NOUS AVONS LU
 

De l'histoire naturelle aux sciences de la vie et de la Terre

Claudine Meunier, Jean-Marie Raynaud, François Meunier, préface Guillaume Lecointe, Annette Krakowski, éd. ADAPT-SNES, 2014, 224 pages, 11 euros.

   Cet ouvrage bien documenté montre l'instabilité sur le long terme de l'enseignement des l'Histoire naturelle, puis des Sciences naturelles pour arriver aux Sciences de la vie et de la Terre. Il est passionnant pour les naturalistes qui y découvrent l'histoire complexe et chaotique de l'enseignement de leur discipline.

   Le premier chapitre rappelle quelques étapes de la longue histoire de la transmission des connaissances scientifiques dans le pourtour méditerranéen.

   Le chapitre 2 traite de l'évolution de l'enseignement des sciences naturelles par une analyse des textes officiels et de leur évolution. Sont pointées sévèrement les incohérences, les insuffisances méthodologiques, les difficultés pour les enseignants et leurs élèves.

   Dans le chapitre 3, pour faire émerger et comprendre les « maux » dont souffre l'enseignement SVT, les auteurs ont choisi d'approfondir quatre questions socialement vives : l'éducation sexuelle, l'écologie, l'évolution et la géologie.

   Nous laissons aux naturalistes avertis le soin de commenter cet ouvrage en détail.

   Pour ce qui nous concerne, nous ne pouvons nous empêcher de trouver quelques analogies à distance avec l'informatique actuelle ! Mais il faut remonter au 19e siècle : «  Dans les lycées, l'enseignement de l'Histoire naturelle n'occupe alors qu'une faible place (page 53) (...) cette matière, comprise dans celle des sciences physiques, est désormais enseignée par les professeurs de mathématiques. Il semble que ces derniers l'aient plus ou moins négligée peut-être du fait de leur incompétence dans ce domaine... »

   Plus sérieusement, on peut regretter que cet ouvrage, comme tellement d'autres, ne connaisse pas l'existence de la science informatique. Ainsi (page 135) quand les auteurs énumèrent les disciplines scientifiques, il ne peut s'agir que des mathématiques, de la physique, de la chimie et des sciences naturelles. Ils déplorent – à juste titre – que la généralité et la continuité de leur enseignement est souvent aléatoire et que leur apport culturel n'est pas reconnu. Que dirait-on alors de cette science du 21e siècle que l'on nomme informatique ?!

   L'EPI est citée (page 109) à propos des «outils informatiques comme aide à la pédagogie ». Nous ne renions évidemment pas cette approche mais elle est partielle. Et, à ce sujet, il aurait été intéressant de mentionner – ne serait-ce que dans la bibliographie – les journées APBG de Toulouse : « Informatique et enseignement de la Biologie-Géologie » et les deux dossiers dans les n° 3 et 4, 1978 du Bulletin de cette association.

   En conclusion (page 178) : «  Tout au long de la période analysée, les gouvernements se sont succédé mais les problèmes posés par l'enseignement des sciences en général, des sciences naturelles en particulier ont perduré. Les enseignements scientifiques expérimentaux restent des cibles privilégiées, qu'il s'agisse de la réforme du ministre René Monory (1986), de celle «de la rénovation des lycées» du ministre Lionel Jospin (1991) ou encore de celle du ministre François Bayrou (1993). Dès 1986, l'Académie des sciences s'est émue de la gravité de cette situation et elle a été amenée à prendre une position publique ! ». Elle s'est émue également de l'absence d'un enseignement de la science informatique...

   Et page 181 : « C'est en fait une véritable révolution culturelle qu'il faut mettre sur pied pour l'éducation et la formation des jeunes, et ceci dans les plus brefs délais ».

   Comment ne pas être d'accord ?

   L'enseignement des sciences est incomplet et mal mené depuis des décennies. Sans vision d'ensemble ni grand dessein.

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Association EPI
mai 2016

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