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Réduisons le décalage entre la « promesse » et l'utilisation réelle des technologies numériques

Interview d'un industriel, Thierry Klein, par Ludovia , publiée le 01-02-2013 (extraits).

Nous publions ici quelques extraits des déclarations de cet « industriel du secteur » mais nous conseillons vivement la lecture de l'ensemble de l'interview.

   En ce début d'année, période de changement pour l'éducation nationale, notamment par les annonces faites par le Ministre, Vincent Peillon, dans le l'avant-projet de loi sur la Refondation de l'école de la République, Ludovia Magazine a souhaité prendre la température du côté des industriels du secteur. Nous les avons interrogés pour connaître leur point de vue sur les perspectives qu'ils envisagent en 2013, en termes d'e-éducation.

Perspectives 2013, paroles d'industriels poursuit cette chronique avec Thierry Klein de la société Speechi.

   La France est relativement peu équipée par rapport à d'autres pays dans le domaine du numérique. Paradoxalement, ce n'est pas forcément une mauvaise chose car, actuellement, aucune étude fiable ne montre que l'investissement numérique se traduit par une amélioration du niveau des élèves. Au contraire, les études, lorsqu'elles ne sont pas directement ou indirectement financées par les constructeurs, montrent plutôt le contraire.
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   Aujourd'hui, l'industrie de l'éducation numérique est structurée un peu comme celle du médical. C'est un lobby qui cherche à influencer la puissance publique pour parvenir à ses fins en termes économiques et qui parfois y arrive remarquablement, comme l'a montré le récent rapport Fourgous. Mais alors qu'il existe des procédures rigoureuses pour valider l'intérêt d'un médicament, rien, absolument rien n'a été fait pour évaluer l'apport réel des outils numériques !
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   ... il n'est pas admissible que les investissements se fassent en dehors de tout cadre sérieux d'évaluation des politiques. Cela nous nuit à tous en tant que citoyens et cela nuit aussi, à moyen terme, à l'industrie e-numérique qui sera complètement décrédibilisée le jour où la supercherie sera dévoilée.
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   Henri Emmanuelli avouait récemment dans Ludovia magazine [1] que 12 ans après le lancement de l'opération « Un collégien, un ordinateur » et malgré une enquête Sofres sur le sujet, il est difficile d'obtenir une analyse globale. Le principal enseignement semble être que « les résultats dépendent de l'implication des équipes éducatives ». Tout ça pour ça ? (On pouvait s'en douter...).
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   Le plan numérique annoncé par Vincent Peillon ne me semble pas de nature, pour l'instant, à changer radicalement les choses. Au-delà du côté purement politique de certaines annonce, une erreur majeure sous tend le plan, qui, comme les précédents, vise à développer les usages plutôt que l'enseignement du numérique.
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   L'enseignement du numérique lui-même est bouclé en 2 petites lignes totalement marginales (« Extension progressive d'une option "sciences du numérique" dans l'éventail des options proposées en terminale générale et technologique »). Or, le numérique [2] est une matière à part entière.
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   Je suis frappé par la multiplication des investissements visant à faire utiliser les technologies numériques (tableaux interactifs, classes numériques...) par les élèves et la quasi-absence, avant le niveau bac, des formations leur permettant de comprendre comment ces technologies sont développées – je parle de cours de programmation, de génie logiciel, d'algorithmie et d'architecture des ordinateurs, bref, de tout ce que les anglo-saxons recouvrent sous l'appellation « Computer Science ».
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   De telles formations sont devenues indispensables pour comprendre le monde qui nous entoure. Elles font partie de la culture générale que devrait avoir tout bachelier qui se destine à faire des études supérieures (avec – et non pas contre – le latin, la philo, les maths...).
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   Il ne s'agit pas de créer une génération d'informaticiens, pas plus qu'il ne s'agissait de créer une génération de latinistes ou de mathématiciens. Simplement de créer des citoyens cultivés dans ce domaine, capables de comprendre et, pour les meilleurs, de créer les outils de demain. On n'obtient pas cet effet en faisant utiliser des IPADs aux élèves, mais en leur expliquant comment ils sont faits – pas plus qu'on ne formerait des cuisiniers en se contentant de leur faire manger des plats.
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   L'informatique est devenue une science indispensable à l'honnête homme de notre temps, mais sa présence dans le socle scolaire commun est quasi-nulle.
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   Pour moi, l'éducation nationale fait fausse route en s'attaquant au retard dans les usages qui est un symptôme et non pas la source du problème.
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http://www.ludovia.com/news-1810.html

Commentaire EPI : voilà une analyse qui nous change du politiquement correct habituel sur les « usages du numérique ». Ainsi nous ne serions plus les seuls à dire qu'à côté des usages il y a l'enseignement de l'informatique, « science indispensable à l'honnête homme de notre temps ». Ajoutons, science devant faire partie de la culture générale au même titre que la physique ou les SVT. Développons les usages toutes les fois que possible mais, et notamment si notre pays veut maintenir son rang dans un monde de plus en plus informatisé, créons un enseignement précoce de cette science. Nombre d'enseignants et de chercheurs le proposent depuis des années, l'académie des sciences plus récemment. D'autres pays le font déjà. Il va de soi que des décisions volontaristes doivent être prises d'urgence en matière de formation des enseignants.

NOTES

[1] « Un collégien, un ordinateur portable » : 12 ans après, vu par Henri Emmanuelli, sur Ludovia le 07/01/2013
http://www.ludovia.com/multimedia_jeunesse/2013/1774/un-collegien-un-ordinateur-portable-12-ans-apr-s-vu-par-henri-emmanuel.html

[2] « L'informatique est devenue une science fondamentale : enseignons-la dès la 6e », sur Speechi!
http://www.speechi.net/fr/index.php/2012/01/02/linformatique-est-devenue-une-science-fondamentale-enseignons-la-des-la-6eme/

 

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Association EPI
Mars 2013

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