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L'enseignement à distance au Maroc
au temps de la Covid-19

Cas de « l'Université Ibn Tofail, Kénitra - Maroc »

Ilham El Otmani, Kaoutar El Menzhi,
Moulay M'Hammed Drissi
 

Résumé
La crise engendrée par la pandémie Covid-19 a poussé la plupart d'enseignants dans le monde à adapter leurs cours avec un mode d'enseignement en ligne. En très peu de temps, tous ces enseignants ont dû trouver des solutions afin de présenter leurs cours et accompagner leurs étudiants à distance.

À ce propos les Technologies de l'Information et la Communication (TIC) sont devenus des outils éducatifs inévitables. Bien que certains enseignants explorent depuis longtemps l'usage des objets numériques, l'adaptation à cette situation reste très compliquée. De ce fait, la migration en urgence des dispositifs d'enseignement en présence vers une modalité à distance est devenue une inquiétude de tout acteur pédagogique.

Le présent article a pour objectif de comprendre concrètement, à partir d'une enquête sur le terrain, la manière dont « l'Université Ibn Tofail Kénitra » a pu généraliser le mode d'enseignement à distance, et de préciser la façon dont ses enseignants se sont efforcés de répondre à cette prescription soudaine. Il vise aussi d'analyser la perception des étudiants vis à vis des cours présentés en ligne sous forme des capsules vidéos (MOOC), disponibles sur différentes plateformes notamment, Moodle et les visioconférences qui se faisaient via Google classroom.

À cet effet, notre article s'articulera aussi sur une analyse comparative en se basant sur une étude menée sur le terrain, qui s'est étalée sur un mois et qui a concerné plus particulièrement les étudiants de la « la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales -FSJES-Souissi ». Cette dernière a déployé plusieurs plateformes d'interaction afin de permettre une communication instantanée avec les étudiants.

Mots clés : Enseignement à distance, enseignement supérieur, Moodle, TICE, MOOC

Introduction

   Avec l'arrivée de la pandémie du Covid-19, qui a provoqué l'un des plus grands bouleversements qu'ait connu le monde de l'éducation. Comme dans le reste du monde, un grand nombre de gouvernements ont pris conscience de passer sans délai d'un enseignement traditionnel en présentiel à une forme d'enseignement à distance.

   Afin d'assurer la continuité pédagogique durant la fermeture des établissements scolaires, de nombreux enseignants dans le monde entier ont ainsi dû adapter leurs cours avec un mode d'enseignement en ligne. En très peu de temps, tous ces enseignants ont dû trouver des solutions afin de présenter leurs cours et accompagner leurs étudiants à distance.

   Ces quelques mois de pandémie nous ont déjà appris que l'organisation du travail, la collaboration avec les différentes parties prenantes et entre collègues, ainsi que l'existence d'un environnement reconnaissant et encourageant l'esprit d'initiative et le progrès, sont autant de conditions nécessaires à l'adoption de pratiques pédagogiques innovantes.

   À ce propos les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) sont devenues des outils éducatifs inévitables. Bien que certains enseignants explorent depuis longtemps l'usage des objets numériques, l'adaptation à cette situation reste très compliquée. De ce fait, la migration en urgence des dispositifs d'enseignement en présentiel vers une modalité à distance est devenue une inquiétude de tout acteur pédagogique.

L'intervention de l'état dans l'enseignement à distance à l'ère de la pandémie Covid 19

   D'après les statistiques publiés par les nations unis, la crise provoquée par la pandémie Covid-19 a pu toucher tous les types de formation et tous les niveaux d'apprentissage. À la mi-avril 2020. On a dû constater qu'un pourcentage de 94 % des élèves et étudiants dans le monde ont subi l'impact de la pandémie et 1,58 milliard d'enfants et de jeunes scolarisés du pré-primaire au supérieur dans 200 pays. Cette analyse nous montre que les apprenants quels que soient leur âge ou leur statut n'ont pas une autre alternative que de passer à l'enseignement en ligne.

   Dans l'enseignement supérieur, certaines universités ont suspendu leurs cours, et ce, à cause du manque d'équipements informatiques pour leurs étudiants et enseignants, de ce fait, les cours préenregistrés et les plates-formes en ligne ont dû généralement remplacées l'enseignement traditionnel.

   Au Maroc, Immédiatement après la suspension de l'enseignement en présentiel, le Ministère a déployé un plan national visant à assurer la continuité pédagogique en lançant l'enseignement à distance comme un nouveau mode d'enseignement. En ce qui concerne, l'enseignement supérieur, tous les établissements universitaires ont essayé de veiller à permettre aux étudiants de poursuivre leurs apprentissages à travers plusieurs supports, notamment les portails et les plates-formes électroniques relevant des établissements universitaires, les plates-formes indiquées par les établissements de l'enseignement supérieur ne relevant pas des universités, ainsi que les établissements privés de l'enseignement supérieur.

   Ces plates-formes numériques interactives connues (Moodle, Classroom,) ont également été mises à la disposition des étudiants pour leur permettre d'échanger et de collaborer avec leurs professeurs, en plus des cours diffusés à la télévision et à la radio, et ce grâce à l'implication forte du corps enseignant. Pour la plupart des acteurs pédagogiques, particulièrement en période de confinement, l'enseignement à distance ne relevait pas d'un choix mais d'une nécessité à la continuité de l'apprentissage.

   Alors que pour réussir l'enseignement en ligne, beaucoup d'efforts ont été fournis par les différents acteurs de l'éducation afin de surmonter cette crise à travers les différents réseaux sociaux. Nous avons observé plusieurs initiatives de la part des enseignants dont l'objectif principal est la bonne maîtrise, la bonne utilisation et intégration des différents outils technologiques. À cet effet, la formation professionnelle des enseignants lors de la pandémie s'est faite en ligne ou par le biais d'applications téléphoniques ou vidéo. Cette crise sanitaire nous a poussé à repenser à l'importance de la formation initiale et continue des enseignants à ces outils technologiques médiatisés et mieux les préparer aux nouvelles formes d'enseignement.

   L'enseignement à distance pose différentes difficultés selon les secteurs. Même dans les pays où la connexion Internet et les infrastructures sont adéquates, la plupart des enseignants et des apprenants sont dépourvus de compétences de base en informatique, ce qui fait qu'ils ont du mal à assurer leur propre développement et, plus encore, à contribuer à un enseignement à distance de qualité.

Revue de littérature

De l'enseignement à distance (EAD) à l'enseignement en ligne

   La problématique de l'enseignement à distance a commencé à susciter un intérêt grandissant de la part des chercheurs depuis plusieurs décennies. Tout d'abord, ce concept ne se limite pas uniquement aux chercheurs qui s'intéressent à l'éducation, mais également à toute personne travaillant dans l'enseignement et qui cherche à améliorer leurs pratiques pédagogiques.

   L'adoption du terme plus général de la formation à distance a coïncidé avec l'apparition de plusieurs autres moyens de diffusion, parmi lesquels on trouve la radio et la télévision. Ce concept a vu le jour en Angleterre qui a été connu par la diffusion des cours par correspondance, plus précisément en 1840 avec la création par Isaac Pittman du premier cours par correspondance qui a donné naissance à la possibilité de l'obtention des diplômes reconnaissant les formations obtenues par correspondance et ce en 1858 à l'université de Londres ;le réseau télégraphique américain en 1892 dont l'université de Pennsylvanie dispensait gratuitement des cours aux fermiers des quatre coins des prairies ; les satellites géostationnaires que l'on envoyait déjà des programmes éducatifs sur Telstar en 1962.

   À la suite de l'existence d'un nombre importants d'écrits et de théories qui s'intéressent au concept de l'enseignement à distance. D'après les auteurs Sherron et Boettcher (1997) le développement de l'enseignement à distance est passé par cinq principaux étapes.

  • La première étape (1850 à 1960), s'est caractérisée par l'usage de la radio, le courrier et la télévision. La communication entre l'enseignant et l'apprenant dans cette période était soumise aux critères de la distance, du temps et au service courrier de la région.

  • La deuxième étape (1960 et 1985), a été connu par l'introduction de nouvelles technologies telles que les cassettes audio et vidéo, la télévision, le téléphone et le fax. Les cours en ligne, durant cette période s'étaient compliqués de diffuser les cours par téléphone ou par fax car toutes ces technologies n'étaient pas encore à la portée des utilisateurs.

  • La troisième étape (1985 et 1995), a connu l'utilisation du web à domicile en introduisant l'usage des ordinateurs personnels, les visioconférences et le courrier électronique tout en s'appuyant sur l'accès à internet à l'aide du modem et le réseau téléphonique. Cette période a pu résoudre le problème de l'interactivité entre l'enseignant et apprenant puisqu'on peut communiquer en temps réel.

  • La quatrième étape (1995 et 2005) d'où l'enseignement à distance se transforme en enseignement en ligne. Alors que le concept du e-learning devient très connu dans les universités et chez les formateurs professionnels qui ont fait transformer et rendre leurs contenus des cours et leurs programmes de formation en ligne. Cette période a été connu par l'apparition des start-up qui se sont spécialisés dans la création de plates-formes technologiques dans le but de gérer le contenu e-learning qu'on appelle Learning Management System (LMS).

  • En 2005, l'enseignement à distance a connu une transformation radicale avec l'apparition du Web 2.0 dans l'usage d'internet, qui a vu le jour dans la première conférence organisée par O'Reily Media, entreprise américaine de marketing et de communication. Cette mutation de l'utilisation de l'internet commençant par l'utilisation d'une boite postale au début, à une utilisation dynamique interactive a permis aux utilisateurs de modifier le mode de communication, de créer, collaborer et partager un contenu en temps réel.

   L'utilisation de ces technologies numériques offre un grand potentiel d'amélioration de l'enseignement et de l'apprentissage. Ces technologies ouvrent la porte à de nouvelles façons d'enseigner, d'apprendre et de collaborer. Selon Peraya, 2005 et Depover et al., 2007, l'intégration de ces technologies multimédias délocalisent, dans le temps et dans l'espace, les échanges entre les enseignants et les apprenants, et diversifient de ce fait les activités d'apprentissage modifient les modes d'enseignement et d'apprentissage.

   Elle fait appel aussi à de nouvelles approches pédagogiques. D'après Siemens, 2005 et Jung, 2019 la théorie du connectivisme est survenu d'une critique des théories classiques en éducation le behaviorisme, le cognitivisme et le constructivisme dans un cadre actuel de changement et de progression rapide du savoir d'une part, de l'importance accrue des technologies de l'information et de la communication en éducation et de la création de réseaux qui permettent d'utiliser celles-ci.

   L'éducation dépasse donc le milieu formel de l'enseignement. On accède à la connaissance, on l'applique, on la construit. Cette dernière vient de l'effort collectif et collaboratif d'une communauté. Les fondements du connectivisme sont l'autonomie de l'apprenant, la diversité des membres de la communauté, l'ouverture à l'intérieur et à l'extérieur de la communauté et enfin l'interactivité, soit l'engagement des membres dans des interactions génératrices de connaissance (Jung, 2019).

   La théorie du connectivisme met son accent sur l'usage des technologies de communication et sur l'autonomie de de l'apprenant dans on se servant d'un réseau. Il sert notamment de cadre théorique dans l'étude des Massive Open Online Courses (MOOC).

   Aujourd'hui, la révolution du numérique nous permet de recréer des situations d'apprentissage virtuelles très proches du présentiel qui permet le déploiement d'une catégorie différenciée de services appuyant l'environnement virtuel de l'apprenant. Comme il a précisé Glikman, 2002, que « l'enseignement à distance est caractérisé par l'importance apportée aux outils et aux services de médiation, autrefois le service postal, la radio, la télévision, aujourd'hui Internet et les applications qui utilisent le réseau ».

   D'après Brown et Atkins, 1988, enseigner c'est mettre en place des conditions dans lesquelles l'apprenant pourra apprendre et acquérir ses connaissances, cette constatation nous conduit à la nécessité d'organiser, autour des médias et des outils numériques, des espaces, des dispositifs pédagogiques que ce soit en présence, à distance, ou en hybride qui seront à hautes valeurs ajoutées pour l'apprentissage.

   Le dispositif techno-pédagogique mis en place dans l'enseignement à distance doit être connu et maîtrisé par les enseignants qui vont interagir aussi bien avec l'environnement qu'entre eux, pour atteindre les objectifs prévus. Pour Peraya (2005), « toute formation à distance recourt nécessairement à des artefacts techniques, à des dispositifs médiatiques anciens ou nouveaux, analogiques ou numériques : livres ou manuels imprimés et illustrés, radiodiffusion, enregistrements sonores sur cassettes, émissions de télévision en direct ou magnétoscopées, technologies de l'information et de la communication ».

   Ce dispositif de formation à distance ou en ligne permet au groupe d'individus de se voir, de se parler via un outil de chat en ligne ou par audio, de partager et d'échanger des documents en format texte, audio ou vidéo.

   L'apprentissage dans le monde virtuel est considéré comme un enseignement à distance synchrone car les personnes présentes peuvent échanger et poser des questions aux enseignants et aux autres apprenants et recevoir des réponses instantanées grâce à un outil de messagerie électronique distancié puisque les cours ont lieu sur une plate-forme en ligne et de façon collectif.

   Plusieurs outils d'animation des cours dans les classes virtuelles, pour les salles de visioconférences on peut trouver : Zoom, Google Meet, Microsoft Teams...

   L'enseignant a la possibilité d'afficher différents documents qu'il aura préparés en amont : un document texte, tableur, diaporama, mais aussi des images, des vidéos, documents audio...

   On peut trouver plusieurs fonctionnalités qui sont disponibles sur les plates-formes telles que ,le tableau blanc qui est utile pour le brainstorming ; le chat qui est un outil de communication qui permet aux apprenants d'interagir, de poser des questions et de partager des informations avec les autres participants ainsi que le partage de fichier et l'organisation de groupes de travail, le sondage ou les quiz qui aident le formateur à mesurer la compréhension de ses propos par les apprenants, le partage d'écran ; ainsi que les espaces de travaux en groupe pour impliquer les apprenants.

   Pour mesurer la qualité de l'enseignement en ligne l'une des études menées est celle étudiée aux USA entre 1996 et 2008 par les chercheurs Means, Toyama, Murphy, Baki, et Jones (2009) dont le but principal était de connaître le degré de la qualité de l'enseignement en ligne, comparé à l'enseignement en présentiel. Les résultats de cette recherche ont montré que la performance des étudiants en ligne est meilleure que celle des étudiants de l'enseignement présentiel. A cet effet, la qualité de l'enseignement en ligne n'est pas dû au technologie elle-même mais plutôt au fait que l'enseignement en ligne implique plus l'apprenant à l'apprentissage. Ceci signifie que l'enseignement hybride créé un effet positif sur la motivation et la collaboration de l'apprenant car il lui permet d'exercer un contrôle sur l'interactivité qui le lie aux objets d'apprentissage.

Les mesures entreprises par l'université en matière de l'enseignement en ligne

Cas de l'université Mohamed V de Rabat

   Avec l'initiative du e-Learning Center, l'université Mohamed V de Rabat a permis la création de l'UM5MOOC, la plateforme dédiée aux MOOC qui est mise à la disposition de tous les établissements de l'UM5 et qui a pour but de rendre disponible, en accès libre des formations de niveau universitaire de qualité, quel que soit le nombre des apprenants.

   Or, juste après quelques jours seulement de la suspension des cours afin d'assurer la continuité pédagogique au niveau de tous ses établissements, plus de 600 supports pédagogiques ont été mis en ligne par les professeurs de l'université Mohamed V de Rabat.

   Toutefois, l'université Mohamed V de Rabat, avait une première expérience d'E-learning en 2014, et ce, via un projet MOOC (Massive, Open, Online, Course) portant sur les fondamentaux de la comptabilité générale, qui a été classé le premier MOOC marocain certifiant et gratuit dont il a connu un grand succès.

Présentation et analyse des résultats

   Les résultats obtenus par l'élaboration du questionnaire qui a été envoyé aux étudiants via Microsoft Teams, Google Classrooms, groupes Facebook... et ce, à la fin de l'année universitaire 2020/2021. À cet effet, 850 réponses ont été collectées en utilisant Google Forms, afin de mesurer la satisfaction et la perception des étudiants à l'EAD au sein de la FSJES-Souissi.

  • D'après les réponses des apprenants dont 37 % d'eux sont en deuxième année, les smartphones représentent l'équipement le plus utilisé alors que 34,4% utilisent un ordinateur personnel, tandis que 54 % parmi eux ont déclaré un niveau de familiarisation moyen avec les outils informatiques. En plus Google Classroom et Google Meet représentent les plates-formes les plus utilisées par les étudiants interrogés.

  • Plus de 300 étudiants interrogés déclarent un niveau « Plutôt satisfait » pour toutes les activités de l'enseignement à distance. Tandis que, 250 étudiants déclarent être satisfaits au niveau des séances live et plus de 300 étudiants interrogés déclarent un niveau « très insatisfait » sur les séances live assurées.

  • Selon les résultats 57 % des étudiants interrogés ont déclaré que l'enseignement à distance est mieux adapté au cours théoriques, 25 % affirment qu'il est assez adapté aux travaux pratiques, alors que seulement 23 % déclaré que l'enseignement à distance peut être utilisé au niveau des évaluations. Ceci valide le choix de l'université Mohamed V de Rabat, qui a, malgré les contraintes liées à la COVID19, organisé les examens en présentiel afin d'évaluer les étudiants.

Cas de l'Université Ibn Tofail- Kénitra

Mesures et actions entreprises par l'université Ibn Tofail

   L'Université Ibn Tofail à généraliser le mode d'enseignement à distance qui est déjà intégré depuis 2007, en adoptant un enseignement totalement en ligne et en remplaçant l'enseignement en présentiel. A cet effet, Les apprenants ont bénéficié aussi d'un support avec des explications et des capsules vidéo en langue arabe et en langue française disponibles sur différentes plates-formes à travers, notamment, Moodle qui est créé depuis 2008, Google Classroom créé depuis 2017et Edx qui est mis en service depuis 2019.

   Sur la plate-forme pédagogique Moodle, on propose un étendu choix d'activités allant du simple dépôt de documents (PDF, Word, PPT...) aux forums de discussions et de chat, en passant par des exercices en ligne, des visioconférences en temps réel, etc. Ce qui a fait impliquer tous les apprenants montrant une grande interactivité en se connectant via ces plateformes, comme le montre la figure suivante :


Site : https://tice.uit.ac.ma/

   D'après les statistiques présentées, le bilan de la connexion est de 23 400 utilisateurs avec un chiffre de 73 000 de sessions ouvertes sur la plate-forme Moodle pour toutes les établissements de l'université.

La formation des enseignants

   L'université Ibn Tofail de Kénitra a dépouillé plusieurs efforts pour faire réussir ce mode d'enseignement en ligne. Elle a permis, dans le même sens, d'une part la mise en place des formations destinées aux enseignants. D'autre part, l'installation des équipements informatiques dans les différentes institutions rattachées à l'université. À titre d'exemple, un studio d'enregistrement mis à leur disposition. Ces derniers ont également la possibilité d'enregistrer leurs cours sous forme de MOOC (Massives open on line courses), ou CLOM en français (Cours en ligne massifs et ouverts).

   La réussite de l'enseignement à distance impose aux enseignants une bonne utilisation et intégration des différents outils technologiques, d'où la nécessité et l'importance de la formation initiale et continue des enseignants à ces outils technologiques.

   Plusieurs formations en ligne ont été entreprises en période de la pandémie du Covid 19 particulièrement en période de confinement. Il s'agit de Créer des cours en ligne sous forme de vidéo pédagogique avec Moodle et Google Classroom.

   D'après Ilham Oumaira, Professeur en département Informatique et logistique de l'Enseignement Supérieur à l'université Ibn Tofail de Kénitra et responsable des formations des enseignants : « Nous avons œuvré, depuis l'installation de ladite plate-forme, à l'accompagnement des enseignants pour la scénarisation et la mise en ligne de leurs cours avant et après la pandémie du Covid 19 ». Dans ce sens, il importe de signaler que 500 vidéos pédagogiques ont été créés en période du Covid 19, et ce dans le studio réservé à l'université.

Bilan des formations des enseignants depuis 2014 jusqu'à 2020

Présentation et analyse des résultats sur terrain

   L'administration du questionnaire au sein de l'Université Ibn Tofail-Kénitra, s'est étendue sur une période d'une semaine à compter du 30 juin au 7 juillet 2021. L'objectif principal est d'essayer de comprendre à quels points les étudiants universitaires sont satisfaits au cours de leurs apprentissages et leurs implications ou non dans l'enseignement à distance pendant la crise de la pandémie du Covid 19. Ainsi, d'établir un diagnostic du degré d'initiation des étudiants aux outils d'informatiques de base, d'analyser le degré d'utilisation et de familiarisation des étudiants avec les différents outils de l'enseignement à distance, d'identifier et ressortir les problèmes qu'ils ont rencontrés durant ce mode d'enseignement.

   Le questionnaire élaboré se compose d'un total de dix-sept questions réparties en trois parties :

  • La première partie intitulée les compétences en TIC, composée de trois questions portantes sur les compétences techniques relatives aux différentes manipulations et l'utilisation des outils numériques ainsi que l'accès au réseau Internet ;

  • La deuxième partie intitulée les dispositifs et plates-formes utilisées et toutes les difficultés rencontrées lors de l'enseignement à distance qui est composée de douze items ayant pour objectif la mesure des degrés d'accord des étudiants vis-à-vis l'usage des TIC dans la pratique de l'enseignement à distance.

  • La dernière partie intitulée informations générales, a pour objectif l'identification des caractéristiques du répondant.

   L'analyse des données a été effectuée sur notre questionnaire reçu lors de notre collecte de données auprès des enquêtés relevant de l'université Ibn Tofail-Kénitra. Les données, issues de questionnaires ont été administrées par Google Forms afin de nous permettre d'effectuer les analyses nécessaires.



   Il ressort de cette enquête que la grande majorité des étudiants enquêtés proviennent de différents semestres de la licence fondamentale et ceux du Master ont participé à cette enquête, soit un pourcentage de 46,7 % en semestre 2, 28,3 % des masters et 20 % sont du semestre 6. Cela s'explique par le fait que l'effectif des étudiants du semestre 2 est plus important que celui des étudiants en masters. Ils déclarent avoir suivi des cours en ligne durant le confinement. Alors qu'ils ont utilisé principalement les smartphones et les ordinateurs personnels. Par ailleurs, les outils d'enseignement à distances les plus utilisés sont Google Meet et Zoom.

   Quant aux ressources et outils numériques utilisés durant la période de confinement, les documents PDF, PPT ou Word sont les plus utilisés avec un pourcentage de 90 % suivis des ressources audio vidéo avec un pourcentage de 71,7 %

   En outre, plus de 80 % des étudiants semblent suivre des visioconférences. Les taux d'insatisfaction par rapport à l'interactivité et les méthodes d'enseignement est de 21 %, tandis que le taux de satisfaction globale n'est que de 30 %.

   De surcroît, 48,3 % des étudiants affirment qu'ils préfèrent l'enseignement en présentiel alors que 50 % déclarent que l'enseignement à distance ne pourra jamais remplacer un enseignement en présentiel. Ce qui fait penser que l'enseignement présentiel et celui à distance sont complémentaires et indispensables.

Conclusion

   La période exceptionnelle qui vient de s'écouler a plongé les enseignants dans « l'usage forcé » des outils numériques. Au terme de cette étude, et comme nouvelles voies de recherches et perspectives, on peut dire que les résultats obtenus par le questionnaire, nous ont permis de montrer que les enseignants ont dû développer des habiletés pour permettre une « mise à distance » de ces usages en vue d'assurer la continuité pédagogique. De ce fait, il est nécessaire de mettre à la disposition des enseignants des ressources numériques normalisées et indexées adaptées aux programmes enseignés.

   En plus, les solutions numériques nécessitent des contenus pertinents, des modèles pédagogiques adaptés, de bonnes pratiques d'enseignement et un cadre d'apprentissage propice. La professionnalisation et le perfectionnement des enseignants sont obligatoires pour amener ces derniers à un niveau suffisant de qualification. La crise sanitaire a révélé que la formation initiale et continue des enseignants devait être repensée de façon à mieux les préparer aux nouvelles formes d'enseignement.

   La crise nous a permis aussi de mieux comprendre la fracture numérique et les inégalités auxquelles il faut prêter attention. L'état et ses partenaires doivent œuvrer à l'élimination des obstacles à la technologie en investissant dans les infrastructures numériques et en faisant baisser les coûts d'accès aux réseaux.

   De ce fait, on peut faire rappel dans ce contexte que lorsque les étudiants sont interrogés, ils ne désirent maintenir l'enseignement en présentiel renforcé par un accompagnement à distance avec un environnement technologique de qualité.

Ilham El Otmani
Doctorante à la Faculté des Sciences Juridiques,
Économiques et Sociales, Souissi, Rabat
Laboratoire de Recherche en Management des Organisations,
Droit des Affaires et Développement durable
el-ota-ilham@live.fr

Kaoutar El Menzhi
Professeur Chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques,
Économiques et Sociales, Souissi, Rabat
Membre du laboratoire de Recherche en Management des Organisations,
Droit des Affaires et Développement durable

Moulay M'Hammed Drissi
Professeur de l'enseignement supérieur en TICE
Équipe de recherche « Technologies éducatives et innovation pédagogique »
Centre de formation des inspecteurs de l'enseignement
Ministère de l'éducation nationale, du préscolaire et des sports, Rabat
moulay.drissi@gmail.com

Cet article est sous licence Creative Commons (selon la juridiction française = Paternité - Pas de Modification). http://creativecommons.org/licenses/by-nd/2.0/fr/

Bibliographie

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