GROUPE « FORMATIONS » DE L'EPI (juin 2002)

Propositions en vue d'une formation à l'informatique pédagogique et aux technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le cadre de la formation initiale et de la formation continuée des futurs enseignants

 
UNE PRIORITÉ ABSOLUE

La formation initiale est le point faible du dispositif. Les jeunes collègues continuent de sortir des Iufm sans réelles compétences en informatique et surtout en utilisation des TICE dans leur discipline. Au mieux, ils savent les quelques fonctionnalités de base d'un traitement de texte. La raison essentielle est le manque de formateurs. Depuis des années l'EPI propose de recenser puis de faire appel aux compétences de terrain, seule façon de débloquer la situation en attendant les nouveaux formateurs issus de formations approfondies. La situation exceptionnelle nécessite des procédures exceptionnelles : faire appel à toutes les ressources multimédias (cédérom, internet , télévision publique...) et pourquoi pas à de jeunes retraités volontaires aux compétences reconnues qui viendraient, pour quelques années, compléter les ressources en formateurs des IUFM.

En effet, la priorité doit continuer d'être donnée (au delà des mots) à la formation initiale des nouveaux personnels qui constitue un point de passage obligé pour tous et présente une urgence absolue compte tenu du renouvellement en cours d'un très grand nombre d'enseignants.

LES OBJECTIFS GÉNÉRAUX

Les objectifs de ces actions de formation se déduisent des objectifs prioritaires retenus par les ministres successifs pour moderniser le système éducatif, à savoir « informer et former le futur citoyen » , « intégrer l'usage de l'outil informatique dans l'enseignement de toutes les disciplines » et « établir des liens entre culture générale et ouverture sur des savoir-faire professionnels ». Tout nouvel enseignant doit pouvoir acquérir une maîtrise suffisante des technologies et une connaissance précise des ressources potentielles que chacune peut apporter dans la ou les disciplines qu'il aura à enseigner, soit de manière directe : actualisation des connaissances, modernisation du traitement des informations, apports pédagogiques..., soit de manière plus large lorsque les aspects spécifiques à chaque discipline doivent être dépassés.

La formation à l'utilisation de l'informatique doit être nettement distinguée des questions liées à un enseignement spécifique de l'informatique. Il convient donc de poser clairement en principe que le but de cette formation initiale - pour la grande majorité des enseignants - n'est pas de former des professeurs d'informatique (cf. ci dessous), mais de permettre à tout enseignant, à quelque niveau que ce soit, d'intégrer de nouvelles méthodes de travail faisant appel aux techniques modernes de l'information et de la communication.

Nul ne peut ignorer maintenant les simulations, l'utilisation de ressources documentaires complexes, de même que les possibilités diverses de création de nouveaux documents (TdT) ou de nouveaux environnements (télématique, systèmes documentaires, ordinateur outil de laboratoire ou d'atelier...).

Les applications didactiques, qu'elles aident à l'entraînement, qu'elles favorisent une compréhension plus fouillée ou qu'elles permettent de simuler des situations impossibles à générer par d'autres moyens, s'améliorent. Elles ne peuvent plus être ignorées. 

En outre, il faut prendre en compte un ensemble d'effets induits : travail en équipe, modification des relations entre enseignants et élèves, modification de la nature même des travaux pouvant être entrepris... Dans certains cas, l'informatique peut apparaître comme un lien entre culture scientifique et culture littéraire (à condition que les uns et les autres n'imposent pas trop leur technicité.)

Nous proposons par ailleurs que dix pour cent des nouveaux enseignants (I.U.F.M.) et des enseignants en exercice (formations « lourdes ») reçoivent une formation plus approfondie leur permettant d'assumer efficacement les fonctions de formateurs, personnes-ressources, enseignants des options comprenant de l'informatique, enseignants d'une future discipline « informatique et TIC », concepteurs de logiciels pédagogiques... Nous répétons que la redéfinition et la relance de formations approfondies (dites « lourdes ») est indispensable pour préserver l'avenir.

INFORMATIQUE, TICE ET FORMATION DES MAITRES EN I.U.F.M.

L'informatique doit être largement présente au sein même des I.U.F.M. (gestion documentaire, gestion pédagogique..., bureautique). Les étudiants doivent pouvoir disposer, en prêt pour la durée de leurs études, d'un ordinateur portable.

Informatique générale

C'est à dire des connaissances et une pratique concernant : la structure et le fonctionnement des ordinateurs, des technologies associées (télématique, internet, CDROM...), les principaux logiciels... Nous préconisons un tronc commun modulaire car tous les étudiants ne sont pas au même niveau. Il est possible d'envisager également un enseignement « à la demande » faisant résolument appel aux ressources multimédias.

Informatique partie constitutive des différentes disciplines

Des champs entiers de l'informatique font (ou devraient faire) partie intégrante des disciplines. Ainsi , par exemple :

- la modélisation/simulation pour les disciplines expérimentales, l'économie... ,

- le calcul numérique et le calcul formel en maths,

- la lexicologie en lettres et langues,

- informatique et société en histoire, lettres, philosophie.

Ces savoirs et savoir faire devraient, à terme, être acquis en DEUG/licence. Ce ne sera malheureusement pas le cas partout et pour tous d'ici plusieurs années. Les I.U.F.M. doivent compenser au cours de la première année.

Informatique pédagogique

Même si les limites entre « informatique générale » et « Informatique partie constitutive des différentes disciplines » ne sont pas toujours nettes et parfois artificielles, il y a une utilisation plus spécifiquement pédagogique de l'informatique (ex : l'utilisation d'imagiciels en mathématique, la simulation expérimentale en sciences expérimentales, l'utilisation pédagogique d'un traitement de texte, les exerciseurs...).

Les futurs enseignants doivent d'abord connaître les principales utilisations :

- dans leur discipline,

- dans un groupe de disciplines proches,

- comme apport au travail autonome des élèves, à la pédagogie de projet, à la recherche documentaire.

Ils doivent ensuite être capables d'intégrer ces utilisations dans la constitution de séquences pédagogiques.

Ils doivent savoir que les applications qui leur sont proposées sont le résultat de travaux souvent empiriques de leurs aînés, qu'elles sont susceptibles d'évolution  résultant d'une recherche permanente à laquelle ils sont invités à participer.

Cette formation plus spécifiquement pédagogique peut être faite en deuxième année d'I.U.F.M. en faisant appel (cf. plus haut) à toutes les compétences de terrain disponibles qui sont à recenser.

Des combinaisons d'options peuvent permettre d'assurer des approfondissements souhaités par un certain nombre de futurs enseignants. Ces options pourraient se présenter sous la forme d'enseignements annuels ou semestriels et selon une structure modulaire qui pourrait en faciliter les articulations, à l'exemple de ce qui est déjà pratiqué dans beaucoup d'universités.

Ces dispositifs ne seront efficaces et ne fonctionneront valablement que si la Recherche Pédagogique est vraiment reconnue par l'institution, aussi bien dans les Centres de recherche (CNRS, INRP...), à l'Université que plus modestement sur le terrain et au quotidien, et si tout est fait pour que l'expérience accumulée au fil des années soit préservée et mise à la disposition des jeunes enseignants.

ÉVALUATION DES FORMATIONS

Un dispositif d'évaluation des formations initiales devrait être prévu. Il conviendrait en effet de veiller à une certaine homogénéité des contenus de formation qui seront dispensés. Il serait également nécessaire de définir avec précision la nature des aptitudes exigées des futurs enseignants à l'issue de chacune des étapes des formations suivies.

Il est important qu'une épreuve en sortie d'Iufm porte sur les connaissances et compétences en matière de Tic :

CONCOURS DE RECRUTEMENT

Prévues par le législateur depuis 1986 et mises en place pour toutes les catégories de personnels de la fonction publique, sauf pour les personnels enseignants de l'éducation nationale, les dispositions relatives à l'institution d'une épreuve « informatique et TICE » dans tous les concours de recrutement devraient être appliquées.

Sachant que leurs compétences en la matière seront obligatoirement évaluées dans les concours de recrutement, les étudiants feront l'effort indispensable. On ne ferait là que réinventer des processus déjà pratiqués dans plusieurs disciplines.

LA FORMATION CONTINUÉE

L'expérience acquise depuis une dizaine d'années prouve qu'aucune action de formation des personnels n'atteint jamais une efficacité immédiate et totale. Les dispositions qui seront prises en faveur de la formation initiale doivent donc comporter des compléments et des

prolongements dans le cadre d'une formation continuée ultérieure permettant de faire fructifier les investissements de la formation initiale ; certaines économies font perdre tout le bénéfice d'un travail fait antérieurement.

Par ailleurs, la mobilité professionnelle qui se développe dans tous les secteurs d'activité doit permettre aux enseignants de faire évoluer leurs carrières de façon plus large que par le passé. A titre transitoire, la mise en œuvre de véritables plans de reconversion d'enseignants de toutes disciplines apparaît souhaitable.

Il faut remettre les moyens sur les formations « lourdes », et sur des cursus identifiés qui permettent aux enseignants de se construire des parcours de formation cohérents et progressifs sur la durée, notamment par des formations « de proximité » dans les établissements.

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