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Évaluation des compétences en TIC

Par Étienne Vandeput, dans Bernard André, Georges-Louis, Baron Éric Bruillard (Dir.), Premières journées francophones de didactique des progiciels (10 et 11 juillet 2003).

   L'auteur analyse quelques épreuves (PCIE, B2i...) censées vérifier les compétences TIC des apprenants. Les évaluations qu'elles proposent sont-elles pertinentes et efficaces ? « Comme toujours, lorsque divers outils donnent l'impression de ne pas convenir totalement à la tâche envisagée, il convient d'en proposer d'autres sur mesure. » Il nous propose donc une démarche effectuée dans le contexte particulier d'un cours pour l'obtention du Diplôme d'Études Spécialisées en Technologie de l'Éducation et de la Formation organisé conjointement par les universités de Liège et de Namur.

Extrait concernant le B2i (niveau 1) français

Rappelons qu'un des reproches qui peut être fait au B2i concernant les compétences à attester, c'est le mélange d'apprentissages à des niveaux très différents sans apparente distinction. Savoir, savoir-faire et attitudes se retrouvent parfois sans distinction au sein d'un même module. Parfois aussi, un module met en évidence un seul niveau d'apprentissage. C'est le cas du deuxième module qui teste des compétences, selon nous, d'un niveau beaucoup plus élevé.

Il est question de « savoir » notamment lorsqu'il est dit :

« ...l'élève doit être capable :
d'utiliser à bon escient le vocabulaire spécifique nécessaire à la désignation des composants matériels et logiciels utilisés pour permettre la saisie, le traitement, la sortie, la mémorisation et la transmission de l'information ;
... »

Le « savoir-faire » apparaît davantage dans :

« L'élève doit être capable de recourir au logiciel de traitement de texte qui lui est familier pour :
...
saisir ou modifier un texte, le mettre en forme en utilisant à bon escient les minuscules et les majuscules, les formats de caractères, les polices disponibles, les marques de changement de paragraphe, l'alignement des paragraphes, les fonctions d'édition copier, couper, coller ;
... »

À noter la très intéressante expression « qui lui est familier » signalant que les spécificités des produits ne doivent pas prendre le pas sur les fonctionnalités générales et essentielles. Quant à l'utilisation « à bon escient », elle met en avant des préoccupations qu'on ne retrouve pas volontiers dans le PCIE, à savoir ne pas se contenter des fonctionnalités pour s'intéresser à la manière dont elles sont mises en oeuvre.

Quand aux attitudes, elles apparaissent clairement dans :

« Lors de manipulations de données utiles aux activités d'apprentissage et à la suite de débats organisés au sein de la classe, l'élève témoigne de sa capacité à :
...
prendre l'habitude de s'interroger sur la pertinence et sur la validité des résultats produits par le traitement des données au moyen de logiciels...
reconnaître et respecter la propriété intellectuelle. »

Il est toutefois des éléments inclassables et dont on peut se demander la portée :

« ...l'élève doit être capable :
de recourir avec à propos à l'utilisation de la souris et à quelques commandes-clavier élémentaires ;
... »

Ce qui est donc un peu déroutant dans cette répartition, c'est cette hétérogénéité des domaines lorsqu'ils sont regardés à travers le filtre des niveaux d'apprentissage. En particulier, le deuxième domaine qui s'intitule « Adopter une attitude citoyenne face aux informations véhiculées par les outils informatiques » ne mentionne pratiquement que des items liés à des attitudes à adopter.

Si les intentions sont généralement très louables, les textes ne sont pas dépourvus de beaux adjectifs dont le sens se doit d'être détaillé à travers davantage de comportements observables.

« ...mettre en oeuvre une consultation raisonnée du support d'information... »

Qu'en est-il d'une consultation, d'une utilisation raisonnées ?

« ... choisir à bon escient... », « ... faire preuve d'esprit critique... » nous paraissent autant d'attitudes difficiles à mesurer.

Il serait dommage de ne pas dire un mot de la feuille de position qui constitue un élément original et stratégique de ce B2i.

L'idée nous paraît excellente de donner au candidat la possibilité de s'auto-évaluer dans le processus. C'est d'ailleurs cette idée qui nous a inspirés dans le test d'évaluation proposé aux étudiants du DES– TEF. C'est à l'apprenant de prendre conscience de ses difficultés, de ses limites à travers des défis qu'on lui propose.

Les questions que nous nous posons sont, d'une part celle des critères qui vont permettre aux évaluateurs d'acter que les compétences sont attestées, d'autre part, celle de la pertinence de la formulation de celles-ci dans la feuille de position.

Voici quelques exemples parmi les plus significatifs. Il est clair que de nombreux items ont du sens. Ceux qui suivent nous paraissent parfois mal formulés, parfois difficiles à attester, parfois insensés.

« J'utilise la souris pour déplacer le pointeur et fixer la position du curseur, ou pour valider un choix »

Si l'élève n'est pas capable de ça, que fait-il ? L'utilisation du clavier comme instrument de commande semble bien aujourd'hui réservé aux utilisateurs qui veulent augmenter leur efficacité. On peut également s'interroger sur la pertinence du mot « curseur », pourquoi pas « point d'insertion ». Mais ceci reste anodin.

« Je sais ouvrir un fichier existant, enregistrer dans le répertoire déterminé par l'enseignant un document que j'ai créé moi-même.
Je sais ouvrir et fermer un dossier (ou répertoire). »

Si les traitements dont il est question sont fondamentaux, dans ces deux items consécutifs, les mots « dossier », « répertoire », « fichier », « document » sont utilisés sans discernement. Est-on certain de la bonne représentation des élèves à leur propos ? « Je sais que les données et les logiciels ont un propriétaire. Je sais que je dois respecter cette propriété. »

La formulation est un peu douteuse. L'élève peut cocher cette case sans problème car s'il ignorait la chose, la simple lecture de la « compétence » suffit à l'acquérir.

« Je sais copier, coller ou imprimer l'information que j'ai trouvée. »

Dans quel contexte sommes-nous ? Et si le document est protégé (un document au format pdf, par exemple). Le coller où ? Il nous semble que cette affirmation devrait être précisée ou mise en contexte.

Nous n'allons pas examiner l'ensemble des items proposés. Nous nous contenterons de préciser différentes choses qui nous conviennent moins dans le type d'évaluation proposé. D'une part, nous pensons que la précision de la formulation des items peut être considérablement améliorée. Il est évident que les intentions cachées derrière ces items sont les bonnes à quelques exceptions près. L'autre élément un peu gênant, de notre point de vue, est la manière dont ces items sont classés mélangeant allègrement des niveaux d'apprentissage relativement différents et faisant se côtoyer des compétences de base (de l'ordre des connaissances) et des compétences ultimes (de l'ordre du jugement) si l'on s'en réfère, par exemple, à la bonne vieille taxonomie de Bloom.

   Cela dit, on sent bien que ce projet est en devenir et qu'il ne peut que s'améliorer dans le futur, enrichi par l'expérience de la pratique.

http://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00145910,
http://edutice.archives-ouvertes.fr/docs/00/14/59/10/HTML/.

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Juin 2007

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