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La France non plus ne doit pas louper le coche
 

   Un groupe de travail Informatics-Europe et ACM-Europe vient de rédiger un rapport commun sur l'enseignement de l'informatique dans le primaire et le secondaire intitulé L'Europe ne peut se permettre de louper le coche [1].

   Ce rapport établit une distinction claire entre la « culture numérique » (digital literacy) et la science informatique (computer science). Il fait des recommandations parmi lesquelles :

  • tous les élèves doivent bénéficier d'une éducation précoce en matière d'alphabétisation numérique ;

  • tous les élèves doivent bénéficier d'une formation en informatique en tant que science, pour sa valeur intrinsèque et ses applications aux autres disciplines ;

  • un vaste programme de formation des enseignants doit être lancé de toute urgence.

   Le rapport fait référence à la déclaration du 11 janvier 2012 de Michael Gove, dans laquelle le secrétaire d'État à l'Éducation du Royaume-Uni recommande de se débarrasser de l'attitude « les usages et rien que les usages » [2]. Le rapport revient à plusieurs reprises sur le fait que « littératie numérique » et science informatique sont indispensables comme composantes d'une éducation moderne. L'incapacité à reconnaître cela est de nature à nuire gravement à l'avenir de l'Europe. Car alors cette dernière deviendra simple consommatrice de technologies conçues ailleurs.

   Et en France ? Il existait une option informatique d'enseignement général dans les lycées. En voie de généralisation, elle fut supprimée en 1992, rétablie en 1995 puis à nouveau supprimée en 1998. Ce fut alors une « traversée du désert », fondée sur la confusion entre l'utilisation des outils numériques et l'enseignement de l'informatique, une confusion que l'on peut encore constater çà et là [3]. Des actions, notamment à partir de 2007, furent engagées à l'initiative de l'EPI qui aboutirent à la création à la rentrée 2012 d'un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » en Terminale S. Cet enseignement sera étendu en Terminales ES et L en 2014 sous forme d'option (un enseignement de spécialité aurait été préférable car ayant un certain caractère obligatoire). À la rentrée 2013 un enseignement d'informatique sera mis en place pour tous les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques.

   L'Académie des Sciences vient d'adopter un rapport en faveur de l'enseignement de l'informatique : « L'enseignement de l'informatique. Il est urgent de ne plus attendre », avril 2013.

   Les créations ci-dessus constituent des premiers pas qui en appellent d'autres, beaucoup d'autres [4]. La feuille de route du Gouvernement sur le numérique : « Des mesures pour l'École » indique qu'« une réflexion sur la place que doit prendre la science informatique, à tous les niveaux d'enseignement, sera prochainement engagée » [5]. En effet, tous les élèves sont concernés. L'informatique est au coeur du numérique et le numérique est partout. Elle est donc une composante de la culture générale de tous au 21e siècle, de l'homme, du travailleur et du citoyen. Ce qui signifie bien qu'elle doit être enseignée à tous les élèves, dès l'école primaire sous forme d'une sensibilisation, puis au collège et au lycée.

   Une question incontournable reste à régler : la formation des enseignants. Pour faire face au nombre (tous les élèves sont concernés), il faut avoir pour l'informatique l'objectif de faire ce que l'on fait pour les autres disciplines, au collège et au lycée, à savoir recruter des professeurs titulaires d'un Capes ou d'une agrégation d'informatique que l'on doit créer sans attendre (cf. note [3]). Une forte demande est en train de naître au moment où l'informatique est introduite dans les classes préparatoires scientifiques. Les professeurs des écoles doivent eux passer une certification dans les ESPE. Pendant une période transitoire, la formation continue doit, d'une manière complémentaire, faire office de formation initiale pour permettre une montée en charge progressive.

   Ainsi la France ne loupera pas le coche !

Le 15 avril 2013

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1] Informatics education: Europe cannot afford to miss the boat, rapport d'un groupe de travail commun Informatics-Europe et ACM-Europe, publié en avril 2013.
http://informatics-europe.org/services/reports.html

Présentation par l'EPI : « L'Europe ne peut se permettre de louper le coche »
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1304a.htm

[2] « Les Britanniques pour un enseignement de la science informatique dès l'école ! », traduit et commenté par Jacques Souillot, pour EpiNet n° 142 de février 2012 :
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1202f.htm

[3] Voir l'éditorial de mars 2013, « Débat à l'Assemblée nationale. Histoire d'un amendement retiré » :
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1303a.htm

[4] Compte-rendu de la 18e réunion du groupe ITIC-EPI-SIF, vendredi 5 avril 2013.
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/groupe-itic-cr_13-04.htm

[5] Nous avons lu : « Feuille de route du Gouvernement sur le numérique : des mesures pour l'École », Vincent Peillon.
http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1304h.htm

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Association EPI
Avril 2013

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