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Enseignement supérieur : pour un investissement plus juste et plus efficace

Gabrielle Facka et Élise Huilleryb. Note du conseil d'analyse économique, n° 8, décembre 2021.

   Le nombre d'étudiants dans l'enseignement supérieur français n'a cessé d'augmenter, offrant des perspectives aussi bien pour les diplômés que pour la société en général. Cette démocratisation scolaire ne s'est pas accompagnée d'une baisse du rendement relatif des diplômes. Sur la base de travaux empiriques, nous montrons que les titulaires d'une licence ou d'un master gagnent respectivement 30 ou 50 % de plus que les bacheliers des voies générale et technologique, un gain relativement stable dans le temps même si le nombre de diplômes délivrés a fortement augmenté depuis les années 1990. Le diplôme du supérieur continue de jouer un rôle important de rempart face au chômage comme cela a pu être vérifié lors de la crise de 2008.

   En consacrant 1,5 % du PIB (dont 1,2 % pour la part publique) à l'enseignement supérieur, la France se trouve dans une position moyenne au sein de l'OCDE. La dépense par étudiant baisse cependant tendanciellement depuis les années 2010 et les différentes formations sont dotées de moyens très inégaux. À partir de données fines sur les coûts de formation, nous mettons en effet en évidence de grandes disparités : les coûts varient dans un rapport de 1 à 4 entre une année de licence et une année en classe préparatoire et ils varient également sensiblement entre différentes disciplines telles que les sciences dures et les sciences humaines et sociales. Ces écarts tiennent avant tout à la différence de taux d'encadrement et au volume d'heures consacrées aux étudiants où de faibles niveaux peuvent affecter le taux de réussite des étudiants. En outre, malgré la massification, les inégalités d'accès aux études supérieures et aux types de formation en fonction du niveau social sont encore très importantes : moins de 30 % des enfants issus de familles modestes accèdent à l'enseignement supérieur, contre près de 90 % parmi les plus aisés. Associé à des aides socio-fiscales insuffisamment redistributives, il en résulte une dépense publique d'enseignement supérieur régressive.

   Ces constats invitent à repenser la stratégie d'investissement dans l'enseignement supérieur pour gagner en efficience et en équité. Tout d'abord, il nous paraît crucial de diminuer les disparités entre formations en augmentant l'investissement en licence et en master, ce qui permettrait d'augmenter le taux d'encadrement et les taux de réussite dans ces filières. Il importe également d'agir en amont sur l'orientation des élèves pour mieux guider les choix, par la publication des niveaux de salaire à la sortie des formations, de leur taux d'insertion professionnelles et de leur coût, en luttant contre les mécanismes d'autocensure. Pour améliorer l'accès à l'enseignement supérieur des élèves les plus modestes, nous recommandons de créer des places supplémentaires, de revaloriser et d'étendre les bourses, d'accroître l'offre de logements conventionnés, et de mettre en place de quotas dans les filières sélectives. Enfin, nous préconisons d'orienter les postes et moyens supplémentaires vers les filières qui présentent le rendement relatif le plus élevé, à savoir les filières scientifiques et techniques.

https://www.cae-eco.fr/staticfiles/pdf/cae-note068.pdf

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Janvier 2022

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