ÉDUCATION ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
Pour une intégration réussie dans l'enseignement et l'apprentissage

Rapport annuel 1999-2000
du Conseil Supérieur de l'Éducation
Québec

 


     Ce rapport très dense et fort bien argumenté est disponible en format.pdf sur :

http://www.cse.gouv.qc.ca/f/pub/rappann/ra00-com.html

     Il est intéressant de confirmer combien les problèmes de nos amis québécois sont proches des nôtres en matière de développement des technologies de l'information et de la communication dans le système éducatif. À la différence de nous, ils en font une analyse très lucide. Nous citons ci-dessous de larges extraits de l'introduction mais le rapport doit d'être lu en entier.


     À n'en pas douter, le passage de la société industrielle à la société informationnelle ne se fait pas sans heurts et crée une zone de turbulence qui se répercute à travers tous les secteurs d'activité des sociétés contemporaines, y compris en éducation. Désormais, l'accès à une information abondante - de toute nature et de qualité variable - qu'offre le branchement en réseau oblige le système d'éducation à jouer un rôle prédominant dans la formation nécessaire à un usage éclairé de ces informations et à leur transformation éventuelle en savoir maîtrisé...

     ... En s'intéressant aux technologies nouvelles, le Conseil a dû déterminer quelles étaient les possibilités et les limites de celles [les compétences nécessaires] qui, dans l'état actuel et prévisible du développement technologique à court termes, pouvaient avoir le plus d'impact sur l'évolution de l'éducation et de l'institution scolaire telle qu'on la connaît depuis longtemps et qui a, somme toute, peu changé dans son essence. Le double phénomène d'Internet et du branchement en réseau performant, où l'information et la communication - que ce soit en mode synchrone (temps réel) ou asynchrone (temps différé), dans une combinaison de texte, d'images, d'animation et de son (le multimédia) - peuvent ouvrir la classe ou la salle de cours sur le monde et vice-versa, est majeur pour le système éducatif. Toutefois, d'autres technologies ou produits informatiques sont aussi appelés à jouer un rôle non négligeable dans la transformation de l'activité éducative et le Conseil ne peut totalement les écarter de sa réflexion ; que l'on pense, entre autres, aux cédéroms, aux logiciels d'application (dont les didacticiels et les exerciciels) ou de simulation, au livre électronique. Qu'il s'agisse d'intégration de ces technologies à des fins d'apprentissage ou de leur utilisation à des fins de qualification sociale et professionnelle, c'est la réalisation de la mission éducative qui doit constamment primer en éducation et c'est dans cette optique que le Conseil aborde le présent rapport sur l'état et les besoins de l'éducation.

     Certains posent en ces termes la question des technologies nouvelles en éducation : « peuvent-elles offrir à chaque jeune et, de façon plus large, à chaque individu apprenant, les clés d'une meilleure maîtrise de leur environnement, d'une progression constante dans la société de la connaissance ? peuvent-elles aider les professeurs à porter chaque individu, quels que soient son origine et son parcours initial, à atteindre le meilleur de ses capacités, pour faire face aux enjeux de l'avenir ? ». De telles préoccupations ont été à la base de la réflexion du Conseil dans la préparation de son rapport et ont guidé ses propos en matière d'intégration pédagogique de ces nouveaux outils à des fins d'enseignement et d'apprentissage.

     S'il est un leurre qui guette le système éducatif dans son intégration des technologies, c'est bien celui de « la fuite en avant techniciste », ou « quand le progrès se mesure uniquement en nombre d'ordinateurs et de connexions à Internet par individu ou par salle de classe » - négligeant les usages pédagogiques qui en sont faits. Tout en soulignant que l'étape d'acquisition de matériel n'est qu'un tout premier pas (certes essentiel) vers l'intégration des technologies à des fins pédagogiques, le premier chapitre du rapport fait le point sur l'état des lieux, dans le système éducatif, en matière d'efforts consentis pour doter les établissements scolaires d'un environnement informatique qui se prête à l'intégration des technologies en éducation. Des données statistiques sur le degré de pénétration des ordinateurs et des technologies de l'information et de la communication dans la société québécoise, à la maison ou en classe, mises en relation avec des données de même nature concernant la situation dans des sociétés comparables (en Amérique et en Europe), aident à situer le Québec dans son niveau d'ouverture aux technologies nouvelles et de l'appropriation qui en est faite par la population.

     Dans un deuxième chapitre, le Conseil précise sa pensée sur l'intégration pédagogique des technologies nouvelles à des fins d'apprentissage et d'enseignement, en identifie les tenants et les aboutissants, s'interroge sur le point d'équilibre à privilégier entre l'enthousiasme des uns et le scepticisme des autres quant aux retombées qu'elles peuvent avoir dans la réussite scolaire - et qu'une expérience encore trop récente empêche la recherche d'infirmer ou de confirmer. Il tente également d'apporter un certain éclairage sur des façons de faire susceptibles de favoriser l'utilisation des technologies en tant qu'outils pédagogiques avec lesquels et sur lesquels l'enseignant peut compter, dans un environnement matériel qui s'y prête.

     Parce qu'il considère que c'est le rôle que l'enseignant sera en mesure de bien faire jouer aux technologies dans sa pratique pédagogique qui est à la base d'une possible intégration à des fins d'enseignement et d'apprentissage, le Conseil se penche sur la formation initiale et continue des enseignants du primaire-secondaire dans le troisième chapitre du rapport, mais aussi sur les besoins de tout le personnel enseignant du système éducatif en la matière. Il s'interroge sur le rôle que peuvent et doivent jouer les facultés d'éducation dans la formation initiale ou continue des maîtres du primaire-secondaire dans un domaine comme celui de l'intégration des technologies nouvelles à la pratique enseignante. S'agissant de formation continue d'enseignants en exercice, à quelque ordre d'enseignement que ce soit, le sujet est abordé sous l'angle des objectifs qui y sont généralement poursuivis et de la diversité des acteurs qui offrent de tels services : s'agit-il surtout de formation technique ou d'utilisation des ressources technologiques à des fins pédagogiques ? Par ailleurs, compte tenu de l'ampleur des besoins et des attentes qui existent à travers tout le système éducatif concernant l'utilisation des technologies dans le cadre de stratégies d'apprentissage et d'enseignement, la question du développement de communautés virtuelles d'apprentissage, d'encadrement et de soutien aux praticiens de l'éducation est abordée.

     Une réflexion sur les conditions aptes à favoriser l'intégration pédagogique des technologies nouvelles en éducation, pour l'ensemble du système éducatif, fait l'objet du quatrième chapitre. Ces conditions doivent tenir compte tout autant des contraintes qu'impose le matériel faisant appel à l'utilisation de l'ordinateur en contexte éducatif que des exigences pédagogiques et institutionnelles qui y sont liées et qui doivent l'accompagner. Le Conseil explore un certain nombre de conditions de réussite de cette intégration, dont la question du temps à consacrer à l'implantation d'un tel changement, les besoins en matière de sensibilisation, d'information, de formation et de soutien (technique et pédagogique) de tous les acteurs concernés - et non pas seulement le personnel enseignant -, ainsi que le rôle des décideurs politiques et institutionnels dans le pilotage du changement à l'échelle du système comme à l'échelle institutionnelle, notamment celui de l'État.

     Le cinquième et dernier chapitre est consacré aux enjeux et aux défis que pose l'arrivée des technologies nouvelles, surtout celles de l'information et de la communication en réseau, dans le domaine de l'éducation. Sans nécessairement en faire une étude approfondie, le Conseil passe en revue un certain nombre de questions que soulève l'intégration des technologies en éducation sur les plans social, culturel et économique ; au nombre des sujets abordés, signalons la spécificité culturelle et linguistique du Québec, les risques inhérents à la présence de contenus non censurés mis à la portée de tout utilisateur du réseau Internet, les choix budgétaires qui s'imposent à l'État en éducation. Passant ensuite du général au particulier, le Conseil s'efforce de faire ressortir, pour chacun des ordres et secteurs d'enseignement, quels sont les enjeux et les défis que pose, de façon plus spécifique, l'intégration des technologies à des fins d'enseignement et d'apprentissage.

     Le Conseil partage l'avis de certains auteurs qui, comme Régis Debray en France, considèrent que c'est en grande partie l'éducation qui rendra possible la transformation d'un outil utilitaire en instrument de civilisation et de démocratisation et lui donnera une dignité culturelle. En conclusion, il rappelle les points saillants de sa réflexion et, de façon exceptionnelle dans un rapport annuel, formule des recommandations expresses à l'intention du ministre de l'Éducation. Il propose également à l'ensemble de la communauté éducative des pistes d'action ou d'intervention qu'il estime essentielles à une intégration réussie des technologies nouvelles en éducation.

     Des annexes viennent compléter et actualiser les propos du Conseil afin de rendre compte de quelques expériences réalisées en milieu éducatif et qu'il juge fort intéressantes et pertinentes dans une perspective d'intégration pédagogique des technologies nouvelles. Y figurent quelques repères utiles à cette fin sur Internet.

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Association EPI
25 octobre 2002

 

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