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Informatique et technologies de l'information et de la communication dans le système éducatif

Congrès national du SNES, Lille 1999
 

Collège, réforme du lycée, formation des enseignants,
mesures d'accompagnement

   Le SNES est résolument pour le développement des TICE dans le système éducatif comme en témoignent notamment les motions des différents congrès nationaux depuis plusieurs années. Les raisons en sont multiples.  Il convient :

  • d'intégrer l'informatique et les Technologies de l'Information et de la Communication à la culture générale du futur citoyen,
  • de lutter contre l'inégalité devant ces technologies,
  • de former à de nouveaux métiers,
  • d'améliorer l'acte d'enseigner et celui d'apprendre,
  • de répondre aux attentes clairement exprimées des élèves,
  • de faciliter l'émergence de nouveaux comportements démocratiques...

   Former à l'informatique et aux « technologies modernes » est un investissement pour l'avenir car sera coûteux au prochain siècle le manque de formation des citoyens dans le domaine immense et porteur des Technologies de l'Information et de la Communication .

   Même si dans les deux dernières décennies les TIC ont connu un réel développement dans le système éducatif, grâce notamment à un important investissement personnel de la part des enseignants, le compte n'y est manifestement pas. Le décalage entre les discours officiels et les actes demeure important. Les mesures concrètes peinent à suivre les déclarations d'intention. Or, la maîtrise de l'ordinateur et des technologies associées n'est pas chose aisée au delà des quelques fonctionnalités mises en jeu dans l'utilisation d'un traitement de texte. Elle ne peut résulter d'une simple pratique d'outils « conviviaux ». Elle nécessite une lente maturation qui, amorcée dès l'école, se poursuit au collège puis au lycée où naissent les vocations pour les études supérieures et les métiers. Elle nécessite, comme dans toute autre activité humaine, l'aide et le soutien d'enseignants avertis. L'ensemble de la population lycéenne est concerné, pas seulement les élèves des lycées technologiques et professionnels. D'autant que cette « culture générale informatique » ne concerne pas que la vie professionnelle et qu'il faut « donner aux hommes de quoi exister quand ils ne travaillent pas » (Paul Ricour).

Au collège

   L'enseignement de la technologie et son important volet informatique doit faire l'objet de toutes les attentions : formation des enseignants, matériels et logiciels en nombre et en qualité, personnes-ressources, maintenance...

   L'utilisation des apports des « technologies nouvelles » dans les différentes disciplines, et dans les groupes « nouvelles technologies appliquées », stagne par manque de moyens, d'enseignants formés et d'incitation au niveau des programmes.

   Le Congrès exige qu'un effort important soit fait pour le développement des TICE au collège.

Au lycée

1 - L'option informatique

   Le Congrès dénonce avec force la suppression (une fois de plus) de l'Option Informatique des lycées d'enseignement général. Cette mesure participe de l'attaque contre les savoirs et les contenus. Elle augure mal de l'entrée dans une société dans laquelle tout le monde s'accorde à dire que l'information joue un rôle de premier plan. Elle éclaire sous son vrai jour l'accusation de conservatisme que le ministre lance à l'encontre de ceux qui s'opposent à sa réforme des lycées. Où sont les modernes ?!

   Rappelons que cet enseignement d'informatique :

  • assure la complémentarité des approches ,
  • est le lieu où sont traitées les notions et concepts indispensables aux autres disciplines,
  • est un pôle de compétences des enseignants et des élèves utile à tous (vie des salles, informatique administrative, informatique dans les disciplines, collègues...),
  • participe aux activités transdisciplinaires, au travail en équipes, sur projet, avec des moyens de notre temps et répond à ce titre aux attentes clairement exprimées d'un grand nombre d'élèves.

   Le Congrès exige le rétablissement de cet enseignement de culture générale dès la rentrée prochaine, parallèlement aux autres options comportant de l'informatique (informatique de gestion, systèmes automatisés, productique, IESP) et avec des moyens horaires comparables.

   Le Congrès rappelle que, lors du CSE du 4 mars, un amendement demandant le maintien de l'option informatique a recueilli 30 voix « pour » et une seule voix « contre ». Cet amendement n'a pas été retenu par le ministre !

   Le Congrès rappelle également que l'option informatique a vocation à se généraliser à l'ensemble des élèves.

2 - Mise à niveau informatique

   Le Congrès reconnaît l'importance de cette mise à niveau dans la mesure où de nombreux élèves arrivent en seconde sans formation correcte à l'informatique et aux Technologies de l'Information et de la Communication . Il pose le problème de la définition du niveau requis, de l'évaluation des connaissances et des compétences des élèves, du programme d'enseignement, de l'horaire imparti (18 heures sont notoirement insuffisantes) et des enseignants disponibles. Les intentions du ministre sont pour l'instant totalement opaques.

   Le niveau attendu est semble-t-il bien peu ambitieux. Ainsi, pour ne prendre que cet exemple, les rapports entre Internet et le système éducatif ne peuvent se ramener à l'installation de prises murales et à une simple consommation de produits venus d'ailleurs. Les enseignants et les élèves doivent en acquérir une maîtrise intellectuelle suffisante leur permettant d'y recourir judicieusement, de l'utiliser sans problèmes majeurs et avec efficacité, de développer à son égard une attitude critique et constructive (conception et création de produits originaux).

3 - La réforme des lycées semble mettre l'accent sur l'utilisation de l'informatique dans les différentes disciplines et activités. Le Congrès reconnaît volontiers l'intérêt de cette démarche préconisée par le SNES depuis de très nombreuses années. Il est important que les disciplines, chacune pour ce qui la concerne, utilisent les apports de l'informatique et des Technologies de l'Information et de la Communication en général, à la fois pour des raisons didactiques (impact sur la discipline même) et pour des raisons pédagogiques. Mais, plus que des incantations, cela nécessite des décisions et des mesures énergiques : évolution progressive et concertée des programmes d'enseignement, évolution des formations initiales et des concours de recrutement, amplification des formations continues (avec relance des formations « lourdes »)... Justifier la suppression de l'option informatique par la priorité donnée à « l'informatique dans les disciplines » est plus qu'une erreur, c'est une escroquerie à l'égard des élèves , surtout si les mesures d'accompagnement ne suivent pas ; ce qui est malheureusement le cas depuis des années.

4 - Pour ce qui concerne les TPE, l'idée est intéressante et pour cause, mais pour les mêmes raisons que « l'informatique dans les disciplines » il faudra du temps et beaucoup d'énergie et de compétences pour que ces travaux intègrent « l'outil informatique » au delà de quelques fonctionnalités d'un traitement de texte. Une interdisciplinarité digne de ce nom, à la fois didactique et pédagogique, ne s'improvise pas. Elle requiert de solides mesures d'organisation et donc des moyens dédiés.

   Le Congrès dénonce cette « réformite » et cette fuite en avant perpétuelles qui détruisent les recherches et les pratiques de nombreux enseignants novateurs au soit disant profit de démarches nouvelles jamais validées et aux dépens des élèves qui en font finalement les frais.

Formation des enseignants

   Comment développer les TICE dans le système éducatif sans former les enseignants ? Il semble que le Ministère de l'Éducation nationale ait pris conscience de cette nécessité de formation mais les actes ne suivent pas. Pour l'essentiel, les jeunes enseignants sortent encore des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres sans formation à l'utilisation didactique et pédagogique de l'informatique et des « technologies nouvelles » dans leurs disciplines respectives. Le Congrès exige que l'effort de formation initiale et continue annoncé soit effectif dans les plus brefs délais.

   Il propose par ailleurs que dix pour cent des nouveaux enseignants (IUFM) et des enseignants en exercice (formations « lourdes ») reçoivent une formation plus approfondie leur permettant d'assumer efficacement les fonctions de formateurs, personnes-ressources, enseignants des options comprenant de l'informatique, concepteurs de logiciels pédagogiques... La relance des formations « lourdes » est indispensable pour préserver l'avenir.

   Parallèlement à ces formations il convient de recenser l'ensemble des enseignants formés disponibles et de mettre en place la reconnaissance institutionnelle de leurs compétences. Le développement des TIC est à ce prix.

Un équipement « multimédia +internet » dans les salles de classe

   L'enseignant formé et doté, doit pouvoir utiliser sur son lieu de travail les ressources auxquelles il a accès à titre personnel. Il y trouve pour animer ses cours une aide multiforme, des données et des supports dont il garde le contrôle.

   Tous les élèves, même s'ils n'ont pas d'ordinateur chez eux, voient concrètement quel usage peut être fait de l'informatique et quels en sont les apports.

   Un des aspects déterminants de la formation est et sera de plus en plus la capacité à choisir, critiquer et exploiter des éléments cohérents dans le flux des informations.

   Les médias, les faits de culture, même la télévision et les jeux passent désormais par la transmission numérique ; il est donc non seulement légitime mais indispensable que la classe soit, pour tous ces outils, un lieu et une occasion de familiarisation puis de maîtrise.

   En conséquence, le Congrès exige pour tous les enseignants le droit à la formation et à l'usage du multimédia et de l'Internet dans les salles de classes avec l'équipement adéquat pour une diffusion sur grand écran. Un tel dispositif implique que des moyens soient dégagés (connexion, vidéoprojection...) et que des modalités d'emploi restent à l'initiative des enseignants évitant ainsi la soumission aux « trusts » éducatifs qui se mettent en place.

   Des mesures budgétaires doivent favoriser l'équipement informatique personnel des enseignants

Un environnement humain

   Des personnes-ressources sont indispensables à la fois sur le plan des matériels (entretien, petites réparations, gestion ...) et sur le plan pédagogique (enseignants disposant d'heures de décharge réelles). Prévues par le plan Allègre, elles tardent à se mettre en place quand elles ne sont pas totalement ignorées des services rectoraux.

   L'essor des usages pédagogiques des TICE et l'accès des enseignants aux ressources éducatives numérisées impliquent aussi le développement à une plus grande échelle de leur accompagnement multiforme et spécifique, qui s'appuie notamment sur le réseau CNDP.

   L'intégration des TICE dans le système éducatif suppose également de donner une place plus grande à l 'activité de recherche des IUFM et de l'INRP.

 
ANNEXE

Pour une discipline informatique

   Les arguments ne manquent pas :

  • nécessité de mettre de l'ordre dans la tête des élèves notamment au niveau des notions et concepts,
  • fédérer sur ce plan les approches des différentes disciplines, introduire du « liant »,
  • soulager les collègues des différentes disciplines d'un enseignement des bases informatiques qui n'est ni de leur ressort ni de leur compétence,
  • répondre à la nécessité d'élargir la culture générale du futur citoyen, lui permettre une certaine maîtrise des nouveaux « outils »,
  • réaliser là le rapprochement indispensable entre l'informatique et l'audiovisuel. Ce qui nécessite de vraies compétences et pas du bricolage,

Pourquoi l'approche par les discipline n'est-elle pas suffisante ?

  • il y a risque de cacophonie dans l'esprit des élèves : approches disparates, manque de liens,
  • risque d'éloigner les différentes disciplines de leurs objectifs spécifiques (« on a d'autre chose à faire que d'expliquer les notions informatiques »),
  • c'est l'Arlésienne (dans l'enseignement général) depuis trop longtemps, il faut en sortir. La stagnation porte, année après année, préjudice aux élèves.

Où ? quand ?

  • au collège : dans le cadre de la Technologie,
  • en seconde : dans le tronc commun,
  • en première et terminale : options diversifiées,
  • se pose inéluctablement le problème des heures à trouver ... Là aussi, il est impossible de fonctionner à moyens constants.

Le Congrès considère que gouverner c'est faire des choix. Si l'informatique et les NTIC sont si importantes (cf. les discours du Premier Ministre à Hourtin) – ce que nous pensons – alors il faut leur trouver un emplacement correct dans la culture commune de tous.

Contenus enseignés :

  • l'informatique a (au moins) deux vocations, elle est transdisciplinaire et intervient partout, notamment dans l'audiovisuel par le tout numérique. Il faut absolument en tenir compte dans les contenus. Il ne s'agit plus de réduire son enseignement à la programmation, ce n'est d'ailleurs plus le cas. Une base de discussion serait les programmes de l'option informatique des lycées. Programmes améliorables par une large concertation.

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Association EPI
Septembre 2014

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