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OCDE et CERI
 

L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), qui a été instituée par une Convention signée le 14 décembre 1960, à Paris, a pour objectif de promouvoir des politiques visant :

- à réaliser la plus forte expansion possible de l'économie et de l'emploi et une progression du niveau de vie dans les pays Membres, tout en maintenant la stabilité financière, et contribuer ainsi au développement de l'économie mondiale ;

- à contribuer à une saine expansion économique dans les pays Membres, ainsi que non membres, en voie de développement économique ;

- à contribuer à l'expansion du commerce mondial sur une base multilatérale et non discriminatoire, conformément aux obligations internationales.

   Les Membres de l'OCDE sont : la République Fédérale d'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie.

Le Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement a été créé en juin 1968 pour une période initiale de trois ans grâce à un don de la Fondation Ford qui a été complété ultérieurement par un don des sociétés du Groupe Shell.

   Les principaux objectifs du Centre sont les suivants :

- Encourager et soutenir le développement des activités de recherche se rapportant à l'éducation et entreprendre, le cas échéant, des activités de cette nature ;

- Encourager et soutenir des expériences pilotes en vue d'introduire des innovations dans l'enseignement et d'en faire l'essai ;

- Encourager le développement de la coopération entre les pays Membres dans le domaine de la recherche et de l'innovation dans l'enseignement.

   Le Centre exerce son activité dans le cadre de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques, sous la responsabilité du Conseil de l'Organisation et du Secrétaire Général. Les activités sont supervisées par un Comité Directeur composé de personnalités indépendantes nommées par le Secrétaire Général à titre personnel.

Table des matières

Préface : par M. James Gass Directeur du CERI.

Première partie

1. L'allocutions d'ouverture :
M. P. Billecocq, Secrétaire d'État auprès du Ministre de l'Éducation nationale.
M. Benson E. L. Timmons III, Secrétaire Général Adjoint, OCDE.


13
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2. Un rapport sur le déroulement du séminaire :
M. André Kirchberger, Secrétariat CERl.


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3. Recommandations finales du séminaire

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Deuxième partie

Liste des participants

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Rapports présentés au séminaire :

Première Session

La signification de l'informatique dans son enseignement à l'école secondaire.

Notes sur la signification de l'informatique dans son enseignement à l'école secondaire,
par le Professeur Jacques Arsac, Directeur de l'Institut de Programmation à la Faculté des Sciences de Paris, France.

65

Élaboration des programmes scolaires d'informatique,
par M. W. F. Atchison, Directeur du Centre d'Informatique de l'Université de Maryland, USA.

73

L'enseignement de l'informatique dans les écoles secondaires
générales, par le Professeur A. van der Sluis, Elektronisch Reken-centrum der Rijksuniversiteit, Utrecht, Pays-Bas.

85

L'algorithmique et l'enseignement du second degré,
par M. B. Jaulin, Directeur du Centre de Mathématiques appliquées et de calcul à la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, France.

97

 
Seconde Session

Les objectifs et les contenus d'un enseignement de l'informatique dans l'enseignement secondaire.

Suggestions pour le contenu d'un enseignement de l'informatique dans les écoles secondaires,
par M. M. Bloxham, Oundle School, Peterborough, Royaume-Uni.

105

L'étude des ordinateurs dans les programmes d'enseignement de l'Ontario,
par le Dr, G. C, Bonham, Directeur Adjoint des Programmes, Ministère de l'Éducation de l'Ontario, Canada.

123

 
Troisième Session

L'enseignement de l'informatique et l'enseignement des autres disciplines.

L'influence des cours d'informatique sur l'enseignement des disciplines scolaires,
par M. G. Farringdon, Department of Computer Sciences, University Collège of Swansea, Royaume-Uni.

143

Intégration de l'informatique aux autres matières des programmes de l'enseignement secondaire,
par le Dr. 3. R. Zweerus, Elektro-nisch Rekencentrum der Rijksuniversiteit, Utrecht, Pays-Bas.

151

 
Quatrième Session

Méthodes et moyens d'un enseignement de l'informatique.

Dispositions actuelles concernant l'enseignement de l'informatique dans les écoles secondaires du Royaume-Uni,
par M. Meredith, National Computing Centre, Manchester, Royaume-Uni.

163

Les méthodes, les techniques et les moyens d'un enseignement de l'informatique à l'école secondaire,
par MM. J. C. Boussard et J. Kuntzmann, Faculté des Sciences de Grenoble, France.

179

 
Cinquième Session

La formation des enseignants à l'enseignement de l'informatique.

Initiation des maîtres à l'utilisation des ordinateurs dans l'enseignement,
par le Dr. S, Sharp, Directeur de "Instructional Systems", district scolaire, Philadelphie, Penn. États-Unis

197

Formation des professeurs et recyclage en informatique,
par M. J. Hebenstreit, Maître de Conférence à l'Institut de Programmation de Paris, France.

215

Suggestions pour un programme d'urgence d'initiation à l'enseignement de l'informatique (1970-1972) et pour la création de cours réguliers à partir de 1973,
par M. F. B. Lovîs, City Of Leicester College of Education, Royaume-Uni.

221

3 Études de base :

 

L'informatique dans les écoles secondaires d'Écosse – politique visant la formation des enseignants,
Scottish Education Department, Royaume-Uni.

243

Une première analyse des matériels pédagogiques destinés à l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire,
par M. J. Perriault, chargé d'Études à la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, France.

251

 
Préface
 

   Lorsque l'on écrira l'histoire des vingt-cinq dernières années du XXe siècle, le thème central en sera sans doute l'influence généralisée et irrésistible de l'évolution technologique. Des innovations dans ce domaine qui, à première vue, paraissent n'avoir qu'une importance marginale ont a maintes reprises déferlé sur la scène mondiale a une vitesse terrifiante. L'ordinateur ne fait pas exception à cette règle.

   Aujourd'hui, nous prenons cependant conscience, non sans peine – et peut-être trop tard – de la nécessité de considérer l'innovation technologique sous le double aspect de son retentissement sur la société et de sa contribution aux réalisations techniques et économiques. C'est dans ce contexte que les relations entre l'ordinateur et l'enseignement sont devenues, pour la plupart des pays Membres de l'OCDE un grave sujet de préoccupation.

   Tout d'abord, une chose est claire : il est indispensable que les enfants comprennent tous les aspects du monde technologique dans lequel ils sont appelés à vivre, sans quoi ils ne pourront pas échapper plus tard à des étonnements sans fondement ou à des craintes excessives en ce qui concerne les ordinateurs. Il faut prévoir à cette fin, pour la majorité des enfants, un « cours d'évaluation » sous une forme ou une autre, et pour bon nombre d'entre eux, la possibilité d'utiliser tôt ou tard un ordinateur. À cet égard, tout un monde de perspectives s'offre désormais à la coopération entre les écoles, les universités et les établissements scientifiques.

   En second lieu, la conjoncture fait que l'informatique – c'est-à-dire le système tout entier des concepts de l'information, et notamment les programmes (software) qui constituent un élément plus important que l'ordinateur lui-même – tend à s'imposer comme une discipline à part entière dans les programmes d'enseignement secondaire. De l'avis de certains, les constructions algorithmiques qui sont le fondement de cette science contribuent à introduire une nouvelle forme de raisonnement logique et de solution des problèmes – un « langage » aussi fondamental que les mathématiques ou le langage inné lui-même. Quoi qu'il en soit, il ne fait pas de doute que l'informatique à une portée qui dépasse largement sa simple utilisation par des spécialistes qui font leurs premiers pas dans ce domaine.

   Bien entendu, le fait que le nombre d'informaticiens, de programmeurs et autres techniciens réclamés par l'industrie, le commerce, l'administration et la science ne cesse de croître est un autre argument de poids en faveur de l'introduction de l'informatique dans les programmes scolaires.

   Cependant, quelle que soit la force de cet argument, il est primordial de reconnaître que l'introduction d'innovations importantes dans ces programmes soulève de difficiles et complexes problèmes. À l'heure actuelle, des pressions s'exercent de toutes parts sur les établissements d'enseignement pour les amener à modifier la teneur de leurs programmes et leurs méthodes pédagogiques dans une mesure qui dépasse les possibilités humaines des enfants et des maîtres, sans parler des parents. Aussi convient-il d'aborder la réforme des programmes de façon systématique et organisée, en d'autres termes, de développer comme il convient les programmes, les méthodes d'enseignement et la formation des enseignants, avant d'entreprendre des réformes radicales de nature à susciter un degré excessif de confusion et de frustration.

   Les travaux du CERI sur l'informatique à l'école secondaire ont pour objet d'aider les pays de l'OCDE à coopérer dans l'exécution de ces travaux de développement, et de disposer ainsi d'une large gamme d'informations, de données d'expérience et de résultats de développement, qu'ils n'auraient pu obtenir par leurs propres moyens. Ces travaux visent sans doute également à inciter certains pays à aborder ce problème plus rapidement et de façon plus systématique qu'ils ne l'auraient fait en d'autres circonstances.

   Le présent rapport a été établi à la suite d'un séminaire international, qui avait été organisé avec le concours des autorités françaises au Centre international d'études pédagogiques de Sèvres, aux environs de Paris, en mars 1970.

   Nous constatons avec satisfaction que les propositions en vue d'une coopération internationale, dont les grandes lignes figurent dans la dernière partie du présent rapport, sont déjà mises en oeuvre dans le cadre du programme du CERI.

James R. Gass
Directeur Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement

 
Allocution d ouverture de M. P. Billecocq

Secrétaire d'État auprès du Ministre de l'Éducation nationale (France)
 

   Je suis heureux de souhaiter la bienvenue en France à tous les participants de ce Séminaire, délégués nationaux et experts.

   Je suis particulièrement heureux de les accueillir, ainsi que M. Timmons, Secrétaire Général Adjoint de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques et ses collaborateurs, dans ce Centre international d'Études pédagogiques de Sèvres, qui est traditionnellement pour nous un lieu privilégié de rencontres et d'échanges, sous l'impulsion de son aimable et actif directeur, dont nous sommes les hôtes. La vocation pédagogique de ce Centre, comme son ouverture internationale constituent un cadre parfaitement adapté au caractère de votre réunion et je souhaite qu'il contribue, par sa commodité et son agrément, au bon déroulement de vos travaux.

   Je dois aussi remercier le Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement et notamment M. James Gass, son directeur, M. Kirchberger et son équipe, d'avoir organisé ici, pour la première fois en Europe, une rencontre sur l'enseignement de l'Informatique. Sans doute, depuis quelques années, précisément depuis que l'évolution extrêmement rapide de notre société nous a conduit à remettre en cause le système traditionnel d'enseignement, les recherches se sont-elles multipliées, donnant lieu à d'innombrables rapports, études, colloques et compte rendus. Au point qu'on pourrait utilement songer à un Séminaire où l'Informatique venant au secours des responsables de l'éducation eux-mêmes, leur éviterait d'être submergés par cette masse d'informations et en la « traitant », préserverait le temps de la réflexion et de la décision.

   Aussi, en créant récemment le Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement, l'OCDE prenait-elle un risque, celui d'ajouter un organisme supplémentaire à la liste de ceux qui se consacrent à la coopération internationale en éducation. C'était un pari sur l'ampleur des besoins à satisfaire au plan de la réflexion comme à celui de l'expérimentation. Nous voyons maintenant que le pari à été gagné : il se révèle en effet que le nouveau Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement, en décidant de choisir quelques thèmes dans des domaines de pointe soigneusement sélectionnés, et fondés sur des expériences menées dans les pays Membres, fait la preuve d'une méthode efficace.

   C'est ainsi que dès cette année, la France accueillera une autre rencontre sur le problème bien actuel de l'interdisciplinarité dans renseignement supérieur, et que précisément dans le domaine d l'Informatique se déroule actuellement à la faculté des Sciences de Paris une expérience patronnée par le CERI et appelée « ordinateurs pour étudiants ».Le thème choisi pour vos travaux ne va pas, à mon sens, sans un certain paradoxe. En effet, depuis que l'enseignement secondaire cherche à renouveler la conception encyclopédique sur laquelle il fut fondé par les siècles classiques, notre effort porte sur l'allégement des programmes en même temps que sur l'amélioration des méthodes pédagogiques. Et il ne manque pas, en France au moins, d'esprits chagrins pour déplorer que d'allégements en allégements on s'achemine, selon eux, vers un enseignement dévalué dont ils voient la cause dans la démocratisation rapide des études secondaires. Et vous vous interrogez sur l'introduction d'une discipline supplémentaire dans un curriculum déjà chargé qui, de l'avis de beaucoup, substitue à la véritable formation l'accumulation passive de connaissances qui seront bientôt périmées.

   Pourtant, « l'informatique constitue déjà aujourd'hui mais plus encore constituera demain la clef du développement industriel, et par voie de conséquence celle des changements économiques et socioculturels ». Et notre enseignement secondaire général, moins soucieux désormais de transmettre une « culture » fixée que de rendre les élèves disponibles au monde en leur forgeant les instruments d'une appréhension globale de la réalité, ne peut négliger cet outil.

   En réalité, le problème ne se poserait dans ces termes – introduire un nouvel enseignement en supprimant corrélativement une autre discipline – que dans l'enseignement technique et professionnel, mais là précisément, il est supposé résolu, au moins dans son principe, car il s'agit de former des spécialistes de cette technologie, et d'en former un nombre toujours plus grand. Au contraire, votre sujet est principalement l'enseignement général, où la contradiction disparaît, me semble-t-il, à deux conditions :

- que l'informatique ne soit pas considérée seulement comme la technique qui permet d'utiliser les ordinateurs, mais comme la méthode pour traiter l'information, c'est-à-dire la totalité desmessages reçus par l'homme dans son activité,

- que son enseignement dans nos écoles ne la constitue pas en une « discipline », une « matière du programme supplémentaire qui viendrait s'ajouter à celles qui sont déjà étudiées, mais que par des processus nouveaux, elle se réalise comme une méthodologie possible des autres disciplines, puisque aussi bien l'Informatique, représentation formelle de la réalité par un code, doit jouer son rôle dans les sciences humaines et sociales comme dans les sciences exactes.

   Je n'oublie pas, en disant cela, l'importance qu'il faudrait accorder à l'information documentaire sur les techniques de l'informatique et sur les ordinateurs : elle sensibiliserait les adolescents à un élément qui sera familier du monde où ils vivront, elle permettrait une orientation de certains vers ces carrières, elle familiariserait tous les futurs cadres avec ses modes d'action, ce que l'enseignement supérieur, déjà trop spécialisé, ne peut plus faire que difficilement. Mais nous convenons tous qu'en aucun cas cette information ne devrait aboutir, dans l'enseignement général, à une sorte de préformation professionnelle, sous peine de dénaturer à la fois le caractère de ce type d'enseignement et la science même que l'on enseignerait.

   Si donc l'objet principal de vos travaux est bien celui que je disais tout à l'heure, c'est à un rude effort de définition et d'imagination que vous êtes conviés. Car « tout est à inventer dans ce domaine ». Quelle sera la place faite à cet enseignement et sous quelle forme sera-t-il donné ? Faut-il le différencier dans sa nature selon les catégories d'élèves à qui il s'adressera, leur âge, leurs aptitudes ? Devra-t-on concevoir un minimum commun assorti d'options plus ou moins approfondies selon les goûts et les capacités ? Dans chaque cas, de quel matériel devra-t-on disposer selon l'objectif que l'on s'est fixé ? Par qui cet enseignement sera-t-il d'abord dispensé, ensuite comment devraient être formés les maîtres nouveaux qui en seront chargés ? Est-il souhaitable, notamment, soit de créer une nouvelle catégorie de spécialistes, soit de confier l'informatique aux seuls professeurs de mathématiques comme activité annexe de leur vocation principale ; sinon, est-il possible d'y associer d'autres professeurs, notamment « littéraires » ?

   Les questions ne manquent pas, que j'énumère à la seule lecture de votre ordre du jour. Vous aurez compris, je pense, que les réflexions que je vous livrais tout à l'heure sur le contenu même du mot « informatique », dans le cadre qui nous occupe, étaient aussi, de ma part, des questions. Et puisque nous y sommes, je voudrais en ajouter deux autres qui ne sont qu'implicites dans le programme de vos discussions.

   La première tient à l'organisation générale de l'enseignement secondaire : un peu partout, au sortir de l'encyclopédisme que je mentionnais en commençant, la tendance s'affirme de façon plus ou moins nette vers une concentration de l'enseignement sur les instruments fondamentaux de la connaissance : langue maternelle, mathématiques, langues vivantes, assortis d'options variées dans les disciplines sociales, artistiques ou naturelles. En France, nous introduisons au niveau de la 3e année secondaire, c'est-à-dire notre 4e, pour tous les enfants, la technologie comme un de ces instruments. L'informatique vous paraît-elle devoir être – toutes expériences faites et toutes précautions prises – un langage essentiel du monde de demain, et comme telle, enseignée à tous, quelle que soit d'autre part leur orientation ? Si oui, a quelles conditions ?

   Ma deuxième question ne trouvera sa véritable réponse qu'a mesure des réalisations concrètes que nous entreprendrons. Mais il n'est pas interdit d'y réfléchir dès maintenant : l'introduction d'un enseignement de l'informatique dans les établissements secondaires serait en elle-même novatrice. Mais si nos prémisses sont justes, la véritable révolution qu'elle engendrerait serait, si elle est correctement réalisée, dans ses effets seconds. Dans l'ordre pédagogique d'abord, car aucune discipline ne pourrait plus être enseignée comme avant ; elle s'apparenterait, dans cette optique, a la mutation qu'ont suscitée les moyens audiovisuels, dont nous n'avons pas fini de sentir les effets, et qui sont loin encore d'être exploités dans toutes leurs conséquences. Dans l'ordre technologique ensuite, les « retombées » d'un tel enseignement devant conduire a une redéfinition des rapports entre le système scolaire et l'industrie à l'échelle d'une coopération internationale.

   Apparemment, nous voilà assez loin, Messieurs, des modestes débuts que nous envisageons pour l'instant. Mais le rôle de ce Séminaire est bien de réfléchir sur l'ensemble de l'évolution prévisible. Trop souvent, en matière d'éducation, les nécessités imposent des rectifications quotidiennes de trajectoire ; vous avez, pendant ces quelques jours, le loisir de rassembler les éléments qui permettront peut-être à l'ordinateur – naturellement – de calculer la courbe idéale.

   Pour cela, car nous devons rester pragmatiques, travaillant avec des hommes et pour des hommes, il faut commencer par confronter les expériences en cours, succès et échecs ; des leçons que vous tirerez pourraient sortir les bases d'une action concertée multinationale. Les recommandations précises que vos conclusions inspireront, « les recherches complémentaires que vous entreprendrez, nous seront les garants d'un fondement solide. Car les responsables de l'éducation ne peuvent se permettre de partir à l'aventure ». C'est dire tout l'intérêt que je porte personnellement à vos travaux ; comme hôte du Séminaire et comme utilisateur, je leur souhaite doublement un plein succès.

 
Allocution de M. Benson E. L. Timmons III

Secrétaire Général Adjoint de l'OCDE
 

   Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs,

   L'OCDE a reconnu depuis bien des années que le progrès économique et social de nos pays Membres est étroitement lié au développement de l'enseignement. Les sociétés modernes et industrialisées de nos pays Membres ne peuvent résoudre leurs problèmes nombreux et complexes sans un système d'enseignement efficace et moderne. C'est pourquoi l'OCDE déploie une grande activité dans le domaine de l'enseignement. Elle vient de créer le Centre pour la Recherche et l'Innovation dans l'Enseignement, sous le parrainage duquel cette réunion est organisée.

   À mesure que nous commençons a aborder les problèmes des années 70, il apparaît évident que la croissance économique de la prochaine décennie sera commandée par l'apport sur les marchés de produits industriels plus nombreux et de meilleure qualité. Il est tout aussi vrai qu'un effort devra être fait pour améliorer « la qualité de la vie ». J'entends par là qu'il sera nécessaire dans les pays Membres de resserrer, sous une forme ou sous une autre, les liens entre la croissance économique et le bien-être et les aspirations des citoyens de nos pays Membres.

   Nulle part, ce problème qui consiste a harmoniser le progrès économique et social n'a un caractère plus urgent que dans le domaine de l'enseignement. Les systèmes d'enseignement qui ont été établis pour transmettre à nos enfants la culture du passé sont eux-mêmes de plus en plus dépassés par les réalités du monde dans lequel nous vivons, et par les valeurs nouvelles que nos jeunes apportent à la société. On peut dire, jusqu'à un certain point, que l'aliénation de l'homme dans la société moderne procède en particulier du fait que l'enseignement s'éloigne des réalités de cette société.

   L'ordinateur peut être considéré comme un symbole de ce problème. Son utilisation se répand rapidement en tant qu'instrument de notre développement économique, et pourtant commence déjà à échapper à la compréhension de nos populations. Il favorise notre richesse, mais il contribue aussi à donner l'impression générale d'un monde technique et matériel qui domestique l'homme au lieu de lui donner les moyens de satisfaire ses besoins et ses aspirations. Il serait présomptueux de prétendre que les débats qui vont se dérouler cette semaine à Sèvres, permettront de renverser la situation, mais nous ne devons pas oublier que leur but est précisément d'amorcer ce processus.

   Notre séminaire a donc moins pour objet de former des spécialistes de l'informatique que de résoudre le problème plus important et complexe qui est de créer un enseignement général de cette science.

   Sachant que l'information aura de plus en plus une influence sur diverses activités de la société, et rejetant l'idée évidemment fausse que l'ordinateur est un instrument magique, une panacée, nous devons rechercher exactement ce que l'ordinateur nous permet de faire, la nature des. problèmes qu'il peut résoudre, les questions que nous pouvons lui poser, ses contraintes, ses limites et ses possibilités. Non seulement nous devons le savoir, mais ce qui est encore plus important, l'homme de demain devra le savoir.

   L'informatique doit trouver sa place dans les programmes de l'enseignement secondaire. Les problèmes que cela pose sont nombreux et complexes. Les études entreprises par les pays Membres de l'OCDE montrent que de nombreuses questions devront être résolues. Dans cette perspective, ce séminaire nous apparaît comme la première étape d'un processus qui consiste à définir les orientations pédagogiques et techniques que nous devons imprimer à l'enseignement de l'informatique dans les établissements d'enseignement secondaire.

   Parmi nos pays Membres, beaucoup devront, dans les prochaines années, consacrer des ressources considérables à l'étude de ce problème. Nous sommes sûrs que tous ces pays sont prêts à communiquer aux autres les résultats qu'ils obtiendront en inscrivant leurs efforts dans le cadre d'une coopération internationale. Il convient donc de considérer ce séminaire comme une première étape d'un processus de coopération qui permettra, non seulement de trouver plus rapidement des solutions efficaces, mais encore d'économiser des ressources dans les pays Membres.

   C'est précisément la tâche du CERI de promouvoir une telle coopération pratique pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement ; j'espère donc, que la large participation des pays Membres à ces débats se traduira ensuite par une action à l'échelon international.

   Monsieur le Ministre, je voudrais en terminant, remercier les autorités françaises d'avoir accepté d'être les hôtes de ces débats importants. Je suis parfaitement conscient des problèmes nombreux et pressants auxquels vos autorités et vous-même avez à faire face dans le domaine de l'enseignement et je considère votre présence comme l'indice de l'importance que vous attachez à ces débats. Je sais avec quel intérêt vos autorités ont suivi les premiers efforts du CERI et en particulier l'organisation de cette réunion. Je tiens donc à vous exprimer, à vous-même ainsi qu'au Gouvernement français, la très vive gratitude de l'OCDE.

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Association EPI
Février 2017

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