propositions concernant la continuation de l'expérience l'année prochaine. Il ne traite que d'aspects à relativement court terme, demandant une prise de décision rapide. Les aspects concernant les objectifs à plus long terme seront présentés dans un second rapport dont la publication est envisagée au mois de mai 1983.

Pour établir ces deux rapports, le Comité a travaillé selon deux axes :
- contacts sur le terrain, afin d'assurer un suivi et une évaluation directs. Les 12 lycées engagés dans l'expérience ont reçu ou vont recevoir la visite d'au moins un membre du Comité
- contacts avec les personnalités diverses susceptibles d'apporter des éléments de réflexion au Comité. C'est ainsi que le Comité a rencontré M. Nivat et des représentants de la Commission qu'il préside, et J. Hebenstreit. Il doit rencontrer les membres de l'ADI.

1 - Orientation générale de l'expérience

Dans l'état actuel de ses réflexions, le Comité considère que deux orientations seront possibles lors d'une éventuelle généralisation de l'enseignement de l'informatique :

A - soit considérer que l'informatique est une discipline à part entière, comme les autres disciplines enseignées à l'heure actuelle...

B - soit considérer que l'informatique dans les lycées est un outil interdisciplinaire (utilisé par toutes les disciplines), et que l'on vise plus à enseigner le bon usage de cet outil que les règles de construction de cet outil.

Le Comité constate qu'à l'heure actuelle, seule la première approche est pratiquée dans le cadre de l'expérience. (...) Nous proposons donc de mettre en place l'année prochaine des classes dont la structure permettrait d'essayer l'approche B, par immersion des élèves dans une utilisation courante des moyens informatiques en plus des cours d'informatique proprement dits.

2 - Extension du nombre de lycées expérimentaux

Nous reprenons ici une grande partie des réflexions proposées l'année dernière par le Comité, en les complétant par des propositions sur :
- la création de classes permettant de mettre en oeuvre une pratique plus généralisée de l'informatique,
- la nécessité par les établissements d'établir de véritables « contrats » sur 3 ans.
...

Le choix de ces lycées devrait se faire avec la participation du Comité National Scientifique, après un appel d'offres auprès des Lycées.

En ce qui concerne les lycées déjà engagés dans l'expérience :
. ne pas laisser s'ouvrir de nouvelles classes de seconde en plus de celles existant déjà ;
. favoriser la création de classes de secondes ouvertes à une pratique généralisée de l'informatique ;
. ouvrir autant de classes de première et de terminale qu'il s'avère nécessaire.

3 - Programme actuel de première et terminale

Le Comité souhaite ne pas porter de jugement sur ces programmes tant qu'ils n'auront pas été enseignés au moins une fois dans leur totalité. Cependant, nous souhaitons que les enseignants puissent tenir compte des remarques suivantes :

- si le programme de seconde nous parait devoir être enseigné dans sa totalité (et sans dépasser ce qui est indiqué), nous souhaitons que les enseignants en informatique se sentent plus libres en ce qui concerne les programmes de première et de terminale...

- il ne faut pas oublier que l'appel à des intervenants extérieurs devrait être favorisé. C'est ainsi que certaines parties du cours pourraient être prises en charge par des professionnels, des enseignants ou des particuliers autres que les professeurs de l'établissement. Cette formule permettra ainsi de présenter certains aspects pour lesquels l'enseignant ne se sent pas suffisamment armé.

- en ce qui concerne la terminale, nous souhaitons que l'accent soit mis sur le projet. Ceci nous conduit à proposer que les cours faits à ce niveau soient plus informationnels, et que les séances de travaux dirigés et pratiques soient consacrées à l'analyse et la réalisation de projets plutôt qu'à des exercices portant directement sur le cours (dans la mesure du possible bien entendu).

4 - Épreuve du baccalauréat

Cette épreuve pourrait prendre la forme d'une interrogation orale portant sur :
- le projet réalisé pendant l'année...
- le programme informatique enseigné...

Cette deuxième partie de l'interrogation est en particulier destinée à vérifier les connaissances des élèves présentant l'épreuve sans être passés par l'enseignement optionnel (cas d'élèves membres d'un club informatique). L'importance de cette partie, et donc son influence sur la note finale, devra être déterminée et modulée par l'interrogateur.

Par ailleurs, nous pensons qu'ainsi les élèves seront motivés par les cours dispensés en parallèle aux projets.
...

5 - Formation des enseignants

Il s'agit ici des enseignants impliqués dans l'expérience, ou qui le seront à la rentrée prochaine.

Le Comité perçoit un besoin très vif dans deux domaines :
- concertation entre les enseignants impliqués dans l'expérience...
- formation complémentaire sur certains aspects du programme...

Nous proposons d'organiser en mai ou juin 1983, une rencontre de quatre jours pour tous les enseignants impliqués dans l'expérience avec comme ordre du jour :
- bilan de l'expérience,
- perspectives,
- formation.
...

En ce qui concerne la formation lourde, nous souhaitons attirer l'attention sur deux points :
- certains enseignants des lycées concernés par l'expérience effectuent cette année un stage de formation lourde. Il faudrait veiller avec beaucoup d'attention à leur affectation à la rentrée...
- il faudrait encore favoriser cette année la sélection pour les stages de formation lourde, de collègues appartenant à des lycées engagés dans l'expérience, afin de prévoir un nombre d'enseignants formés suffisant pour les quelques années d'expérimentation.

6 - matériel

Dans la plupart des lycées participant à l'expérience, nous avons constaté une quasi-saturation du matériel disponible, sinon dés cette année, en tout cas certainement l'année prochaine (...) Nous recommandons vivement de prendre ce problème en considération et d'envisager de doter les lycées expérimentaux en faisant la demande d'un complément de matériel.

7 - Problèmes administratifs

Le problème des décharges revient constamment, tant au niveau des enseignants, que des chefs d'établissement...

NDLR EPI : à propos des heures de décharge, le rapport de mai 1982 disait :
- il est indispensable, surtout en cette période de démarrage de l'expérience, que les décharges soient effectives,
- 2h 30 de décharge sont un minimum vital, surtout si l'on veut que les enseignants non seulement préparent correctement leur travail, mais en plus participent à des séances de travail collectif (suivi) et rédigent des documents pédagogiques.
Nous proposons deux formules :
- soit accorder 2h 30 de décharge pour chaque classe de niveau différent,
- soit 4 heures de décharge, la 1re année d'enseignement d'un niveau.

Liste des membres du Comité scientifique :
Jacques Baudé, Professeur au Lycée Pierre Corneille, La Celle St Cloud (Secrétaire général de l'EPI)
M. Bergman, Professeur à l'Université de Marseille
J.-C. Boussard, Professeur à l'Université de Nice
A. Danzin, Conseiller spécial auprès de la CEE
Mme Monique Grandbastien, Maître-assistante à l'Université de Nancy I
Michel Lucas, Professeur à l'Université de Nantes
Pierre Muller, Professeur, représentant du Directeur de l'INRP
G. Odermatt, Inspecteur Général de l'Éducation nationale
Mme Jeanine Rogalski, Représentant le Doyen de l'Inspection Générale Chargée de recherche au CNRS, EHESS

 
Extraits de la note de M. de Directeur des Lycées aux Recteurs
(pour le texte complet voir [25])

L'introduction de l'informatique dans les lycées et les LEP vise trois objectifs :
- intégrer la dimension informatique à la formation générale de tous les élèves,
- mettre à la disposition des enseignants et de leurs élèves un outil pédagogique efficace, notamment dans la lutte contre l'échec scolaire,
- rénover la formation professionnelle.

2.2.1. Professeurs en stage de formation approfondie
- pour les critères de leur recrutement, voir la note INF/DG/319 du 30 mars 1982, paragraphe 1.1.1.
- leur remplacement est à prévoir dans le cadre de la dotation globale dont l'académie disposera pour l'année 1983-1984.

J'insiste sur l'importance de ce recrutement qui est une garantie pour les années à venir du développement des opérations en cours : formation des enseignants et des élèves, extension de l'enseignement optionnel de l'informatique, production de logiciels expérimentations et animations diverses.

Il serait donc souhaitable que le nombre de professeurs de lycées de votre académie devant bénéficier de cette formation soit équivalent à celui qui vous avait été demandé pour 82-83.

4.1. Option informatique

Une option informatique est enseignée à titre expérimental depuis 1981/82 dans des classes de seconde et de première de douze lycées d'enseignement général répartis sur sept académies.

L'objectif est de fournir aux élèves les éléments d'une formation générale en informatique et non de former des spécialistes. Elle est suivie et évaluée par un Comité Scientifique National.

Cette expérience sera poursuivie en 1983-1984 dans les mêmes conditions pour les clases de terminale des douze lycées. Une épreuve spécifique ne sera pas organisée au Baccalauréat, mais une mention sera portée sur le livret scolaire des élèves concernés.

D'autre part, le Comité Scientifique National propose que, compte tenu de l'intérêt qu'elle suscite, des premiers résultats obtenus et du nombre d'enseignants compétents, elle puisse être à partir de la rentrée prochaine étendue à des classes de seconde de nouveaux lycées.
...

Conditions d'ouverture d'une Option Informatique : cahier des charges
(pour le texte complet voir [25])

– Équipement...

– Équipe enseignante...

– Service des enseignants...

Note EPI :
Au cours du troisième trimestre, l'équipe des professeurs des lycées retenus se réunira, au niveau académique avec les responsables du suivi : ces journées de travail auront pour objet de donner à ces professeurs un complément d'information et de formation (surtout de nature pédagogique) indispensable à leur future tâche.
Le retard pris et l'absence de moyens spécifique risque fort de réduire considérablement la portée de l'appel lancé dans les établissements.

 
E - L'option expérimentale en Terminale à la rentrée 1983

   Voir le programme en note [23]. L'expérimentation se poursuit aux trois niveaux : seconde, première, terminale.

• Dans les Bulletin EPI n° 29 de mars puis n° 31 de septembre1983, des enseignants de l'option décrivent la mise en place de l'OI dans leur lycée, les problèmes qu'elle a soulevés et les moyens utilisés pour les résoudre [26].

   Par exemple : « Compte rendu sur l'enseignement de l'option informatique au lycée Bergson à Paris »

Rappelons le but initial de l'expérience (pour le texte complet voir [26b])

« Permettre à tous les élèves de connaître et comprendre l'informatique afin d'en maîtriser les conséquences sur leur activité professionnelle et personnelle. » (extrait du préambule au programme de seconde).
L'expérience a démarré au début de l'année scolaire 81-82 dans 12 lycées dans chacun desquels l'option informatique a été proposée à une soixantaine d'élèves de classe de seconde.
Nous nous proposons de décrire la mise en place de l'expérience au lycée M. Bergson, les problèmes pédagogiques qu'elle a soulevés et les moyens qui ont été utilisés pour les affronter.

I - Voie suivie pour aborder l'informatique...

II - Méthode...
 

• Le compte-rendu de l'Assemblée générale de l'EPI 1983 montre que des inquiétudes subsistent notamment sur le problème clé de la formation des enseignants [27]. Est-il prudent d'envisager une généralisation de l'OI tant que l'on ne disposera pas d'enseignants formés en nombre suffisant ? La crainte de faire de l'informatique un moyen supplémentaire de sélection et celle de fragiliser l'informatique pédagogique sont bien présentes :

Compte rendu de l'AG EPI du 22 octobre 1983
(pour le texte complet voir [27])

L'option informatique est l'objet d'un débat fourni : doit-on la généraliser ? Qui doit l'enseigner ? Quelle formation pour ces maîtres ? La formation approfondie est-elle suffisante ? Certains pensent que l'informatique optionnelle n'est pas bien définie, que des formations complémentaires seraient utiles. Or l'Université a du mal à assurer les actuelles formations informatiques ; une formation solide suppose plusieurs années. Que serait un CAPES d'informatique ? La multivalence des enseignants n'est pas gage de leur compétence informatique...

J. Baudé (Comité scientifique de l'option) considère que le moment n'est pas encore venu de décider la généralisation ; le risque est grand de voir compromise l'utilisation pédagogique de l'outil pour l'enseignement ; c'est ce qui se produit dans certains établissements assurant l'option. É. Pélisset rappelle la position de l'EPI intéressée mais réservée...

Modifié par F. Rossi, le texte ci-dessous est alors adopté (unanimité moins trois abstentions).

L'Assemblée générale de l'EPI, réunie le 22 octobre 1983, affirme la nécessité de l'informatique pédagogique dans la formation initiale, si possible en liaison avec la formation continue (exemple : rapports entre les Centres de formation approfondie et les CPR).

Pour les différents types de formation (initiale et continue), les principes suivants ont été retenus :
- autonomie des enseignants face à l'outil ;
- maîtrise de l'outil et du contenu informatique. Le recours de l'informatique fait progresser les activités pluridisciplinaires.

De la même manière, l'EPI souhaite que soient de plus en plus associés les différents ordres d'enseignement dans les formations informatiques, les spécificités de ces ordres d'enseignement apparaissant dans des options complémentaires au tronc commun.

Il est donc souhaitable que les chefs de missions académiques à la formation des personnels utilisent globalement les moyens (postes, matériels...) fournis par les différentes directions pédagogiques. Même s'ils posent des problèmes, les centres de formation approfondie répondent actuellement aux besoins les plus urgents. Il serait souhaitable que ces centres évoluent en fonction de besoins actuels et futurs qui ne sont pas uniquement des besoins de formation de formateurs. Leur évolution passe par une redéfinition (au moins partielle) des objectifs, des contenus, des modalités de fonctionnement (en particulier, respect de l'équilibre des rapports entre enseignement de second degré et enseignement supérieur). L'EPI devrait participer à une telle redéfinition.

Il est souhaitable que la compétence acquise par la formation d'un an et les formations complémentaires soit reconnue, notamment pour l'enseignement de l'option informatique et cela quelle(s) que soi(en)t la ou (les) discipline(s) de base de l'enseignement concerné.


 

• Le Bulletin EPI n° 33 de mars 1984 fait le point et publie un texte d'orientation du CSN ainsi que la composition de ce dernier pour l'année 1983-1984 [28] :

Cet enseignement concerne depuis la rentrée 83, 38 établissements (environ 3 500 élèves) :
- 12 établissements « 1re vague » dans lesquels l'enseignement optionnel a été ouvert à la rentrée 81 et concerne donc des classes de seconde, première et terminale.
- 26 établissements « 2e vague » dont la candidature, répondant au cahier des chargés (voir Bulletin EPI n° 30 p. 51), a été retenue cette année par la Direction des Lycées.

Le Comité Scientifique National (CSN), dont la composition a quelque peu changé (voir annexe), poursuit son travail de réflexion et d'orientation.

Ses principales activités au cours du premier semestre ont consisté à :
- préciser l'esprit dans lequel s'effectue le travail du comité (voir texte d'orientation)
- définir ce que pourrait être une formation complémentaire pour les professeurs appelés à enseigner l'option,
- observer le terrain en portant plus spécialement l'attention à :
  . l'enseignement en terminale (12 premiers lycées).
  . des expériences d'ouverture de cet enseignement optionnel vers une ou plusieurs disciplines ou vers l'extérieur.
- prendre contact avec les missions verticales par disciplines.

L'EPI, qui est représentée dans le CSN par son Secrétaire général, souhaite le prolongement de l'expérience et son extension raisonnable, mais considère que le moment n'est pas encore venu de décider la généralisation (voir Bulletin n° 32, compte-rendu de l'assemblée générale).

________________

Comité scientifique national chargé du suivi et de l'évaluation
de l'expérience d'introduction de l'informatique
dans l'enseignement général du second degré

1983-1984

Texte d'orientation
(pour le texte complet voir [28])

À la demande du Directeur des Lycées, le CSN dont la nouvelle composition figure en annexe, poursuit son travail de réflexion et d'orientation sur l'Option Informatique au lycée.

En accord avec la Direction des Lycées, le CSN souhaite privilégier l'utilisation de l'informatique comme outil et « auxiliaire de pensée » dans toutes les disciplines.

Cette approche semble en effet la plus prometteuse pour que le futur citoyen s'approprie ce nouvel outil et en fasse un bon usage dans les secteurs d'activité qui le concerneront. C'est un objectif ambitieux dont la réalisation demandera beaucoup de temps, de travail et de moyens.

Mais l'informatique est aussi une science autonome qui peut contribuer à la formation générale des élèves par les connaissances spécifiques qu'elle apporte, par le développement de leurs facultés de raisonnement au cours des activités d'analyse et de programmation, par le champ très divers d'applications qu'elle offre, etc.
...

Le Comité souhaite que partout on s'engage résolument sur cette voie et insiste :

- sur la nécessité au niveau de chaque académie, de chaque centre de stage, de chaque établissement d'expliquer clairement ces objectifs ; ce devrait être un des rôles des formateurs qui se rendent dans les établissements, des différents responsables de formation et des enseignants de l'option là où elle existe,

- sur les conséquences qui en découlent pour les activités et projets des enseignants actuellement en formation continue après un apport nécessaire de connaissances de base, privilégier l'étude des applications de l'informatique dans la discipline d'origine et profiter de la présence de professeurs de disciplines différentes dans un stage pour préparer des projets interdisciplinaires à soumettre aux élèves dans le cadre de l'option,

- sur l'urgence qu'il y a à introduire l'informatique dans tous les cursus de formation initiale d'enseignants et à effectuer les recherches nécessaires à l'évolution des contenus et de la didactique de chaque discipline pour une bonne utilisation de ces nouveaux modes de pensée et outils technologiques.

Ces premières recommandations veulent simplement préciser comment s'oriente le travail après le document de juillet 83, elles seront évidemment complétées et affinées par la réflexion et surtout l'observation de ce que chacun aura su créer à son niveau cette année.

Annexe : composition du Comité Scientifique National - Année 1983-1984

. Jacques Baudé, Secrétaire Général EPI
. Gérard Comyn, IUT - Villeneuve d'Ascq
. Jean François Dufourd, IUT - Strasbourg
. Philippe Facon, IIE - CNAM - Paris
. Monique Grandbastien, Présidente du Comité, CRIN - Nancy
. Pierre Muller, INRP
. Germain Odermatt, IGEN
. Janine Rogalski, CNRS

 

• Une extension de l'expérience est envisagée pour 1984-1985. Un cahier des charges élaborée par le CSN, très semblable à celui de l'année précédente (voir Bulletin EPI n° 30, page 51) sera envoyé, le 6 mars 1984, par la Direction des lycées sous couvert des Recteurs, aux chefs de mission à la formation continue des personnels et aux IPR chargés de l'informatique aux Rectorats. Le choix des établissements se fera au niveau académique.

   Une formation complémentaire devra être intégrée au plan académique de formation pour les enseignants de l'option (comme le précise le cahier des charges, ces enseignants doivent avoir suivi un stage « lourd » ou une formation de niveau équivalent ; les professeurs ayant une expérience de formateur étant particulièrement qualifiés). Une préférence sera accordée aux établissements présentant des projets d'utilisation de l'informatique en liaison avec les différentes disciplines [29].

   La Direction des lycées s'engagerait à fournir des moyens pour assurer la coordination académique de l'expérience les autres moyens étant à la charge de l'académie.

· Rappel de la situation actuelle [29]

Cette option créée à titre expérimental dans douze lycées il y a trois ans concerne actuellement 38 établissements et 114 professeurs. Dans chaque académie où cette option existe, un universitaire est chargé du suivi et organise les compléments de formation nécessaires. Dans leur grande majorité, ces enseignants ont bénéficié pendant une année d'un stage de formation à l'informatique dans un centre universitaire. L'expérience des deux années écoulées montre qu'un complément de formation leur est nécessaire pour remplir les missions assignées à l'option ; les lignes qui suivent résument en termes de savoir-faire pédagogique l'essentiel de ce qui est demandé à ces professeurs ; elles veulent permettre d'en déduire les compléments de formation à organiser pour eux. L'hypothèse est qu'ils ont une sérieuse formation informatique de base (stage d'un an, licence d'informatique ou équivalent).

· Ce que l'on attend du professeur qui enseigne l'option informatique [29]

. la maîtrise des méthodes permettant d'analyser de façon systématique n'importe quel problème simple..
. la connaissance de quelques bases de didactique des constructions d'algorithmes et de programmes...
. une familiarité suffisante avec des applications diverses de l'informatique pour introduire ces applications à l'occasion d'un exercice ou d'un projet ou pour choisir des thèmes de travaux avec cet objectif...
. la pratique de la conduite de projets, avec la détermination d'un niveau de difficulté d'un projet proposé par un élève ou un collègue, la définition de phases d'avancement des travaux...
. la faculté de répondre à des questions variées ou d'aller rechercher de la documentation sur les matériels, logiciels, réseaux...

Cette seule énumération montre bien la difficulté de la tâche et devrait prouver si c'est encore nécessaire qu'on ne peut confier cet enseignement à des personnes ayant bénéficié d'une simple « initiation » à l'informatique. Si on se réfère aux niveaux de formation décrits dans le rapport Nivat, trois cents heures paraissent représenter le minimum nécessaire. Des situations transitoires peuvent évidemment exister, mais elles doivent s'accompagner des mesures destinées à les faire disparaître.

· Suggestions pour les contenus et l'organisation des compléments de formation [29]

Les contenus vont évidemment varier suivant l'expérience antérieure des candidats ; il faut à ce sujet prendre en compte deux catégories particulières de professeurs :
. ceux qui ont fait un stage d'un an il y a longtemps (10 ans et plus parfois)... ;
. ceux qui ont reçu une formation universitaire de second cycle en informatique...
...

 

• Le Bulletin EPI n° 35 publie de larges extraits du rapport du CSN remis le 13 juillet 1984 au Directeur des lycées [30] :

Extraits du rapport remis le 13.7.1984 à Monsieur Claude Pair, directeur des lycées, par le Comite Scientifique National (Option Informatique)
(pour le texte complet voir [30])

Ce rapport se situe dans la continuité des précédents dont la plupart des conclusions sont toujours d'actualité et, de ce fait, ne seront pas toutes reprises.

Il veut apporter un certain nombre d'observations, tantôt nouvelles parce qu'il y avait des situations nouvelles à observer, tantôt déjà formulées mais dont l'importance justifie un rappel.
...

Des actions à entreprendre rapidement ou à moyen terme sont suggérées.
...

Le CSN a essayé d'oeuvrer pour que cette réflexion urgente soit menée dans les commissions verticales...

- Observation du terrain expérimental :
   . Les terminales...
   . Au sujet des programme...
   . Reste le problème de la sanction de cet enseignement...
- Des pratiques pédagogiques à diffuser
- « Les informatiques » proposées aux élèves
- Vers la généralisation
- La formation des enseignants de l'option
- La formation de tous les enseignants
- La décentralisation
- Les informatiques
- La recherche
- Les problèmes matériels
- La validation de l'option

En conclusion, le développement et le succès de l'option informatique sont intimement liés à toute l'introduction de l'informatique dans l'enseignement et plus généralement à la transformation du système éducatif.

Ils reposent donc avant tout sur une formation initiale et continue de qualité pour tous les éducateurs, c'est un ouvrage immense qu'il faudra sans cesse remettre sur le métier. Ils supposent aussi la diffusion de logiciels, matériels et guides pédagogiques nouveaux et nombreux. Ils demandent enfin un patient effort d'explication.

Il ne suffit pas de proposer, il faut convaincre.

 

   Pour terminer cette première partie, parlons un peu des élèves. Nous en avons rencontré beaucoup et avons eu à connaître des comptes-rendus de pratiques enseignantes et d'enquêtes.

   La nouvelle option a rencontré un franc succès auprès des élèves et de leurs parents. L'informatique était dans l'air, il y avait encore très peu d'ordinateurs dans les familles et l'OI était l'occasion de les rencontrer. Malheureusement, le nombre d'enseignants compétents disponibles limita les enthousiasmes. Les chefs d'établissement doivent sélectionner les élèves sur dossier en ne retenant le plus souvent que les « bons élèves » voire ceux réussissant dans les matières scientifiques. Ainsi, une étude menée fin 1984, donc portant sur les élèves entrés dans l'option en 1981, fait apparaître que 2/3 d'entre eux sont en terminale C [31].

   On trouve là la cause essentielle de l'élitisme si souvent reproché à l'option. Mais le dérapage élitiste est en amont. Une formation sur plusieurs années augmentant le nombre d'enseignants eut permis de diminuer fortement cet élitisme. Le MEN a préféré supprimer l'OI, mais nous y reviendrons.

   Nous ne devons pas nous étonner non plus que ce soit les élèves les plus à l'aise qui s'accommodent d'une certaine surcharge de leur emploi du temps et des horaires parfois improbables de cet enseignement.

   Ceci dit, tous les élèves n'étaient pas des « forts en math » et beaucoup se sont révélés en informatique. Les programmes et les efforts pédagogiques des enseignants le permettaient.

   Ce qui intéressant et ressorts des entretiens que nous avons eus avec de nombreux élèves, est que, parmi les élèves qui avaient goûté à l'informatique dans un club (au collège, au lycée ou à l'extérieur), beaucoup sont agréablement surpris de trouver dans l'OI une démarche structurée et rigoureuse encadrée par des enseignants innovants. Et puis l'informatique « ce n'est pas les maths ! » comme ils semblaient le craindre en arrivant.

   Une autre idée qui ressort de ces entretiens est que l'OI plait car elle n'est pas obligatoire. Les élèves sont volontaires et souhaitent que cet enseignement reste optionnel. Très prosaïquement, la grande majorité appréciera de pouvoir engranger des points supplémentaires au baccalauréat.

   On reconnaît bien là le profil de beaucoup d'élèves du second cycle, intéressés par un travail structuré, bien encadré, libres de leurs choix, pragmatiques, préoccupés de leur avenir.

   L'informatique est ressentie confusément comme l'avenir. Peu pensent précisément à un métier (ils ont peu d'informations à ce sujet) mais tous pensent « qu'il vaut mieux s'y connaître ».

________________
 

   En 1984-1985, cet enseignement optionnel concerne 74 établissements.

   À la rentrée 1985, l'option informatique est généralisée.

   À suivre...
Deuxième partie : Le développement de l'option. Vers une généralisation
.
Troisième partie : Suppression, rétablissement et nouvelle suppression de l'option. Une politique en dents de scie

Octobre 2010

Jacques Baudé
Président d'honneur de l'EPI

Cet article est sous licence Creative Commons (selon la juridiction française = Paternité - Pas de Modification).
http://fr.creativecommons.org/contrats.htm

Références bibliographiques

[1] Émilien Pélisset, « Pour une histoire de l'informatique dans l'enseignement français - Premiers jalons », Système éducatif et révolution informatique, Collection Recherches, Les cahiers de la FEN, 1985, 192 pages.
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h85ep.htm

[2] Quelques jalons pour un historique de l'informatique dans le système éducatif français. La rubrique « Historique » de l'EPI.
http://www.epi.asso.fr/revue/histosom.htm

[3] Enseignement de l'Informatique et des Technologies de l'Information et de la Communication. La rubrique du groupe « Enseignement de l'Informatique et des TIC » de l'EPI.
http://www.epi.asso.fr/revue/editic.htm

[4] Georges-Louis Baron (12/10/1987). La constitution de l'informatique comme discipline scolaire, le cas des lycées, Thèse de doctorat.
http://archive-edutice.ccsd.cnrs.fr/edutice-00000369

[5] Actes du Séminaire pour « l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire » organisé par l'OCDE au Centre International d'Études Pédagogiques de Sèvres, 9 au 14 mars 1970.
« Les conclusions du séminaire », pages 33 à 40.
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h70ocde.htm

[6] L'éducation et l'informatisation de la société, rapport remis par Jean-Claude Simon au Président de la République, La Documentation française, 1981.
http://www.epi.asso.fr/revue/histosom.htm#h80simon

[7] Jacques Arsac, « Informatique et enseignement général », annexe 1 de L'éducation et l'informatisation de la société, sous la direction de J.-C. Simon, La Documentation française, 1981, pages 152-165.
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h80simon-arsac.htm

[7b] Circulaire ministérielle n° 70-232, BOEN n° 22 du 28 mai 1970.

[8] Dix ans d'informatique dans l'enseignement secondaire, 1970-1980. Recherches pédagogiques n° 113, INRP, 4e trimestre 1981, 182 pages.
http://lara.inist.fr/bitstream/2332/1250/2/INRP_RP_81_113op.pdf
L'EPI en a présenté une synthèse dans son Bulletin n° 23 de septembre 1981, pages 68-85.
http://www.epi.asso.fr/revue/23/b23p068.htm

[9] À propos du concours AFCET « L'informatique à l'école ». Bulletin de l'EPI n° 22 de juin 1981, pages 59-65.
http://www.epi.asso.fr/revue/22/b22p059.htm

[10] L'informatique à l'école - Concours de programmes AFCET 1981, Supplément au Bulletin trimestriel de l'EPI, numéro spécial de juin 1982, 196 pages.

[11] Introduction de l'informatique dans l'enseignement secondaire, rapport effectué par MM. Quéniart et Yolin pour la Mission à l'Informatique du MEN
http://ensmp.net/pdf/1971/etude_queniart-yolin.pdf

[12] Éditorial du premier Bulletin de l'EPI, décembre 1971, page 1.
http://www.epi.asso.fr/revue/01/b01p001.htm

[13]  « Questionnaire à remplir par tous les adhérents EPI », Bulletin de l'EPI n° 11, 4e trimestre 1975, encart de 3 pages.
« Réponses au questionnaire paru dans le numéro 11 », Bulletin de l'EPI n° 14, 3e trimestre 1976, pages 13-16.
« Propositions de l'association EPI pour une généralisation de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement », Bulletin de l'EPI n° 14, 3e trimestre 1976, pages 17-20.
http://www.epi.asso.fr/revue/14/b14p017.htm

[14] Simon Nora et Alain Minc, L'informatisation de la société, juin 1978, La Documentation Française, Collection : Politique, 170 pages.

[15] Premier manifeste de l'association Enseignement Public et Informatique
« Pour étendre et diversifier l'introduction de l'informatique dans l'enseignement », Bulletin de l'EPI n° 18 de mars 1979, pages 55-59.
http://www.epi.asso.fr/revue/18/b18p055.htm

[16] Jacques Tebeka, La formation des spécialistes informaticiens ou la révolution informatique ne peut s'accomplir sans informaticiens, mars 1980, Paris, La Documentation Française.

[17] L'éducation et l'informatisation de la société, rapport de Jean-Claude Simon au Président de la République.
« Récapitulation des propositions »
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h80simon.htm

[18] Intervention de Monsieur Christian Beullac, Ministre de l'Éducation au colloque « Le mariage du siècle : éducation et informatique » le 25 novembre 1980, dans les Actes du colloque.
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h80beullac.htm

[19] « Régionale EPI de Nancy : compte-rendu de la réunion du 17 novembre », Bulletin de l'EPI n° 21 de mars 1981, pages 13-15.
http://www.epi.asso.fr/revue/21/b21p013.htm

[20] Claude Pair, Yves Le Corre, L'introduction de l'informatique dans l'Éducation nationale, rapport présenté à M. le Ministre le 15 octobre 1981, Paris, Ministère de l'Éducation nationale, service d'information.
· Texte intégral du rapport :
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h81_Pair-Le-Corre.htm
· Extrait sur la formation : les enseignants et l'informatique.
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h81pair.htm
· Une analyse détaillée de l'EPI, Bulletin de l'EPI n° 25 de mars 1982, pages 28-36.
http://www.epi.asso.fr/revue/25/b25p028.htm

[21] « L'informatique dans les établissements scolaires », note d'information du 23/07/81 du bureau de presse du Ministère de l'Éducation nationale. Bulletin de l'EPI n° 23 de septembre 1981, pages 30-32.
http://www.epi.asso.fr/revue/23/b23p030.htm

[22] « Éléments pour un débat. À propos de l'option informatique en Seconde » suivi de « Option informatique. Programme de la classe de seconde et commentaires », Bulletin de l'EPI n° 23 de septembre 1981, pages 35-41.
http://www.epi.asso.fr/revue/23/b23p035.htm

[23] « Informations générales. Option informatique en seconde », Bulletin de l'EPI n° 26 de juin 1982, page 4.
http://www.epi.asso.fr/revue/26/b26p004.htm

[24] « Option informatique. Programmes des classes de première et terminale », Bulletin de l'EPI n° 27 de septembre 1982, pages 58-64.
http://www.epi.asso.fr/revue/27/b27p058.htm

[25] « Option informatique : Rapport du CSN remis à M. C. Pair, Extraits de la note de la DL aux Recteurs, Conditions d'ouverture d'une Option Informatique », Bulletin de l'EPI n° 30 de juin 1983, pages 43-51.
http://www.epi.asso.fr/revue/30/b30p043.htm

[26] a) Stella Goxe, Jean-Pierre Valade, « L'option informatique au lycée St Sernin de Toulouse », Bulletin de l'EPI n° 29 de mars 1983, pages 84-86.
http://www.epi.asso.fr/revue/29/b29p084.htm
      b) Jean-Louis Frot, Francis Filippi, « Compte rendu sur l'enseignement de l'option informatique au lycée Bergson », Bulletin de l'EPI n° 31 de septembre 1983, pages 50-53.
http://www.epi.asso.fr/revue/31/b31p050.htm
De nombreux autres témoignages seront publiés dans les Bulletins suivant.

[27] « Assemblée Générale de l'EPI, le 22 octobre 1983 à l'INEP de Marly-le-Roi » (extrait concernant l'option informatique), Bulletin de l'EPI n° 32 de décembre 1983, pages 10-11.
http://www.epi.asso.fr/revue/32/b32p010.htm

[28] « Enseignement optionnel de l'informatique - Texte d'orientation du CSN », Bulletin de l'EPI n° 33 de mars 1984, pages 51-55.
http://www.epi.asso.fr/revue/33/b33p051.htm

[29] Comité Scientifique National, « Enseignement optionnel de l'informatique », note du 6 mars 1984 adressée par la Direction des Lycées, sous couvert des Recteurs, aux chefs de mission à la formation continue des personnels et aux IPR chargés de l'informatique, Bulletin de l'EPI n° 34 de juin 1984, pages 33-36.
http://www.epi.asso.fr/revue/34/b34p033.htm

[30] « Extraits du rapport remis le 13 septembre 1984 à M. Claude Pair par le Comité Scientifique National », Bulletin de l'EPI n° 35 de septembre 1984, pages 23-32.
http://www.epi.asso.fr/revue/35/b35p023.htm

[31] Georges-Louis Baron (01/09/1994). L'informatique et ses usagers dans l'éducation, p. 78.
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/00/18/63/PDF/hdr_baron.pdf

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Octobre 2010

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