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D'une année l'autre,
toujours l'enseignement de l'informatique
 

   Concernant l'enseignement de l'informatique, l'année 2013 a vu des avancées, notamment la consolidation d'« Informatique et sciences du numérique » en Terminale S (mis en place à la rentrée 2012), l'introduction d'un enseignement de l'informatique pour tous les élèves des CPGE scientifiques. De nombreux signes montrent que progresse l'idée selon laquelle l'informatique est une composante de la culture générale au XXIe siècle et, qu'à ce titre, l'École formant l'homme, le travailleur et le citoyen, elle doit être enseignée à tous, qu'il s'agit là d'une (ardente) obligation sociétale [1].

   En France et à l'étranger. Dans l'éditorial de décembre d'EpiNet, nous faisions état des déclarations du président Obama appelant tous ses compatriotes à étudier la programmation [2]. « Ne vous satisfaisez pas de l'achat d'un nouveau jeu vidéo : fabriquez en un ! » leur dit-il. C'est clair : utilisateur mais aussi créateur. Comme l'est l'enjeu : « L'apprentissage des compétences en jeu n'est pas seulement utile pour le futur, il est important pour le futur de notre pays. Si nous voulons que les États-Unis restent en tête, nous avons besoin que de jeunes Américains comme vous aient la meilleure maîtrise possible des outils et de la technologie. » Pour le moins à méditer.

   L'année 2013 a également vu en mai l'adoption par l'Académie des Sciences de son rapport « L'enseignement de l'informatique en France – Il est urgent de ne plus attendre » [3]. Effectivement, si les choses avancent elles ne le font pas à la vitesse nécessaire. Un gros point noir subsiste, la formation des enseignants. Une réponse cohérente doit être apportée à cette question : il faut sans plus attendre créer un Capes et une agrégation, et des certifications dans les ESPE pour les professeurs des écoles. Il faut donner à l'informatique sa place dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture de l'Éducation nationale, la faire entrer en tant que discipline à part entière dans le système éducatif français, avec des initiations à l'école primaire et une entrée dès le collège [4].

   Le 9 janvier 2014, le pré-rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, intitulé « Faire connaître et partager les cultures scientifiques, techniques et industrielles : un impératif », rédigé exclusivement par des parlementaires, a été mis en ligne [5].

   Les enjeux sont clairement affirmés : « l'accessibilité de toutes et tous à la culture scientifique est une mesure démocratique promouvant d'une part la possibilité pour chacune et chacun de choisir une carrière professionnelle dans le domaine scientifique, et assurant d'autre part la capacité de tous les citoyens à participer aux débats contemporains le plus souvent liés aux sciences... le développement économique de notre pays, dans une économie mondialisée, ne peut aller sans une population hautement qualifiée. »

   Ce rapport préconise de « reprendre les recommandations du rapport de l'Académie des sciences en ce qui concerne la formation des professeurs dans le domaine de l'informatique ». Dans les classes primaires, il se prononce pour « l'introduction d'une initiation à l'informatique dans les programmes, en mêlant les activités sur ordinateur et les activités de compréhension de l'informatique » ; au collège, pour « un véritable enseignement informatique » ; dans les lycées, pour « l'enseignement obligatoire de l'informatique en seconde, première et en terminale sans exclure une option de spécialité plus approfondie en terminale » ; et « pour la continuation et le développement de l'enseignement de l'informatique dans les séries techniques et professionnelles ».

   Dans l'éditorial du numéro de novembre 2013 d'EpiNet, nous écrivions que « l'intégration de la science et technique informatique dans la culture générale scolaire de tous les élèves... nécessite une décision politique qui doit selon nous être affirmée au sommet de l'État et confirmée par la Représentation nationale » [6]. La publication de ce pré-rapport est donc une bonne nouvelle pour commencer l'année 2014.

Le 15 janvier 2014

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1] La France n'est pas un « désert » informatique. C'est évident. Il y a de nombreuses réalisations. Mais la question n'est pas là. L'importance et la place de l'informatique dans la société croissant sans cesse, il faut changer d'échelle. Et là le compte n'y est manifestement pas.

[2] Éditorial d'EpiNet 160 de décembre 2013 : http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1312a.htm

« President Obama calls on every American to learn code » :
http://youtu.be/6XvmhE1J9PY
« Le président Obama appelle tous les Américains à étudier la programmation » :
http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1312p.htm

[3] « L'enseignement de l'informatique en France - Il est urgent de ne plus attendre ».
Rapport de l'Académie des sciences, mai 2013 :
http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/rads_0513.pdf

[4] Voir le texte adressé au Conseil Supérieur des programmes « Proposition d'orientations générales pour un programme d'informatique à l'école primaire », Serge Abiteboul, Jean-Pierre Archambault, Gérard Berry, Colin de la Higuera, Gilles Dowek, Maurice Nivat, EpiNet 160 de décembre 2013.
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/itic-ecole-prog_2013-12.htm

[5] « Faire connaître et partager les cultures scientifiques, techniques et industrielles : un impératif », pré-rapport de l'Assemblée nationale et du Sénat :
http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/opecst/auditions_publiques/Tome_I_rapport_CSTI_provisoire.pdf

Lu sur le Net : http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1401g.htm

[6] Éditorial d'EpiNet 159 de novembre 2013, « Une audience au Conseil Supérieur des Programmes » :
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1311a.htm

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Janvier 2014

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