Compte rendu sur l'enseignement de l'option informatique
au lycée Bergson
 

Rappelons le but initial de l'expérience

   « Permettre à tous les élèves de connaître et comprendre l'informatique afin d'en maîtriser les conséquences sur leur activité professionnelle et personnelle. » (extrait du préambule au programme de seconde).

   L'expérience a démarré au début de l'année scolaire 81-82 dans 12 lycées dans chacun desquels l'option informatique a été proposée à une soixantaine d'élèves de classe de seconde.

   Nous nous proposons de décrire la mise en place de l'expérience au lycée Henri Bergson, les problèmes pédagogiques qu'elle a soulevés et les moyens qui ont été utilisés pour les affronter.

I - Voie suivie pour aborder l'informatique

   Nous avons commencé par expliquer ce que peuvent faire les ordinateurs dont nous disposions (Micral 80/22) et ce qu'il faut entendre par « traitement de l'information ». Nous avons défini les variables numériques comme des cases-mémoire puis exposé les instructions de base, montré différents types de traitements utilisant des tests et des branchements, chaque nouvelle avancée dans l'exposé s'accompagnant d'exercices ou d'exemples de très petits programmes.

   Exemples :

- calcul d'une suite sur la définition fonctionnelle ou récursive
- recherche d'un mot en proposant des lettres (pendu à 2 joueurs - version 1)
- recherche d'un nombre en proposant des nombres qui l'approchent.

   Dès la 3e séance, nous avons introduit les chaînes, ce qui a donné lieu à 2 classes d'exercices.

1) exercices tournant autour de la conjugaison des verbes et des pluriels des noms.

2) exercices portant sur la recherche de lettres dans un mot ou de lettres communes à 2 mots ce qui nécessite un traitement itératif.

   Puis sont venus les tableaux de nombres avec les exercices de traitement répétitif comme le remplissage d'un tableau avec une « boucle faire » ou bien itératif comme les tris. Ensuite, on est passé aux affichages couronnés par un programme de Pendu à 2 joueurs (version 2) avec affichage progressif d'un pendu, et ce dessin a nécessité une procédure sans paramètre de ralentissement de l'affichage. D'autres procédures sans paramètres – présentées comme instructions nouvelles ajoutées au langage – ont été écrites par les élèves. Ce programme de PENDU a pris un temps considérable mais il fut l'occasion de mettre en oeuvre le principe d'analyse d'un problème, de réduction en problèmes plus simples dont la résolution conduit à un programme très structuré, avec un titre pour chaque paragraphe.

   En fin d'année, nous avons abordé les fichiers ; les élèves ont entrepris un fichier permanent des notes de la classe dans les différentes matières, avec programme de création, de mise à jour et de traitements divers (moyenne, classement...).

II - Méthode

   L'analyse descendante d'un problème c'est-à-dire :

1) en reconnaître les diverses parties,

2) « diviser chacune des difficultés en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre » Descartes 1637, conduit automatiquement à la structuration des programmes que l'on écrit. Mais il faut d'abord bien circonscrire le problème et pour cela bien comprendre l'énoncé écrit en français et ensuite être capable de modéliser le problème ce qui nécessite un choix de structure des données et une bonne appréhension des différentes situations informatiques qui peuvent se présenter au cours de la résolution. C'est dire qu'il faut accepter de se mettre en situation de recherche et c'est seulement après cette première phase de réflexion informelle mais soutenue sur le problème que l'on peut parvenir à mettre en oeuvre l'analyse descendante. Et alors les « parcelles de difficultés » qui résistent ne se résolvent pas par enchantement ; il faut probablement à ce moment avoir des idées, soit qu'elles proviennent de la découverte d'une analogie avec un problème déjà rencontré et résolu antérieurement, soit qu'elle sont originales.

   On rencontre chez les élèves divers « blocages » dus aux incertitudes d'une situation de recherche, à la difficulté de réfléchir efficacement sur l'énoncé, d'évoquer les idées informatiques qui viennent à l'esprit et de les manier ensuite pour aboutir au plan de résolution.

   Il y a aussi le fait qu'entre la situation informatique de départ et la finale, il n'y en a pas nécessairement d'intermédiaires obligées et tout repose sur l'intuition ou la culture informatique de l'élève : il faut donc que celui-ci dispose d'un bagage informatique suffisant sous forme de petits programmes de traitement bien assimilés et qui lui permettent de cerner ce que l'ordinateur peut faire exactement. Enfin, il semble qu'une large part des difficultés rencontrées tienne au fait que beaucoup d'élèves conçoivent imparfaitement qu'un programme décrit une suite dynamique d'actions et que l'exécution d'une instruction crée une situation nouvelle. Inversement, pour parvenir à une situation nouvelle désirée il faut appréhender correctement la situation présente et alors seulement on sera en mesure de déterminer les instructions qui permettent d'aboutir à la situation nouvelle recherchée.

Le 6 mars 1983

Jean-Louis Frot
Francis Filippi
Lycée H. Bergson - Paris.

Paru dans le Bulletin de l'EPI  n° 31 de septembre 1983, pages 50-53.

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