NOUS AVONS LU
 

LETTRE À TOUS CEUX QUI AIMENT L'ÉCOLE
Pour expliquer les réformes en cours

Luc Ferry
Ministre de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche
134 pages, 2003, éd. Odile Jacob.

     D'autres que nous ont analysé ou analyseront ce texte ; pour ce qui nous concerne, notre attention s'est évidemment portée sur l'informatique et les TIC. Las, entrés dans le XXIe siècle, nous sommes obligés de constater une fois de plus que les STIC restent à la marge, évoquées furtivement au détour d'une phrase.

     Ainsi, après l'énumération des « 10 réformes de grande envergure », on peut lire : « Il ne s'agit pas ici de rechercher l'exhaustivité : bien d'autres questions mériteraient d'être évoquées. Comment intégrer en profondeur les nouvelles technologies dans nos démarches éducatives ?... ». Cette question ne sera pas traitée et nous ne saurons pas de quelle « profondeur » il s'agit. Peut être d'un enseignement structuré des STIC...

     Alors que la plupart des réformes retenues, sinon toutes, auraient mérité un volet « informatique et TIC », ce n'est qu'à propos de l'apprentissage de la lecture qu'on peut lire qu'il sera fait « une évaluation des ressources offertes par les technologies de l'information et de la communication pour servir les apprentissages de la lecture et de l'écriture ». Jusqu'à quand allons nous évaluer ?

     À propos de la revalorisation de la voie professionnelle, autre grand dossier, nous ne saurons pas ce que pourrait être « un enseignement de la technologie rénové ». Peut être d'un enseignement tenant enfin compte de l'omniprésence de l'informatique dans l'ensemble des technologies ?

     L'absence totale d'allusion aux TIC dans le chapitre sur « l'amélioration de la formation des enseignants » mérite d'être soulignée, surtout quand l'auteur se préoccupe de didactique des disciplines.

     On aura compris que l'esprit du texte n'est pas à la novation mais surtout à un retour aux « valeurs traditionnelles ». Une phrase comme « Il importe d'abord, si nous voulons que l'école puisse redevenir le lieu de la transmission et de l'apprentissage des connaissances et des savoir-faire, qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, de restaurer l'autorité, ce qui passe évidemment par des sanctions efficaces », résume bien la tonalité générale de ce texte de 135 pages, fort bien écrit au demeurant. Mais où est passée la recherche de la motivation des élèves par l'utilisation généralisée (pas seulement dans quelques réseaux spécialisés et pendant les vacances scolaires) des ressources pédagogiques de notre temps ?

     Ce texte annonce des mesures concrètes dans différents domaines. Espérons qu'elles prendront sérieusement en compte l'informatique et les technologies qui n'en finissent décidément pas d'être « nouvelles » ; tellement nouvelles qu'elles ne semblent pas s'imposer à l'esprit de notre ministre-philosophe.

OÙ VOULONS NOUS ALLER ?
Xavier Darcos
Ministre délégué à l'enseignement scolaire

(20 pages)

     Pour Xavier Darcos également l'école est avant tout un lieu de travail « et parce que la vie est exigeante, l'école doit l'être aussi ». Certes, et pour ce qui concerne notre domaine nous avons dit et écrit depuis longtemps que l'école n'est pas là pour singer ce qui se fait déjà abondamment à l'extérieur de ses murs (le bidouillage, l'approximatif) mais pour donner de solides connaissances structurées enseignées par des maîtres correctement formés.

     Dans un chapitre spécifique « Les technologies de l'information et de la communication au service de l'enseignement et de la culture », Xavier Darcos, mieux inspiré que son ministre (à moins que ce ne soit le résultat d'un partage du travail), écrit :

   « Contrairement aux sombres pronostics de certains prévisionnistes du siècle passé, les technologies de l'information et de la communication n'ont pas abouti à la disparition de l'écrit. Bien au contraire, celui-ci est omniprésent, multiforme et foisonnant dans le réseau mondial.
     L'école doit apprendre aux élèves à maîtriser les outils modernes de communication et à exploiter la masse d'informations auxquelles ils donnent accès.
     Pour cela, au-delà de l'effort d'équipement informatique, déjà largement engagé avec l'aide des collectivités locales, je souhaite mettre à la disposition des écoles des contenus numériques de qualité (encyclopédies, atlas, textes littéraires, bases d'images, etc.) et des services apportant une réelle plus-value aux élèves, aux familles et aux enseignants (par exemple, le cartable électronique).
     Bien évidemment, rien de tout cela ne sera possible sans la formation des enseignants et la fourniture d'une assistance technique et éducative adaptée. »

     Effectivement, comment apprendre aux élèves ce qu'on ne maîtrise pas soi même ? On touche là les limites du discours sur l'école « qui se doit avant tout de transmettre des connaissances ».

DEMAIN, LA SCIENCE
Claudie Haigneré
Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies

(18 pages)

     Une envolée lyrique sur la Science où l'informatique se réduit aux écrans et consoles de jeux « tout cela c'est la science » (??) et à Internet « outil d'accès à la connaissance, formidable livre illustré qu'il faut apprendre à feuilleter ». Encore la fâcheuse confusion entre l'information et la connaissance. Qu'on nous permette de rester largement sur notre faim !
 

Voir également la déclaration du Bureau national de l'EPI.

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Association EPI

 

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