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Peut-on enseigner les « outils » logiciels ?
Un dispositif pour une auto-formation au traitement de texte, balisée et assistée, partiellement à distance : analyse d'une expérience

Charles Duchâteau, CeFis, dans Bernard André, Georges-Louis, Baron Éric Bruillard (Dir.), Premières journées francophones de didactique des progiciels (10 et 11 juillet 2003).

   On peut apprendre à utiliser des logiciels, mais peut-on les enseigner et, si oui, comment ?

   Dans la seconde partie, l'auteur décrit un dispositif qui tente de prouver que, à condition de s'entendre sur la portée du terme « enseigner », et d'en recouvrir un ensemble assez diversifié de stratégies, on peut de fait faciliter la découverte et la maîtrise des logiciels afin d'en promouvoir un usage efficace et raisonné.

Citons juste ce passage qui donne envie de lire l'ensemble de l'article...

4.3. Des difficultés particulières liées à l'enseignement et à l'apprentissage du traitement de texte

À côté des écueils que l'initiation au traitement de texte partage avec ceux relatifs à n'importe quel « outil logiciel », il faut pointer quelques particularités propres aux logiciels de traitement de texte. Ces traits spécifiques sont parfois seulement des amplifications des obstacles communs à l'enseignement des progiciels, mais ils rendent en quelque sorte exemplaire le cas du traitement de texte.

4.3.1. Les représentations a priori des enseignants à propos de la création d'un texte : c'est un univers (trop) familier

La création de texte (et la conception qu'on s'en fait) est un univers connu (et souvent familier). Les apprenants transfèrent donc dans les usages du traitement de texte des évidences relevant de leurs conceptions préalables ; en d'autres termes un logiciel de traitement de texte est faussement perçu par les débutants comme une « super machine à écrire ».

Chacun sait ce qu'est un texte, un caractère, un titre, un paragraphe, une table des matières ; il « reste » seulement à accepter d'entrer dans la logique propre au logiciel à propos de tous ces concepts familiers.

Il ne suffit pas d'avoir mis une portion de texte en gras, en taille 10 et centré pour que le logiciel le considère comme un titre. Il faut avoir compris que certains paragraphes peuvent acquérir un statut particulier (en-tête, titres, notes de bas de page...). Il faut en quelque sorte comprendre qu'une portion de texte n'est pas une note de bas de page parce qu'on l'a placée en dessous du texte, mais plutôt qu'elle est placée sous le texte parce qu'on lui a donné le statut de note.

4.3.2. L'épaisseur du logiciel oblige à des détours incompréhensibles et inacceptables pour les novices

Le traitement de texte est aussi l'un des logiciels ou apparaissent le plus immédiatement le caractère formaliste des traitements relevant de l'informatique (définition d'un mot, d'un paragraphe, pourquoi des sections...) comme aussi l'épaisseur de la couche d'automatisation prise en charge par le logiciel, éloignant d'autant le « ce qu'on veut » de la réalisation proprement dite.

Une des difficultés principales est sans doute pour l'utilisateur de « déléguer » au logiciel la prise en charge d'un certain nombre de « décisions » en ayant compris que celles-ci vont faire l'objet d'un traitement automatique : saut de ligne, saut de page, effet de l'application d'un style, rôle des taquets,...

J'ai coutume au tout début de la formation, après avoir jeté l'anathème sur certains modes d'utilisation du logiciel d'ajouter qu'il y a cependant une situation où tous les comportements sont admissibles et défendables : vous tapez un texte, votre premier jet est toujours le bon, puis vous le faites immédiatement imprimer ; vous ne prenez donc pas la peine de l'archiver (vous pouvez dès lors faire l'économie de la connaissance de termes comme « ouvrir » ou « enregistrer »)... Si c'est bien le cas, une formation au traitement de texte est inutile, tous vos réflexes naturels lors de la création et de la mise en page sont bons. Mais on est évidemment en droit de vous demander pourquoi vous n'utilisez pas une machine à écrire...

4.3.3. La tentation est grande d'utiliser les outils d'édition pour réaliser la mise en page

Ce troisième élément est d'une certaine manière la manifestation la plus évidente des deux remarques qui précèdent : chacun sait l'usage pervers qui est fait des touches « espace », fin de paragraphe, tabulation qui sont des outils d'édition (ce sont même des caractères) et non de mise en forme du texte.

C'est pourtant la règle chez la plupart des utilisateurs : avec la réception en document attaché à un courrier électronique non plus des versions « papier », mais des versions « fichier » des textes, on mesure à quel point, faute de formation correcte, le logiciel de traitement de texte est utilisé comme une machine à écrire. » 

... et les quelques phrases qui terminent la conclusion...

Qu'on me permette seulement de rappeler, à l'heure des « B2i » et autre « ECDL », que l'école reste un lieu ou l'attention aux processus mis en oeuvre compte davantage que les résultats et où il est bon de continuer à poser la question du « comment ? ».

Nos efforts pour promouvoir des utilisations efficaces et raisonnées des progiciels ont aidé une partie infime des utilisateurs à améliorer leurs usages. La majeure partie des usagers des technologies se contentent de ce qu'ils connaissent et arrivent à en faire...

Heureusement, dans les moments de (très) grande lucidité, je me rassure en me persuadant que ce sont là des divagations dues à l'âge ou des propos pessimistes et sans fondement, causés par une fréquentation trop assidue des technologies!

Et je rallume mon ordinateur...

Cet article fort intéressant (17 pages) est en ligne sur :
http://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00145560,
http://edutice.archives-ouvertes.fr/docs/00/14/55/60/HTML/.

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Juin 2007

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