Propositions de l'association Enseignement Public et Informatique
pour une généralisation de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement
 

   Nul ne peut ignorer l'informatique dans le monde moderne. Elle nous concerne tous comme travailleur, comme consommateurs, comme citoyens, et elle nous concerne d'autant plus qu'il s'agit d'un outil qui a des implications, non seulement dans le domaine matériel, mais aussi dans celui de la pensée et de la communication.

   Elle doit donc devenir un élément de la culture générale et intervenir dès l'enseignement des collèges pour que tous les élèves puissent en bénéficier.

I - Objectifs

   Certes, l'informatique est une discipline particulière qui nécessite une méthode de pensée et un certain nombre de connaissances précises. Mais elle est destinée avant tout à être appliquée à des sujets très variés et le problème le plus délicat consiste précisément dans la mise en contact de l'informatique et de ses domaines d'application.

   Il ne faut donc pas destiner cet enseignement aux seuls futurs spécialistes ; il ne faut pas non plus en faire une matière à part et l'isoler des autres disciplines. Au contraire il faut montrer comment l'informatique peut s'appliquer à chacune de celles-ci, en soulignant chaque fois qu'on le pourra qu'elle n'est pas la panacée qui permet de résoudre tous les problèmes : elle est aussi bien bénéfique lorsqu'elle permet de formaliser une démarche sans la dénaturer que nuisible lorsqu'elle oblige à couler la pensée dans un moule préétabli.

   On aboutira ainsi à une démystification de l'informatique en même temps qu'à une prise de conscience de la notion de modèle. C'est en intégrant cette réflexion dans l'enseignement des différentes disciplines qu'on atteindra le mieux ces résultats. Cependant, pour gagner du temps, il ne sera pas inutile de regrouper au préalable, les connaissances de base nécessaires à toutes les disciplines.

   Les expériences déjà entreprises nous montrent d'autre part l'attrait qu'une technique nouvelle exerce sur les élèves et il serait dommage de ne pas utiliser cette source de motivation.

   Enfin, auprès des professeurs qu'il regroupe, quelle que soit leur discipline, l'ordinateur apparaît comme un remarquable outil d'animation et d'évaluation permettant de mieux guider l'action pédagogique. Il serait souhaitable d'en exploiter encore les possibilités.

II - Les moyens

a) En personnel : pour atteindre cet objectif, il ne faut évidemment pas créer des professeurs d'informatique ni se contenter d'intégrer cette discipline dans l'enseignement des mathématiques. Il faut faire appel à des enseignants de toutes disciplines préalablement formés. L'enseignement de base lui-même devrait être donné par moitié par un littéraire et par un scientifique.

   Le système des décharges actuellement en vigueur présente des inconvénients (incertitude au début de chaque année, transformation trop fréquente en heures supplémentaires) ; on pourrait envisager la création de postes de professeurs qui seraient spécialistes à la fois d'informatique et de leur discipline d'origine. Le travail en informatique serait comptabilisé lui aussi en heures de service. Par exemple, Monsieur X, professeur certifié de Lettres, qui doit 18 h, pourra avoir 9 h de cours en Lettres, 6 h de cours en informatique pour l'initiation des élèves et 3 h pour la concertation pédagogique avec les collègues.

b) En matériel : sans préjuger de l'évolution des matériels dont les performances s'améliorent constamment et dont le coût a tendance à baisser, on peut juger satisfaisant un système en temps partagé semblable à celui qui est utilisé déjà dans une soixantaine de lycées, à condition de disposer de capacités de stockage nettement plus grandes et de moyens d'accès plus rapides.

c) En logiciel : un langage simple et permettant de traiter facilement données numériques et chaîne de caractères est nécessaire. Le LSE remplit ces conditions d'une manière à peu près satisfaisante et est encore susceptible d'amélioration, comme le montrent les nouvelles versions récemment réalisées. Il est d'autre part indispensable de s'en tenir à un seul langage afin de permettre la communication des expériences et de sauvegarder le travail réalisé, aussi bien en ce qui concerne la formation des professeurs que la bibliothèque de programmes.

III - La formation des enseignants

a) Les centres de formation. Dans l'enseignement supérieur, l'enseignement de l'informatique est généralement rattaché à celui des mathématiques et confié le plus souvent à des mathématiciens. Pour former les enseignante que nous souhaitons, il faut sortir de ce système et créer des centres pluridisciplinaires spécialisée, comprenant à la fois des enseignante du supérieur et des professeurs du secondaire détachée provisoirement (cf. chapitre sur la recherche pédagogique).

b) La formation initiale comprendrait des UV spécialisées au niveau de la licence et une initiation pédagogique au cours des stages de CAPES ou d'Agrégation afin de permettre à tous les enseignante l'utilisation de l'outil.

c) La formation approfondie aurait lieu sous forme de stage au niveau de la formation permanente. À la suite de ce stage on pourrait enseigner l'informatique selon la formule définie en II-a).

IV - La recherche pédagogique

   Malgré l'importance du travail déjà. réalisé, on ne saurait affirmer que la recherche pédagogique ait donné tous ses résultats. Au contraire pour envisager la généralisation de l'expérience et prévoir l'adaptation constante aux nouveaux matériels qui ne manqueront pas d'apparaître, il faut lui donner des moyens accrus et améliorer son organisation.

a) L'organisation de la recherche

   L'INRDP, grâce à ses antennes régionales, CRDP et CDPP, peut permettre à première vue de faire circuler l'information et d'animer la recherche au niveau national. Mais sa structure hiérarchisée est assez lourde et limite l'intervention des intéressés pour définir eux-mêmes leurs objectifs. D'autre part dans ce domaine où la formation permanente a une grande importance, il parait souhaitable que le recyclage des enseignants et la recherche pédagogique soient intimement liés. Ceci nous amène à proposer le regroupement de ces deux activités à l'intérieur des mêmes centres.

   L'organisation comprendrait un centre national coordonnant l'action des centres régionaux (en principe un par Académie) ; ces centres seraient en relation constante avec les lycées équipée de l'Académie.

b) Les moyens mis su service de la recherche

- En personnel : une équipe pluridisciplinaire aurait la responsabilité de chaque centre. L'équipe nationale comprendrait au moins un professeur de chaque discipline. La composition des équipes régionales dépendrait du nombre de professeurs formés ou à former dans l'Académie, mais elles comprendraient au moins un professeur d'une discipline littéraire et un professeur d'une discipline scientifique. Un personnel de secrétariat suffisant ainsi que des techniciens permettraient la diffusion des travaux réalisés.

- En matériel : un matériel comparable à celui des lycées équipés et utilisant le même langage serait mis à la disposition de chaque centre.

Publié dans le Bulletin de l'EPI n° 14 de septembre 1977, pages 17-20.

Ce projet de manifeste s'appuie sur les résultats de l'enquête lancée par l'EPI dans son Bulletin n° 11 au 1er trimestre 1975. Après débats au sein des régionales, « le 1er manifeste de l'EPI » sera finalisé et publié dans le Bulletin n° 18 de mars 1979.

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Association EPI
Février 2011

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