L'INFORMATIQUE AU COLLÈGE

Introduction et éléments pour un historique

Dossier EPI n° 4,
supplément au Bulletin de mars 1984
 

     L'E.P.I. a toujours considéré l'informatique pédagogique comme un outil de décloisonnement, de déségrégation ; elle a souvent déploré les conséquences de la rigide stratification des niveaux et des disciplines d'enseignement, comme celles des directions pédagogiques horizontales au Ministère. À première vue, il semble donc paradoxal, sinon contradictoire, d'avoir mis en place une Commission COLLÈGES et de publier un dossier intitulé L'informatique au Collège. Mais les justifications ne manquent pas.

     L'histoire française de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement a privilégié les lycées. Pourtant, dès les origines, la place tenue par les maîtres puis par les élèves des collèges a été importante ; elle est le plus souvent ignorée. Avant même toute décision administrative d'équipement ou de formation spécifiques, dans le cadre des « 58 lycées » comme en dehors, à la seule initiative de « volontaires motivés », un travail considérable a été effectué dans les collèges. Le faire connaître c'est leur rendre justice. Les conditions différentes d'enseignement, les effectifs globaux plus fournis ont conduit à un accroissement plus rapide de la demande informatique des élèves et des maîtres des collèges . La part croissante des enseignants de ces établissements se traduit dans les effectifs de l'E.P.I. ; cela nécessitait un rééquilibrage. Enfin, depuis sa création en 1971, l'E.P.I. agit pour la promotion et la démocratisation de l'enseignement public ; c'est son orientation fondamentale : refusant l'informatique de l'élite, elle demande notamment, le déploiement de l'informatique dans la scolarité obligatoire qui comprend les collèges.

     L'essor de l'association, son souci de mieux définir l'informatique pédagogique se traduisent par une abondance de réflexions et de comptes-rendus qui ne peuvent régulièrement trouver place dans un bulletin trimestriel comportant déjà plus de cent pages. La publication de brochures spécifiques apporte une solution heureuse comme cela s'est vérifié jusqu'à présent, surtout dans des domaines techniques et particulièrement pour le LSE. Étab1i à l'initiative et sous la responsabilité des membres de la Commission COLLÈGES, avec la participation de collègues ayant fourni des articles, cet ouvrage est un très bon témoignage d'un travail collectif associatif fructueux. Que tous ceux qui y ont participé trouvent ici les remerciements chaleureux du Bureau national ! Pour l'E.P.I. c'est le premier dossier d'un genre nouveau ; nous souhaitons qu'il soit apprécié et suivi d'autres dossiers aussi riches.

     Mais qu'on n'y cherche pas une présentation exhaustive, une démarche systématique ; il n'y a pas de certitude pédagogique, d'exclusivité doctrinale. Pour l'E.P.I., l'enseignant doit rester pleinement responsable de son enseignement et cela est inséparable de sa liberté pédagogique. Le rôle de l'E.P.I. c'est d'abord de susciter la curiosité voire l'enthousiasme, d'informer, d'aider, de favoriser échanges et confrontations. Le projet est ici de contribuer à mieux situer l'informatique pédagogique en montrant ce qu'elle peut recouvrir, ce qui peut se faire, pour provoquer des réactions, des suites, qu'il s'agisse de critiques ou de compléments.      Ainsi se manifeste une nouvelle fois le constant souci d'ouverture de l'E.P.I. : élargissement de la panoplie d'outils informatiques et de l'éventail de réalisations pédagogiques pour améliorer la qualité de l'enseignement et contribuer à la transformation du système éducatif.

Émilien Pélisset Michel Devaud

 

 

ÉLÉMENTS POUR UN HISTORIQUE

 
     L'histoire de l'informatique dans l'enseignement français n'a pas trente ans ; elle reste à faire. Il ne s'agit ici que d'éléments chronologiques et de remarques éparses pour situer l'informatique pédagogique dans les collèges. Cela conduit à écarter des aspects déterminants.

     Il aurait fallu par exemple étudier l'influence de la politique économique sur l'évolution de l'informatique dans l'enseignement. Souvent les préoccupations pédagogiques n'ont guère pesé dans les choix gouvernementaux et le Ministère de l'Éducation nationale a dû suivre le mouvement impulsé par d'autres :

  • essor avec l'affirmation d'une informatique française en 1966, la création de la C.I.I. en 1967, le Plan Calcul promu par la Délégation à l'informatique, la préparation du VIe Plan et « l'impératif industriel », l'élargissement européen du début des années 70 (projet UNIDATA...),

  • coup d'arrêt avec « la crise », les économies budgétaires, le « rapprochement » américain (création de CII-HoneywellBull),

  • reprise fin 1978 avec la micro-informatique, la télématique et l'appel aux « utilisateurs » « Informatique et Société », le « mariage du siècle »),

  • accélération après quelques mois de « gel » dans l'été 1981 : retour à l'impératif industriel, affirmation d'une informatique française, « généralisation » dans les entreprises, l'enseignement...

     Traiter ainsi des collèges c'est aussi ignorer l'évolution de l'informatique indispensable aux professionnels, informaticiens ou non. Enseignements supérieurs et technologiques intègrent l'informatique, ils participent aux progrès de l'informatique comme discipline mais également comme outil pédagogique, comme élément d'enseignement général. Cela n'est pas sans conséquences sur les collèges d'autant que leur rénovation passe par le développement progressif de l'enseignement technologique, activité pluridisciplinaire avec des contenus nouveaux incluant obligatoirement l'informatique, l'électronique, la mécanique, la gestion. « La grande individualisation des progressions que permet notamment l'informatique, l'intérêt évident des élèves pour cette nouvelle façon d'apprendre et de travailler devraient donner lieu à des projets dans ce domaine » (note de service du 3 janvier 1984, sur les collèges pour la rentrée 1984).

     Enfin, sacrifice paradoxal, l'E.P.I., qui fut constamment mêlée aux évènements relatés, est ici peu évoquée alors que ses avatars et son influence justifient sa place dans l'histoire et méritent une étude particulière.

I - LES « 58 LYCÉES »... ET LES COLLÈGES

- Origine et Originalité

     Il est communément admis que l'introduction de l'informatique dans l'enseignement général français trouve son origine dans le séminaire du Centre pour l'innovation et la recherche dans l'enseignement (C.E.R.I. de l'O.C.D.E. créé en 1968) au C.I.E.P. de Sèvres en mars 1970, sur le thème « l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire ». Les recommandations du séminaire soulignaient l'apport de l'informatique à l'enseignement général (« une des caractéristiques de l'informatique est de créer chez les élèves une attitude algorithmique, opérationnelle, organisatrice, laquelle est souhaitable pour bien des disciplines ») et incitaient les pays membres de l'O.C.D.E. à introduire l'informatique dans l'enseignement secondaire.

     La réponse française se trouve dans la circulaire ministérielle 70.232 du 21 Mai 1970 (B.O.E.N. n° 22 du 28 Mai.) qui dessine d'ambitieux objectifs : « L'informatique est un phénomène qui est en train de bouleverser profondément les pays industrialisés... (ses applications) en font un outil scientifique, technique et intellectuel unique.
L'enseignement secondaire tout entier et dès la classe de 4ème
(sic) ne peut rester à l'écart de cette révolution. Il doit préparer au monde de demain dans lequel ceux qui ignoreront tout de l'informatique seront infirmes. Il doit apprendre la portée de cet outil pour éviter les enthousiasmes excessifs et les scepticismes étroits. Il doit profiter de la valeur formatrice de l'enseignement de l'informatique, de la rigueur et de la logique qu'elle impose. Il doit faire apparaître la portée économique du phénomène et faire savoir ce que l'informatique peut apporter à la vie professionnelle. Enfin, il doit préparer les consciences à affronter les responsabilités nouvelles créées par sa généralisation. »

     Mais l'originalité de l'expérience française tient surtout à l'attitude des responsables, le Chargé de mission à l'informatique et le Comité pédagogique qu'il anime au Ministère : les problèmes posés par l'introduction de l'informatique sont pédagogiques, leur solution est affaire d'enseignants, l'expérience débutera donc par une sérieuse formation informatique d'enseignants plongés dans la réalité industrielle des constructeurs d'ordinateurs. Il sera demandé à ces cobayes d'étudier comment utiliser cette formation et cette informatique dans leur enseignement.

     Le plus souvent à l'étranger, il en alla autrement ; on tira de l'essor de l'informatique et des ordinateurs, la nécessité d'introduire, dans les établissements scolaires, les informaticiens, leurs machines et leurs programmes.

     C'est ainsi que, dans la région parisienne, à la rentrée de 1970-1971, sélectionnés parmi 1 024 candidats (sic), 80 enseignants, venus de partout, se retrouvèrent, pour une année scolaire, répartis dans les trois centres de formation des principaux constructeurs d'ordinateurs (40 chez I.B.M., 20 à CII, 20 chez Honeywell-Bull).

     Très tôt les difficultés de l'entreprise provoquèrent désarroi, insatisfaction et protestations : stagiaires éloignés de leur famille et questions matérielles, inadaptation et hétérogénéité des stages malgré la bonne volonté et les efforts d'un encadrement par trop habitué aux professionnels de l'informatique, incompatibilité des machines et des langages d'un centre à l'autre, complexité des problèmes nouveaux posés par la mise en cause des démarches pédagogiques ordinaires et des contenus d'enseignements traditionnels, crainte d'une atteinte à la liberté et à la responsabilité pédagogiques, dangers d'ingérence dans le service public de sociétés et d'intérêts privés, incertitude de l'avenir entretenue par des réponses administratives jugées trop vagues...

     Dès leurs premières réunions d'ensemble, les stagiaires ressentirent la nécessité d'une structure spécifique d'accueil, d'échange d'informations, de réflexions et qui permette, en toute occasion, leur expression collective indépendante. L'association Enseignement Public et Informatique (E.P.I.) fut déclarée le ler Février 1971 et constituée lors de l'assemblée générale du 10 juin.

     Ce contexte a donné à l'E.P.I. les orientations qui sont restées les siennes. L'éditorial du bulletin n° 1 insistait sur la nécessité de l'information sur l'informatique, le refus du dogmatisme (on ne peut désigner « avec certitude les applications qu'il faut repousser à tout prix et celles qu'il faut encourager »), la vocation accueillante à l'égard des expériences pédagogiques (informatique comme matière d'enseignement, comme méthode de pensée pour les disciplines existantes, comme outil pédagogique). Il s'achevait par un appel à la vigilance : « Membres de l'enseignement public, nous ne devons pas nous laisser déposséder de nos responsabilités. C'est à nous qu'il 'appartient de dire comment nous utiliserons et comment nous n'utiliserons pas l'informatique. » L'essor de l'association montra qu'elle répondait à une attente des collègues : à la fin de 1971 l'effectif avait décuplé pour approcher sept cents adhérents ; une douzaine de Régionales étaient en cours de constitution.

     Alors que la circulaire du 21 mai 1970 envisageait aussi un enseignement de l'informatique par les professeurs formés en 1970-1971 « soit à l'occasion de leurs cours traditionnels, soit dans des cours spéciaux pour volontaires, organisés à l'intérieur de l'horaire », le Comité pédagogique donna place prépondérante à l'outil pédagogique pour les disciplines générales et à la pratique de la démarche informatique (modélisante, algorithmique et organisationnelle). Si l'accord se fit très tôt entre l'administration, les syndicats et l'E.P.I. pour ne pas envisager, pour l'informatique, la création d'une discipline nouvelle d'enseignement général et une catégorie particulière d'enseignants, l'initiation des élèves à l'informatique fut encouragée par l'E.P.I. dont les adhérents animèrent très tôt de nombreux et actifs clubs informatiques.

     Parallèlement, la Délégation à l'informatique avait passé contrat avec l'École Supérieure d'Électricité pour la définition d'un langage adapté aux besoins de l'enseignement secondaire. Le rapport d'octobre 1971 décrivait le Langage Symbolique d'Enseignement (L.S.E.) extension d'un langage français développé et utilisé à Sup-Elec depuis 1968 : simple d'usage sans être rudimentaire (procédures, récursivité, fonction chaînes, mode machine de bureau...), conversationnel, système « temps partagé », ensemble de modules... Ce langage est adapté aux mini-ordinateurs alors mis au point (4 à 8 Kmots de 16 bits pour la mémoire centrale, disque auxiliaire d'au moins 100 Koctets, 8 consoles ou plus... ). Ainsi, avec L.S.E. la cohérence de l'expérience devenait possible : échanges et coordination pour la formation, la recherche, l'expérimentation... et à tous les niveaux. Ce n'était pas rien pour des collègues qui avaient pratiqué des langages assembleurs de machines incompatibles et des langages évolués divers (surtout FORTRAN, COBOL et PL/1). Seuls les stagiaires d'Honeywell-Bull avaient rencontré BASIC une semaine ; nombreux sont les collègues qui durent attendre les conférences du C.N.A.M. et le 3ème trimestre de 1972 pour le découvrir.

     Dans toute cette affaire « secondaire » doit être entendu comme aujourd'hui on entend « de second degré », incluant tous les lycées mais aussi tous les collèges (les premiers cycles de lycées, les collèges d'enseignement général, les collèges d'enseignement technique d'alors). L'appellation trompeuse « d'expérience des 58 lycées » fut donnée après que collèges et lycées aient été séparés (loi de 1975 sur les C.E.S.). Parmi les stagiaires de 1970-1971 on comptait 20 P.E.G.C., treize enseignants du « technique » de catégories diverses, 47 titulaires de CAPES ou agrégations qui pouvaient enseigner indifféremment dans l'un ou l'autre cycle. Les thèmes d'études retenus pour ses travaux de 1971-1972 par la Régionale E.P.I. de Paris sont : l'appartenance en 6ème, la notion de temps en 3ème, l'expression de la cause en 4ème et la notion de modèle en Terminale. Le niveau « collège » est donc privilégié et cela a été très souvent le cas, les élèves du premier cycle étant, peut-être, plus « malléables et disponibles » que ceux du second, vite obnubilés par l'échéance de l'examen.

- Formations

     Les leçons du premier stage tirées, la formation approfondie « lourde » se déroulera, à partir de 1971-1972, en milieu universitaire dans quatre centres : I.U.T. de Nancy, de Toulouse I.M.A.G.de Grenoble et E.N.S. de St Cloud (ici à mi-temps). Comme l'avait souhaité l'E.P.I., l'encadrement fut « panaché » (enseignants du supérieur et enseignants du secondaire, du terrain), le recrutement des stagiaires (9,8) resta pluricatégoriel et pluridisciplinaire. L'ouverture du centre de Rennes en 1973 n'augmenta pas l'effectif annuel qui passa de 90 à 80.

     Ainsi de 1970 à 1976, 528 collègues furent formés (140 « mathématiciens », environ 200 « littéraires », plus de quarante « économistes »...). Le souci de former des équipes en rapport avec les établissements équipés prévalut sur celui d'une répartition géographiquement satisfaisante, cela n'alla pas sans problème, compte tenu du grand nombre de candidatures.

     Dans le même temps, le C.N.T.E. de Vanves diffusa un cours par correspondance rédigé par un groupe d'enseignants et complété par deux fois deux jours d'applications sur ordinateur. Cette formation dite « légère » concerna plus de 5 000 collègues. Enfin, nombreux furent ceux qui se formèrent « sur le tas » et/ou en dehors de l'expérience.

- Coordination, recherche et expérimentation pédagogiques

     Dès la rentrée de 1971, était créée à l'I.N.R.D.P., la Section Informatique et Enseignement (S.I.E.) comprenant, au départ, trois personnes dont deux des premiers stagiaires. Son rôle fut de réunir et de distribuer les informations, d'animer et de coordonner les recherches pédagogiques, d'en valider et diffuser les résultats. Avec des moyens toujours très limités, la S.I.E. a su, par un travail soutenu, considérable, éviter la gadgétisation informatique, assurer la qualité pédagogique comme la cohérence du dispositif, aider et stimuler efficacement les collègues impliqués. Ceux-ci se répartirent en groupes et sous-groupes de recherches disciplinaires et interdisciplinaires comme le groupe « Informatique et Sciences humaines » qui tint deux réunions mensuelles dès le premier trimestre 1971.

     En 1972, débutait la publication du bulletin de liaison (15 Numéros, des numéros spéciaux, celui d'avril 1973 étant le premier manuel du L.S.E. réédité et complété en janvier 1975). Au total plus de 2 500 pages diffusées sans compter les feuilles d'information adressées par ailleurs.

     Fin 1973, étaient diffusés les premiers logiciels produits sous forme de fiches pédagogiques et de rubans perforés pour le chargement en machine (plus de 5 000 furent ainsi dupliqués et expédiés). La banque, peu à peu enrichie, compta finalement quatre cents logiciels pédagogiques. Comme le montre le catalogue de l'I.N.R.P. (juin 80) l'enseignement du premier cycle était largement concerné (par 1/3 des logiciels de mathématiques et d'histoire-géographie, par 90 % des logiciels de lettres, par tous les logiciels de langues...)

     À partir de 1974, la S.I.E. comprenait un groupe d'évaluation de six personnes qui étudiaient le fonctionnement des établissements équipés et les conséquences pédagogiques de l'introduction de l'informatique (observations directes, expérimentations, enquêtes... ).

     Enfin, la participation aux rencontres internationales (I.F.I.P., O.C.D.E.) et surtout l'organisation de séminaires nationaux chaque année, donnèrent à l'expérience son dynamisme et son rayonnement.

     Comme les bulletins de liaison, les bulletins de l'E.P.I. témoignent de la richesse des activités et de la diversité des sujets abordés (langage d'auteur pour le n° 5 en 1973, docimologie dans le n° 6, activité modélisante et langage dans le n° 7 en 1974, lexicologie dans le n° 10 en 1975...). Les actions pour obtenir les moyens nécessaires n'étaient pas oubliées : que d'évocations des heures effectives de décharge de service !

Équipements

     Outre ces moyens, les « formés » et l'E.P.I. réclamèrent également dès 1971, les ordinateurs sans lesquels la démarche informatique risquait d'être ramenée à une forme nouvelle d'abstraction. La demande d'initiation informatique des maîtres comme des élèves « contaminés » par les stagiaires rentrés dans leurs établissements, allait dans le même sens.

     La rencontre française de deux mini-ordinateurs (Mitra 15 de la CII et T1600 de la Télémécanique Électrique) et du système L.S.E. assura une compatibilité et une portabilité bien supérieures à ce qu'aurait permis alors toute autre combinaison. Le « temps partagé » fut utilisé pour entourer chaque machine de 8 consoles (16 postes de travail avec deux élèves par console) avec une télétype ayant un lecteur/perforateur de ruban. Le coût élevé donc les faibles dimensions de la mémoire centrale exigeaient une mémoire auxiliaire, disque de 128 Koctets jugé au départ plus que suffisant et qui s'avéra, très vite et partout, bien exigu, ce qui imposa lé doublement de sa capacité.

     Les quatre premiers lycées furent équipés, à proximité des quatre premiers centres de formation « lourde », en 1973-1974 ; 11 autres en 1973-1974, 23 en 1974-1975 et 20 en 1975-1976 Alors l'expérience devint celle des « 58 lycées », mais 60 % d'entre eux partagent leurs locaux avec un collège et plus de 20 % reçoivent régulièrement des élèves de l'extérieur (enquête d'avril 1977 et supplément au bulletin de liaison n° 14).

     Quels furent les critères de choix des implantations ? Sans doute l'existence d'une équipe d'enseignants formés, ayant des projets pédagogiques, fut-elle déterminante. Ainsi les moyens attribués à ces personnels (décharges de service) ne nécessitaient pas une répartition rigide entre travaux dans les groupes de recherches pédagogiques et activités dans les établissements équipés. L'expérience y gagna encore en cohérence. Soucieuse de la totale maîtrise de l'outil par les enseignants, l'E.P.I. préféra la gestion des salles d'informatique par les maîtres eux-mêmes plutôt que le recours à des techniciens informatiques. Le manque d'intérêt des constructeurs pour le L.S.E. amena d'ailleurs très vite les enseignants à prendre en charge l'évolution du langage. Cela eut peut-être l'avantage de « protéger » le service public de beaucoup d'influences délétères.

II - LE COUP D'ARRÊT DE 1976

     En septembre 1975, le Secrétaire d'État aux Universités supprime la Mission à l'informatique.

     Les difficultés économiques entraînent un plan d'austérité et un budget de rigueur pour l'Éducation nationale en 1976. La Direction générale de la programmation et de la coordination (D.G.P.C.), qui a confié la gestion de l'expérience à la Direction des lycées, supprime les formations et décide de l'arrêt des équipements (janvier-février 1976).

     L'E.P.I., les stagiaires en formation protestent et font des contre-propositions visant à améliorer les conditions de l'expérience. Pour le ministère, le développement d'une expérience d'une telle envergure ne peut se concevoir que dans la perspective de la généralisation de l'introduction de l'informatique ; l'évolution rapide des matériels et des coûts doit conduire à une autre politique d'équipement ; aussi attendra-t-on quatre ans pour se prononcer, après les résultats d'une évaluation par le groupe de l'I.N.R.P., assisté d'une commission ministérielle d'orientation...

     Toutefois, le volume des décharges de service et une partie des postes attribués antérieurement sont conservés ; quelques améliorations techniques facilitent l'usage des matériels en place (notamment les lecteurs/enregistreurs de disquettes 8 pouces). Une nouvelle série de cours du C.N.T.E. assortie d'un stage de trois jours est diffusée entre 1976 et 1979 ; elle est payante. Elle touchera un millier de collègues. Mais il n'y aura aucune formation approfondie de 1976 à 1981.

     Fin 1976, dans le bulletin n° 14, l'E.P.I. publie ses propositions « pour une généralisation de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement ». Quatre pages sont consacrées aux objectifs, aux moyens (en personnel, en matériel, en logiciel), à la formation des enseignants et à la recherche pédagogique.

     « Mise en orbite d'attente » l'expérience se contracte, perd de sa substance, réduit ses ambitions. L'équipe de l'I.N.R.P. poursuit sur sa lancée avec des moyens de plus en plus limités. Elle s'efforce d'organiser encore des colloques (deux à Toulouse) ; la dernière « réunion de travail » au C.I.EP. de Sèvres les 25 et 26 Mai 1978 fournit la substance du dernier bulletin de liaison en décembre 1978. Le rattachement de la recherche en informatique pédagogique à un département de l'I.N.R.P. nouveau n'apporte guère d'espoirs de développement.

     Pour l'E.P.I. commence « la traversée du désert ». Elle perd les trois quarts de ses adhérents et s'épuise en interventions pour défendre les décharges de service effectives et lutter contre l'arbitraire préludant à leur attribution. Les bulletins sont de plus en plus espacés.

III - LES « 10 000 MICRO-ORDINATEURS »

- « L'informatisation de la société », rapport de Simon NORA et Alain MINC est remis en janvier 1978 au Président de la République qui, en novembre, demande au gouvernement d'élaborer un nouveau plan informatique pour accroître l'efficacité, la compétitivité du système économique. L'avènement des micro-ordinateurs et la télématique permettent une consommation informatique de masse ; il faut développer la demande des utilisateurs.

     En février 1979, le Ministère de l'industrie et la Mission à l'Informatique proposent au Ministère de l'Éducation nationale le financement dès 1979, du début d'un plan tendant à la généralisation des équipements des lycées en micro-ordinateurs.

     Le bulletin n° 18 publie le Manifeste de l'E.P.I. pour étendre et diversifier l'introduction de l'informatique dans l'enseignement : « Nul ne peut ignorer l'informatique dans le monde moderne. Elle nous concerne tous comme travailleurs, comme consommateurs, comme citoyens et elle nous concerne d'autant plus qu'elle a des implications, non seulement dans le domaine matériel, mais aussi dans celui de la pensée et de la communication, En tant qu'outil pédagogique, elle peut s'appliquer à tous les niveaux d'enseignement. Mais elle ne doit pas se limiter à cela. Elle doit aussi devenir un élément de culture générale dont tous les élèves puissent bénéficier. » L'informatique doit être un moyen de démocratisation mis en oeuvre dans la scolarité obligatoire, les espaces scolaires défavorisés. Le développement ne peut ignorer les acquis de l'expérience antérieure ; la diversification des matériels et des langages ne saurait faire abandonner la compatibilité et la portabilité (« sauvegarder le travail réalisé (400 logiciels), préserver la compatibilité en définissant sur les divers supports une structure unique de fichiers et en conservant le langage L.S.E... ») ; il faut « prendre comme critère essentiel les objectifs pédagogiques des enseignants », relancer les formations en donnant priorité à la formation approfondie d'un an, développer la recherche en équipes pluridisciplinaires dans un centre national et des centres académiques, attribuer au moins l'équivalent d'un demi-poste pour l'animation des établissements équipés....

     Se fondant sur ce manifeste, le Bureau de l'E.P.I. multiplie les interventions auprès des autorités administratives (y compris à la Direction des Collèges, à la Direction des Écoles) et alerte les syndicats et les associations concernées.

     La D.G.P.C. crée un groupe de travail ministériel et confie la maîtrise d'oeuvre à la Direction des Lycées. Dans une perspective de généralisation pour les lycées, les objectifs principaux sont l'utilisation du micro-ordinateur comme outil pédagogique dans les disciplines pour améliorer l'enseignement et la familiarisation des élèves avec l'informatique pour la démythifier et leur faire mieux comprendre le monde où ils vivent.

     Du 24 au 28 septembre 1979, le colloque « Informatique et Société » consacra cette nouvelle politique. 1980 apparaît l'année charnière : les médias mettent l'informatique au goût du jour. Les études foisonnent (Mission Tébéka, Mission Simon Éducation et informatisation de la société... ). L'Agence de l'Informatique récemment créée aide au développement. Les organisations, particulièrement les syndicats, prennent conscience de l'importance de l'enjeu... Grâce aux initiatives des enseignants, le L.S.E. est adapté aux micro-ordinateurs, l'E.P.I. réalise la version correspondante du manuel, L.S.E. pour tous, elle reprend son essor.

     Le 25 novembre 1980, lors du mariage du siècle « Éducation et Informatique », le Ministre de l'Éducation nationale présente son plan : tous les lycées équipés d'ici 1986, une option informatique est créée ; pour les collèges, seulement une expérience ; pour les écoles, jeux et calculettes.

- les équipements

     La procédure suivie est celle des marchés publics. Les cahiers des charges concernent des micro-ordinateurs autonomes avec leur BASIC et L.S.E. (la normalisation en est demandée par l'Éducation nationale à l'A.F.N.O.R.)

· lre tranche (1979-1980) : 416 machines (LX 500 de Logabax, Xl de la Sté Occitane d'électronique) dans 170 établissements (une, deux, quatre ou huit machines par lycée). Un souci de meilleure répartition géographique mais trop de « saupoudrage », une équivoque introduite par l'adjonction tardive d'une expérience d'informatique documentaire aux C.D.I. et des difficultés dues aux constructeurs (faillite de la Société Occitane ...)

· 2ème tranche (1980-1981) : 800 machines (LX de Logabax et Micral 8022 de R2E) ; 8 machines et une imprimante par lycée.

     La direction des Lycées demande qu'une partie de la bibliothèque de logiciels soit transcrite pour les micro-ordinateurs ; à cet effet un groupe est mis en place au lycée de Sèvres et la diffusion par le C.N.D.P. est envisagée.

- les formations

     Il est décidé d'accompagner l'équipement des établissements par une « formation légère » donnée sur place pour les volontaires. L'E.P.I. obtient son étirement à deux semaines (le plus souvent 4 séquences de 3 jours) mais doit attendre 1981 pour que les formations approfondies soient relancées. En effet à la rentrée de 1979-1980, une trentaine d'anciens stagiaires, prélevés dans le vivier des « 58 lycées », suivent un stage de perfectionnement de trois semaines à Sèvres pour devenir des formateurs pour la nouvelle formation légère. En deux ans elle concerne plus de 4 000 collègues.

     Dans le second trimestre de 1980-1981, et pour moins d'une centaine d'enseignants, les centres de l'ENS de St Cloud des I.U.T. de Nancy et de Toulouse rouvrent enfin.

- le programme expérimental des collèges

     Dans le programme d'action du Ministère (mars 1981) les objectifs en sont nombreux : familiariser avec l'informatique, outil pour l'acquisition des savoirs, aide aux élèves, en difficulté, individualisation, soutien, sensibilisation dans l'option technologique en 4ème. L'équipement d'une centaine de collèges est envisagé ; neuf collèges auront un terminal dans l'expérience télématique de Vélisy. Pour la formation, on compte sur les Centres de formation des P.E.G.C. mais l'appel sera fait également aux centres universitaires de formation approfondie. Au niveau académique, la sensibilisation des enseignants des collèges est entreprise à l'initiative des responsables informatiques mais l'afflux des candidats en limite la portée (les 36 heures prévues à Versailles sont ramenées à une dizaine car il y a six cents candidats) .

IV - L'ACCÉLÉRATION

     Dès le 20 mai 1981, l'E.P.I. demande audience au nouveau Ministre de l'éducation Nationale et, à l'annonce du « gel » du plan informatique, multiplie les interventions à tous les niveaux administratifs (particulièrement au Cabinet du Ministre), sollicite l'appui des syndicats, des associations de spécialistes... La réaction du Ministère est rapide : le 3 Juillet, une mission est confiée à Claude PAIR et Yves LE CORRE ; le 23 Juillet une note annonce, pour la rentrée, l'accroissement des formations et des équipements, la mise en place de l'option en Seconde. Une phase de concertation et de travail sans précédent s'ouvre. Le rapport sur « L'Introduction de l'informatique dans l'Éducation nationale », remis le 15 octobre, reprend l'essentiel des préoccupations exprimées par l'E.P.I. (cf. bulletin n° 25, pages 28 à 36) mais, dans la pratique, il limite l'effort pour les collèges à l'expérimentation souhaitée par la Direction des Collèges alors que l'effort pour les lycées est très sensiblement accru. Il s'accélèrera avec l'expérimentation en Lycées d'enseignement professionnel puis l'équipement de nombre de ces établissements (fin 1982, environ la moitié des sept cents lycées équipés sont des L.E.P.).

     On peut dès lors séparer plus facilement l'histoire informatique des collèges de celle des lycées encore que les services intervenant dans les deux soient toujours nombreux D.G.P.C. (Prospective et développement des moyens techniques et scientifiques dans l'éducation) puis M.I.T.I.F. (Mission des Techniques nouvelles de l'innovation pédagogique et de la formation) et enfin Mission de la formation et de la recherche pédagogique avec les Missions académiques correspondantes ; Mission informatique du C.N.D.P. avec C.R.D.P. et C.D.D.P., I.N.R.P. et recherches pédagogiques. Souvent dans les rectorats, les mêmes responsables informatiques sont chargés des Collèges et des Lycées. Les Centres universitaires de formation approfondie accueillent toujours des stagiaires venant des Collèges et des Lycées. Si l'interfaçage Lycées-Collèges est très riche, il n'est pas toujours satisfaisant et la décentralisation est souvent source de complications. L'E.P.I. demande une plus grande cohérence des actions en informatique pédagogique, des perspectives nettes et un pilotage national suffisant.

- En 1981-1982

     Les 48 premiers collèges expérimentaux sont choisis, leur équipement commence en 82 (6 Micral 80-22 G avec carte graphique et une imprimante Lina 11). Chaque établissement dispose de l'équivalent d'un poste d'adjoint d'enseignement (18 heures) pour la gestion de la salle d'informatique, l'animation de l'équipe informatique, la mise en oeuvre et la production de logiciels, les relations extérieures ; mais ces moyens ne sont pas utilisables pour la formation des collègues de l'établissement ou l'animation du club informatique (note du 9 juin 1983).

     La Commission COLLÈGES, dans le bulletin n° 25, prend position et publie une adaptation aux collèges de la charte de l'E.P.I. (6 Machines sont insuffisantes, il en faudrait 8 voire 12 ; La priorité doit aller à la formation pluridisciplinaire, pluricatégorielle avec des formations approfondies nombreuses pour constituer un vivier de formateurs ; la transparence dans les procédures de choix des stagiaires est réclamée comme des heures d'animation dans tous les collèges pratiquant l'informatique même s'ils ne sont pas « expérimentaux »...)

     Au centre de formation des P.E.G.C. d'Auteuil, quatre stages de cinq semaines forment, par groupes de douze, les 48 responsables informatiques des collèges équipés.

     En formation approfondie (11 centres universitaires et près de 250 stagiaires au total) on retrouve, pour un trimestre, les 9 directeurs d'études en stage depuis février 1981 et, pour l'année, quatre autres directeurs d'études, destinés, comme les précédents, à être formateurs, et 13 enseignants de collèges formés à l'époque pour devenir de futurs auteurs de logiciels.

- En 1982-1983

     À la rentrée est constituée avec quatre collègues, en demi-service, auprès du chargé de mission à la Direction des Collèges, une cellule informatique. Elle a pour rôle le pilotage de l'expérience, l'échange d'informations et des produits ; elle diffuse un bulletin « Antenne 84 ».

     La deuxième tranche d'équipement concerne 36 collèges. L'E.P.I. rappelle ses préoccupations : la configuration à 6 micro-ordinateurs est insuffisante, le « saupoudrage » envisagé hors expérimentation n'est pas efficace, la priorité de la formation doit se traduire par l'accroissement sensible de l'effectif des stagiaires en formation approfondie.

     Au Centre d'Auteuil, les 36 responsables informatiques nouveaux reçoivent une formation d'un trimestre. Mais 46 stagiaires sont en formation lourde (sur les 380 répartis entre 15 centres) et les Missions académiques intègrent dans leur plan des formations pour les personnels des collèges.

     Annoncé le 2 février 1983 par le Président de la République, le plan d'équipement en micro-ordinateurs « grand public » de seize départements (6 000 TO7 livrés en 1983 et 1984) intéresse les collèges au même titre que les écoles et les L.E.P. mais il complique singulièrement le dispositif d'ensemble. Le financement est partagé entre l'Éducation nationale et les Conseils Généraux qui interviennent donc dans la mise en oeuvre. L'administration des collèges et celle des lycées font, à la différence de celle des écoles, peu de place à l'échelon départemental. La direction des écoles peut donc se manifester plus efficacement que les autres directions pédagogiques. Elle trouve dans « l'opération TO7 » l'occasion d'organiser des réunions nationales où les deux autres directions « font figure de parents pauvres ».

     La diversité dans les conditions de répartition des machines et de formation des maîtres est très grande ; dans chaque département, le chef de projet' est soit l'Inspecteur d'Académie, soit le Directeur d'École Normale, soit le Directeur du C.D.D.P. Les personnels des collèges sont peu représentés parmi les animateurs, les formateurs ; les formations qui leur sont proposées sont souvent insuffisantes et se font essentiellement en dehors de leur service. Enfin les TO7 livrés ne permettent pas d'utiliser le langage L.S.E. et les logiciels du C.N.D.P. Les efforts actuellement réalisés, notamment par l'E.P.I., pour l'implantation du L.S.E. et de logo devraient aboutir en 1984.

     Dans ces conditions, les instructions nationales données par la Direction des Collèges ne peuvent être précises et la coordination avec l'expérience des 84 collèges est très difficile. La réalisation de réseaux locaux associant les deux types de micro-ordinateurs est une des solutions avancées par l'E.P.I.

- En 1983-1984

     En attribuant aux formations l'équivalent de plusieurs centaines de postes, la Direction des Collèges fait un effort sans précédent : 180 stagiaires en formation approfondie (sur un total de 500 répartis en 20 centres) et une place appréciable faite aux personnels des collèges dans les plans académiques de formation. À Auteuil, six stages d'un demi-trimestre apportent un enseignant formé de plus à chacun des collèges expérimentaux.

     De même, à la suite de l'appel d'offres du C.N.D.P. (Unité Logiciel) pour la production des logiciels, 166 dossiers concernant les collèges (sur plus de 800) ont été étudiés ; 35 projets ont été retenus et sont suivis par la Direction des Collèges (10 sur 44 en mathématiques, 6 sur 58 en Lettres et Latin 5 sur 7 en langues, 3 sur 10 en sciences humaines, 1 sur 2 en arts plastiques, 1 sur 4 en musique, 7 sur 26 en sciences physiques et naturelles, 2 sur 15 interdisciplinaires). Cet effort est-il compatible avec le souci d'encourager et de développer une production dans les 84 collèges dont les logiciels « apportent un complément indispensable à la bibliothèque du C.N.D.P. » (en 1983, 317 logiciels sont ainsi parvenus à la cellule informatique qui en a diffusé 44) ?

     Enfin, si les 84 collèges expérimentaux reçoivent un micro-ordinateur supplémentaire, le « saupoudrage » continue puisque 192 collèges se verraient attribuer un Micral 80-22 G (pour un sur deux, une imprimante) premier élément d'une configuration à venir, complétée en 1983-84 par quelques machines « bas de gamme ». Compte tenu des crédits de 1984 et des marchés ouverts par l'Éducation nationale, le moment n'est-il pas venu de définir la ou les configurations informatiques choisies pour les collèges ?

     Alors que le déploiement de l'informatique dans l'enseignement parait irréversible, que les moyens budgétaires sont sensiblement accrus, l'administration des collèges semble encore souvent réticente, pour le moins très prudente. Certes, « après une période plus ou moins longue de démarrage » l'expérience des 84 collèges est lancée mais ne va-t-elle pas très vite être noyée dans le développement informatique programmé par le Ministère de l'Éducation nationale ?

     Qu'est-ce que 84 collèges et moins de 600 machines dans une perspective à cinq ans comportant 100 000 micro-ordinateurs sur plus de 10 000 sites ? Déjà, en dehors des opérations prises en charge par l'Éducation nationale, on trouve beaucoup d'équipements spontanés, « sauvages », très disparates, beaucoup de collègues autodidactes, se formant « sur le tas »... et la demande d'informatique croit rapidement.

     Le risque de confusion est grand que renforcent les hésitations sur les objectifs, les contenus, la durée des formations (qu'attendre de formations légères de 36 à 75 heures ? Que feront les « formés » et avec quels moyens ?...), sur les équipements, leur composition, leur répartition... L'indispensable coordination ne peut être assurée par quelques réunions de deux jours trop espacées dans le temps (en décembre 1981, en juin 1982 ; et en mai 1983 il s'agit de stages thématiques interacadémiques pour les seuls collèges expérimentaux) et la cellule informatique n'a pas assez de moyens pour assurer toutes les interfaces aux différents plans national, académique et départemental.

Le 26 Janvier 1984.

Pour cet historique, la bibliographie de première main est constituée

  • des publications de la Section Informatique et Enseignement de l'I.N.R.(D.)P.

    • bulletin de liaison : 15 numéros d'octobre 1971 à décembre 1978, deux suppléments (décembre 1976 et avril 1977), un numéro spécial (décembre 1976).

    • notes d'information : sept de janvier 1975 à avril 1979.

  • des publications de l'E.P.I.

    • bulletin : 17 numéros de 1971 à 1978 (n° 1 du 1er trimestre 1971-1972), trimestriel depuis le 1er trimestre 1981 (n° 21) avec un numéro spécial annuel.

    • lettres d'information du Bureau national.

Paru dans « L'informatique au collège », Dossier EPI n° 4, supplément au Bulletin de mars 1984.

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