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Séminaire de Sèvres

Groupes de travail 1, 2 et 3
 

Recommandations finales du séminaire (pages 43 à 49 des Actes)

Recommandations du Groupe de Travail n° 1

Signification et objectifs de l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire

1- L'avènement de l'ordinateur a de sérieuses conséquences scientifiques, culturelles, sociales et économiques. Les trois premières catégories de conséquences à elles seules rendent nécessaire l'introduction de l'informatique au niveau de l'école secondaire. Le fait que pour plusieurs des pays Membres de l'OCDE une part importante et croissante de leur PNB peut être attribuée aux ordinateurs et à leurs applications ne fait que souligner cette nécessité.

2- En premier lieu, une initiation à l'informatique devrait être introduite dans le premier cycle de l'enseignement secondaire. D'autres disciplines pourraient en tirer profit et, par ailleurs, cette initiation pourrait fournir la base d'un enseignement plus spécialisé.

3- Dans l'enseignement général, l'informatique devrait être un moyen et non une fin en soi. Elle aiderait les élèves à mieux comprendre le monde dans lequel ils sont appelés à vivre. Cette initiation devrait donc comporter des applications des ordinateurs qui fassent clairement apparaître la signification véritable de cet outil dans notre société.

4- Le programme de l'enseignement secondaire est déjà surchargé dans toutes les matières. L'introduction d'un enseignement de l'informatique – comme discipline séparée ou intégrée à une autre discipline – nécessitera un réexamen attentif de l'ensemble du programme. À ce propos, il faut souligner que l'une des caractéristiques de l'informatique est de créer chez les élèves une attitude algorithmique, opérationnelle, organisatrice, laquelle est souhaitable pour bien des disciplines.

5- L'avènement de l'ordinateur influence de nombreuses disciplines. Les applications de l'ordinateur à toute discipline où elles sont justifiées devraient être développées de préférence dans le cadre même de cette discipline. Les contacts entre les enseignants chargés de cette dernière et ceux compétents dans le domaine de l'informatique devraient être facilités.

6- Le cours d'introduction devrait prendre en considération le fait que l'approche algorithmique appliquée à la résolution de problèmes est un des aspects fondamentaux de l'informatique. Les exemples présentés aux élèves devraient être pris non seulement dans les mathématiques mais également dans d'autres disciplines, compte tenu des intérêts des élèves. Il est important que dans le cadre de cette initiation les élèves aient accès à l'ordinateur. Un accord général est apparu durant le Séminaire sur le fait que les langages « évolués » devraient être utilisés de préférence aux autres, étant bien entendu que le choix d'un langage de programmation a une importance secondaire. De même les aspects détaillés de la programmation ne devraient pas constituer l'élément fondamental de ce cours d'initiation.

7- Le Séminaire a examiné le contenu de ce cours d'initiation à la lumière des documents présentés. Il a noté la remarquable similitude existant entre les cours d'initiation quant au plan d'ensemble tout en discernant quelques différences quant aux aspects particulièrement soulignés. Le Séminaire insiste sur le fait que le contenu de cette initiation ne doit pas être défini une fois pour toutes, mais qu'il doit être modifié progressivement à la lumière de l'expérience et selon l'évolution de la technologie.

8- Le Séminaire insiste sur la nécessité de créer rapidement d'autres cours d'informatique dans l'enseignement secondaire pour donner un enseignement plus spécialisé sur l'utilisation des ordinateurs. Il a été convenu toutefois que la structure de ces cours ne pouvait pas être étudiée dans le cadre du présent Séminaire car ils dépendent étroitement de la structure même de l'enseignement secondaire et de la situation particulière de chaque pays.

9- La mise en place et le développement de ces cours seraient grandement facilités par la constitution d'un centre international qui aurait pour tâches de diffuser des informations sur le contenu de ces cours, les expériences engagées, le matériel technique et pédagogique utilisé ainsi que sur les coûts de cet enseignement de l'informatique.

Le Groupe de Travail estime que la publication d'une revue internationale consacrée à la pédagogie de l'informatique faciliterait beaucoup les choses.

 
Recommandations du Groupe de Travail n° 2

Méthodes et moyens

1- Les aspects détaillés d'un enseignement de l'informatique dépendront étroitement des systèmes éducatifs des pays Membres et des objectifs assignés à cet enseignement. Le Groupe de Travail a concentré ses efforts sur le cours d'initiation, estimant que celui-ci constituera le préalable commun à tous les types de cours d'informatique qui peuvent être donnés à l'école secondaire. Ces cours d'initiation ont donc la plus haute priorité et s'adresseront à un grand nombre d'élèves.

2- Le Groupe de Travail a estimé que, pour des raisons pédagogiques, ces cours d'initiation devraient inclure des travaux pratiques comprenant des passages sur ordinateur de programmes établis par des élèves.

3- Un très grand nombre de possibilités existent pour permettre le passage sur machine de programmes établis par les élèves et pour en communiquer le résultat à ces derniers. Elles sont présentées dans une liste ci-jointe. Cette liste a été mise au point pour faciliter le choix d'une de ces possibilités en fonction des conditions locales.

4- Les expériences en cours dans plusieurs pays montrent toutefois que, au début de ces cours d'initiation, le passage sur machine d'un programme rédigé par un élève (ex. : 25 lignes dans un code évolué) peut coûter, pour chaque présentation, de 1 à 4 F Français.

5- Pour faciliter le choix de systèmes qui, pour des raisons pédagogiques et économiques paraissent les mieux appropriées aux situations particulières, le Groupe de Travail propose :

5.1. qu'une enquête soit menée permettant de dégager les diverses modalités selon lesquelles les élèves peuvent avoir accès à un ordinateur.
Cette étude, ainsi que les résultats des expériences dans ce domaine, devraient être mis à la disposition de tout le monde par le canal de l'OCDE.

5.2. plusieurs membres du Groupe de Travail ont estimé qu'une étude analogue, concernant les calculateurs de bureau serait également très précieuse.

6. Le Groupe de Travail recommande fortement aux autorités éducatives d'exploiter toutes les possibilités existantes en matière d'ordinateur. En particulier, il devrait être possible de faire passer les programmes rédigés par des élèves sur des ordinateurs appartenant à des universités, à l'administration, à l'industrie privée ou aux centres de calcul. Deux points toutefois doivent être soulignés :

6.1. cette utilisation des ordinateurs ne sera vraiment efficace que si des personnes sont spécialement chargées de vérifier que les moyens utilisés correspondent aux besoins des établissements scolaires.

6.2. les accords conclus pour passer sur machine les programmes des élèves doivent être de véritables contrats et ce, pour s'assurer un service réellement efficace.

7. Le Groupe de Travail estime que l'utilisation d'ordinateurs en place dans l'Administration et dans l'Industrie ne doit pas être considéré comme un expédient, car :

7.1. on peut mettre ainsi à la disposition de l'enseignement des machines plus puissantes et plus modernes d'une part, de l'autre, un personnel plus complètement informé qu'il ne serait possible autrement.

7.2. les élèves peuvent avoir ainsi l'expérience d'installations plus représentatives des applications modernes de l'informatique. Il s'ensuit que cette approche a une réelle valeur éducative.

8. Il existe un grand nombre d'aides audio-visuelles qui peuvent être très utiles : films, programmes de télévision, etc., et aussi un vaste matériel auxiliaire d'enseignement. Mais il est urgent d'échanger des informations à ce sujet, de mieux adapter le matériel en question à son emploi dans les écoles et de le rendre plus accessible aux enseignants. C'est pour quoi, le Groupe de Travail propose que :

8.1. un centre international d'échange d'informations et de développement sur l'informatique soit mis en place,

8.2. une évaluation des matériels auxiliaires d'enseignement existant soit entreprise à l'intérieur de ce Centre,

8.3. une action soit engagée visant le développement d'autres aides pédagogiques qui faciliterait l'enseignement de l'informatique, par exemple de nouveaux films et des programmes de télévision, ainsi que l'utilisation de machines à enseigner et de l'enseignement assisté par ordinateur.

9. Une des applications les plus importantes des ordinateurs est le traitement de l'information et c'est là une raison majeure d'enseigner l'informatique dans les écoles secondaires. Des langages de programmation adaptés à l'enseignement sont donc nécessaires qui offrent les facilités suivantes : consultation de tables, manipulation de classement, sélection. Le Groupe de Travail attire l'attention sur la nécessité d'un tel langage.

10. Le Groupe de Travail est conscient qu'une politique à long terme devrait être définie en tenant compte des impératifs financiers et, tout spécialement, du problème des hommes compétents. II n'en reste pas moins que cette politique ne peut pas être établie avant que les études techniques mentionnées ci-dessus aient été réalisées. Toutefois, les recommandations pour une action immédiate sont telles qu'elles ne s'opposeront pas au progrès par la suite.

11. Les ordinateurs ont accéléré les processus de changement et ceux-ci se poursuivent à un rythme qui ne paraît pas ralentir. Un des rôles de ce Centre international devrait être de suivre les actions menées en matière d'enseignement de l'informatique à l'école et de s'assurer que les ajustements sont opérés dans ce domaine dès que le besoin s'en fait sentir. Il apparaît d'ores et déjà important d'étudier l'impact social de l'ordinateur et de mettre à la disposition des personnes intéressées le matériel d'enseignement approprié à ce sujet.

 
Recommandations du Groupe de Travail n° 3

La formation des enseignants

La situation actuelle de l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire est critique et il n'y a aucun doute quant à l'urgence et à la nature du problème auquel nous sommes confrontés.

Tout le monde reconnaît que le monde est en train de changer et nombreux seront les enseignants qui devront accepter le fait que leurs jeunes élèves vont entrer dans un monde très différent de celui d'aujourd'hui, où l'éventail des professions sera lui aussi totalement différent, où il faudra avant tout être aptes aux opérations logiques et doués de souplesse intellectuelle, dans lequel enfin l'aptitude à se servir d'un ordinateur sera une nécessité pour tous.

De tous les éléments qui contribuent à cette situation, la formation des enseignants est le plus importante. Il y a si peu de maîtres déjà familiarisés avec l'informatique que nous ne pouvons même pas en trouver un nombre suffisant pour former d'autres enseignants.

Les points suivants paraissent devoir être mis en valeur :

1. De même que les cours d'informatique destinés aux élèves peuvent être généraux ou spécialisés, les formations destinées aux enseignants devront comporter plusieurs niveaux :

a) une formation pour ceux qui enseigneront une introduction à l'informatique,

b) une formation plus spécialisée – plusieurs même – pour ceux davantage concernés par l'ordinateur et ses applications (par ex. : mathématiques, économie, gestion, etc.),

c) une initiation informatique pour les enseignants de toutes les disciplines qu'il devrait être possible d'acquérir là où cela est souhaitable.

2. Les enseignements destinés aux professeurs de l'école secondaire qui seront responsables de cette introduction à l'informatique dans leurs établissements (cf. la, 1b, ci-dessus) devraient comprendre :

- élaboration de problèmes pouvant être résolus par des ordinateurs,

- programmation de : problèmes numériques, problèmes non numériques, traitements simplifiés mais typiques de traitement de l'information, passage de ces programmes sur un ordinateur,

- acquisition de connaissances sur les mécanismes impliqués dans la simulation, la mise au point de « jeux », l'enseignement programmé,

- l'influence des ordinateurs dans l'industrie, l'économie, la vie privée,

- les applications de l'ordinateur aux autres disciplines enseignées à l'école.

Il faudrait que, dès que possible, cet enseignement soit introduit dans la formation initiale des enseignants, comme un des éléments de cette formation générale.

Pour les enseignants déjà en fonction, cette formation pourrait être donnée pendant une période équivalente à un mois au moins à temps plein, répartie de préférence sur une durée plus longue, par exemple, un an. Une aide complémentaire sera par la suite indispensable. Pour ceux qui auront à dispenser un enseignement plus spécialisé dans les écoles (1b, ci-dessus), une formation beaucoup plus étendue sera indispensable. Les enseignants qui auront déjà reçu une formation devront être prêts à former leurs collègues (cf. 1c, ci-dessus).

3. Une coordination internationale devrait, sous l'égide peut-être du CERI/OCDE, de l'IFIP, de l'UNESCO, assurer la mise en place d'un Centre ou d'un réseau assurant, en liaison avec les autorités nationales, les fonctions suivantes :

- faciliter la formation des formateurs d'enseignants là où cela est désiré,

- faire une synthèse des cours de formation actuellement utilisés dans plusieurs pays de telle sorte que d'autres pays puissent les adapter pour leur propre usage,

- choisir, commenter et échanger entre différents pays sur l'enseignement de l'informatique à l'école,

- encourager et aider certains pays à mettre en place un enseignement de l'informatique au niveau scolaire,

- développer des projets de production de films, vidéo tapes, etc. qui pourraient être utilisés par n'importe quel pays, sous réserve que les commentaires en soient écrits dans plusieurs langues.

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Association EPI
Février 2017

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