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Enfin un Capes d'informatique !
 

   La semaine dernière, le lundi 7 janvier sur France Culture, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, a annoncé la création d'un Capes d'informatique, précisant qu'il verrait le jour en 2020 et ajoutant que « dans quelques années nous créerons certainement une agrégation d'informatique ».

   L'EPI se félicite de cette mesure. Elle est une étape importante dans le lent cheminement vers une discipline informatique de culture générale pour tous les élèves, une nécessité dans une société où l'informatique et le numérique sont omniprésents.

Des actions

   On sait l'engagement tenace de l'EPI, depuis des décennies, en faveur d'un enseignement de l'informatique dans l'enseignement général, dans le cadre de la « complémentarité » des approches de l'informatique dans le système éducatif, affirmant sans cesse que la formation des enseignants est une question essentielle [1]. Son site web est là pour en témoigner. On revient de loin. En effet, il y a eu, après les suppressions de l'option informatique des lycées dans les années 90, un long « désert explicatif » symbolisé par le B2i.

   L'entrevue de l'EPI à l'Élysée, en septembre 2007 [2], a permis de relancer et d'étendre l'action à une large mouvance : des personnalités, en premier lieu Gérard Berry et Maurice Nivat ; le groupe ITIC créé par l'EPI et l'ASTI (aujourd'hui groupe ITIC-EPI-SIF) [3], l'ASTI, SPECIF, la SIF, l'EPI. Ont également joué au fil des années des rôles importants : l'Académie des sciences, le Conseil National du Numérique, Pascaline, l'INRIA, les parents d'élèves de la PEEP, les Inspecteurs généraux Robert Cabane puis Laurent Chéno, et de nombreuses personnalités du monde informatique... On ne peut pas les citer toutes.

   Les initiatives se sont multipliées :

  • des colloques et des journées,
  • des entrevues au MEN et au CSP,
  • des prises de position et des articles,
  • un rapport de l'Académie des sciences en 2013 [4],
  • l'audition en juin 2018 de l'EPI par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, à la demande de son Président Bruno Studer... [5].

   Et les actions ont porté leurs fruits : mise en place d'ISN à la rentrée 2012, de SNT et NSI en septembre 2019, création d'un Capes d'informatique.

Un changement qualitatif

   Cette création d'un Capes d'informatique constitue un changement qualitatif, un changement de paradigme. L'informatique devient une discipline à part entière en tant que telle, avec ses enseignements et ses professeurs spécialistes. Il était plus que temps. Un verrou a sauté, celui des tergiversations, dérisoires et incompréhensibles (quoique...) au vu des enjeux sociétaux, pour avoir des concours de recrutement dédiés. Il ne reste plus qu'à souhaiter que l'agrégation d'informatique ne se fasse pas trop attendre.

Le quantitatif maintenant

   Changement qualitatif incontournable et donc bienvenu. Il faut maintenant s'atteler au quantitatif pour la réussite de l'enseignement de l'informatique à la rentrée prochaine et dans les années suivantes.

   Dans son intervention, le ministre a parlé de 750 postes à créer, en annonçant une dizaine au concours de 2020. Rappelons qu'à la rentrée 2019, la mise en place de « Sciences numériques et technologie » (1h30) pour tous les élèves de Seconde signifie 2 500 professeurs pour assurer cet enseignement. Le ministre a aussi indiqué que l'enseignement de spécialité « Numérique et sciences informatiques » sera implanté dans la moitié des lycées [6]. Il représente 4 heures en Première (2019) et 6 heures en Terminale (2020) : une augmentation de 400 % par rapport à l'horaire de l'actuelle option de Terminale « Informatique et sciences du numérique » (2h). Heureusement qu'il y a les professeurs en poste qui actuellement enseignent ISN. Ils ont permis l'introduction de l'enseignement de l'informatique ces dernières années et il faut saluer leurs efforts. Ce qui signifie des formations continues (il faut ouvrir largement les DU prévus), des décharges, des garanties et des reconnaissances de carrière (rémunérations, mutations, concours internes et listes d'aptitude à venir...). Une simple « habilitation » ne suffit pas.

   Et il faudra que se constitue un vivier des futurs candidats aux formations universitaires à créer pour ce nouveau débouché qu'est le Capes informatique. À n'en point douter, il y aura des vocations mais le métier est difficile et la France est en 27e position en Europe pour la rémunération des enseignants. La revalorisation du métier d'enseignant s'impose dans l'intérêt bien compris du pays.

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1] « Éléments pour une histoire de l'enseignement de l'informatique dans l'enseignement général (école, collège, lycée) en France (1970-2017). Un développement chaotique et inachevé ». Jacques Baudé, Octobre 2017
- Première partie (1970-2000)
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h17_jb-hist-info-1.htm
- Deuxième partie (2000-2017)
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h17_jb-hist-info-2.htm

Parmi les très nombreuses initiatives :
- une audience au CSP en novembre 2013
https://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1311a.htm
- et une autre au cabinet du ministre de l'EN en juin 2014
https://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1406c.htm

[2] Interview à l'AEF
https://www.epi.asso.fr/revue/editic/aef_jb-jpa.htm
https://www.epi.asso.fr/epinet/epinet97.htm

[3] Historique du groupe ITIC
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h07_groupe-itic_jb-jpa-18.htm

[4] Rapport de l'Académie des sciences « L'enseignement de l'informatique en France Il est urgent de ne plus attendre »
.http://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/rads_0513.pdf.

[5] Audition de l'EPI à l'Assemblée nationale par la Commission Studer
https://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1809f.htm

[6] Les enseignements de spécialités proposés dans les lycées de votre académie :
http://www.education.gouv.fr/cid126438/baccalaureat-2021-un-tremplin-pour-la-reussite.html

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Association EPI
Janvier 2019

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