Extrait du rapport du Comité national d'évaluation sur l 'enseignement de l'informatique en classe de seconde, rapport remis au Directeur des lycées et collèges en juillet 1997.


Comité National d'Évaluation

Enseignement de l'informatique en 2de générale et technologique (rapport 1997)

 
Introduction

     Ce rapport fait suite à la lettre de mission datée du 31 décembre 1996. Le travail demandé consistait à « effectuer une première évaluation de l'enseignement de l'informatique en classe de seconde générale et technologique ».

     Cette évaluation s'est appuyée sur :

  • une enquête de caractère qualitatif, confiée aux IPR-IA membres du Comité, à partir de visites dans quelques établissements,

  • une enquête de caractère quantitatif, menée dans les académies ,

  • une enquête qualitative et quantitative menée par le bureau DLC E2 auprès des MAFPEN ,

     Une enquête à partir des données de la DEP aurait dû être commandée. Les questions à poser pour cette enquête ne sont apparues que très tardivement aux yeux du comité. Elle n'a donc pas été réalisée.

     À partir des résultats de ces trois enquêtes, et grâce à quatre réunions de travail, le comité est en mesure d'analyser la situation actuelle de l'enseignement de l'informatique en classe de seconde générale et technologique et de faire des propositions pour l'avenir. Nos réflexions sont articulées autour des points suivants :

  • l'organisation générale
    • le niveau académique
    • les chefs d'établissements
    • l'organisation de l'enseignement .
    • le programme
    • le transfert vers les autres disciplines
  • les personnes
    • les enseignants
    • la formation en informatique des enseignants
    • les élèves
  • le matériel et le logiciel

     On notera que nos travaux n'ont pas porté sur le contenu de cet enseignement.

1. L'organisation générale

1.1 Le niveau de l'académie

     Les résultats de l'enquête auprès des MAFPEN montrent à l'évidence une quasi absence de politique académique vis-à-vis de l'enseignement de l'informatique en classe de seconde. Si l'on peut comprendre la difficulté qu'ont les MAFPEN à réaliser toutes les missions qui leur sont demandées, ce « désintérêt » est quand même préoccupant.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

1 - demander aux Recteurs de préparer et afficher une politique forte de développement de l'enseignement de l'informatique en classe de seconde, qui donnerait priorité à la création et au maintien de cet enseignement plutôt qu'à l'ouverture ou au maintien de l'option en première et terminale.

2 - rappeler aux MAFPEN la nécessité de mettre en place une véritable politique de formation à destination des enseignants de seconde. Le suivi de cette formation doit également être assuré par les MAFPEN.

3 - veiller à la coordination des actions à destination du développement de l'enseignement de l' informatique avec celles appartenant au domaine des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Un ancrage autour du multimédia et des autoroutes de l'information donnerait une dimension nouvelle au plan de développement de l'enseignement de l'informatique en seconde, correspondant aux développements actuels dans le monde entier.

1.2 Les chefs d'établissement

     Il est clair que la responsabilité des chefs d'établissements est fortement engagée dans le succès ou l'échec de la mise en place de l'enseignement obligatoire de l'informatique en classe de seconde générale et technologique. Plusieurs indices montrent à la fois la volonté de mettre en place cet enseignement, mais également les grandes difficultés auxquelles ces responsables sont confrontés.

     Le tableau 2 « établissements proposant un enseignement de l'informatique en seconde » de l'enquête auprès des établissements montre que peu d'établissements offrent un enseignement de l'informatique à des classes entières. Le nombre d'établissements proposant cet enseignement à l'ensemble des classes de seconde d'enseignement général ou technologique est minime. Le tableau 3 « classes touchées par l'enseignement de l'informatique » montre que la grande majorité des. classes de seconde sont traitées par des regroupements d'élèves volontaires. Cet état de fait, dû à l'absence criante de moyens (horaires, matériels, humains), conduit à un danger de dérive : une confusion est en train de s'introduire dans les esprits entre l'enseignement généralisé de l'informatique en seconde (obligatoire bientôt) et l'option informatique en classes de première et terminale. Même si les réponses à l'enquête n'ont montré qu'un seul cas de « sélection » en direction de futures classes S, les différences d'esprit et d'objectifs entre ces deux modalités d'enseignement doivent être rappelées avec force.

     Les chefs d'établissement expriment également une vive inquiétude devant l'insuffisance des moyens qui leur sont accordés :

  • faiblesse des heures octroyées dans la DHG, interrogation devant la pérennité des heures spécifiques accordées à cet enseignement ;

  • insuffisance des moyens matériels et logiciels ;

  • difficultés à constituer des équipes pédagogiques.

     On notera cependant un paradoxe :

- il est manifeste que la plupart des chefs d'établissement mettent en oeuvre une stratégie visant à assurer que le plus grand nombre possible d'élèves de seconde aient un accès à l'informatique. En particulier, lorsque l'enseignement de l'informatique est offert aux élèves volontaires, il n'est pas rare que soient exclus de cette possibilité les élèves des classes ayant des pratiques informatiques dans leur programme (IESP, TSA). Cependant, cette pratique n'est pas équivalente à offrir le programme officiel paru au B.O., et le nombre d'établissements pratiquant pleinement cet enseignement est beaucoup trop faible,

- dans le même temps, le tableau 8 « option en lre en 1996/1997 puis 1997/1998 » montre que des moyens non négligeables sont mis en oeuvre pour ouvrir puis maintenir l'option en Première. II y a presque autant de classes de première touchées par cette option que de classes touchées par l'enseignement de seconde. Près du tiers des élèves de seconde ayant reçu l'enseignement de l'informatique continue en première.

     Même si l'on comprend tout l'intérêt qu'il y a à ouvrir l'option, il est indispensable que la priorité soit accordée à la généralisation de l'enseignement de l'informatique dans toutes les classes de secondes. Cet enseignement doit constituer le socle sur lequel s'appuient les professeurs des autres disciplines dans leurs pratiques pédagogiques. Il est donc nécessaire que tous les élèves des classes de seconde générale et technologique bénéficient de cet enseignement. Le tableau 7 « évolution de l'enseignement en 2de en 1997/1998 » montre que la tendance n'est pas à aller vers cet objectif, même si l'on doit nuancer ce constat par le fait que les lycées n'étant pas encore engagés dans l'expérimentation mais devant ouvrir une ou plusieurs classes à la rentrée 1997-1998 ne figurent pas dans cette enquête.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

4 - inciter les chefs d'établissement à ouvrir en priorité l'enseignement de l'informatique à des classes entières, plutôt que de pratiquer des regroupements.

5 - demander à tous les chefs d'établissement d'intégrer la généralisation de l'enseignement de l'informatique en classe de seconde générale et technologique dans le projet d'établissement.

6 - faire un effort en ce qui concerne les dotations en moyens horaires : augmentation, non différenciation entre "heures informatiques" et autres heures.

1.3 L'organisation de l'enseignement

     Les visites dans les établissements et les résultats de l'enquête auprès des établissements nous permettent de relever les points suivants :

  • le tableau 8 (« horaires par an et par élève ») montre que l'horaire officiel est affiché par environ 2/3 des établissements. On peut observer cependant une grande variabilité horaire (de moins de 15 h à plus de 72 h).

  • il existe de très grandes difficultés à organiser l'enseignement en suivant le découpage proposé entre séances en classe entière et séances en demi-classes. Par ailleurs, il semble que la durée des séances de synthèse devant la classe entière doive être revue, afin de pouvoir soutenir l'attention des élèves et mieux articuler pratiques et concepts.

  • de grosses difficultés d'organisation de l'emploi du temps sont signalées, dues à un manque de matériel, des problèmes de salles ou la prise en compte d'autres contraintes (groupes de langues vivantes par exemple). Ceci est particulièrement vrai dans le cas des groupes constitués par regroupement de volontaires de classes différentes.

     Comme pour tout enseignement, la part du travail en dehors des cours est essentielle aux apprentissages. Elle est (en partie) demandée par les professeurs. II est facile d'identifier plusieurs variétés d'activités :
internes à l'établissement

activités encadrées

1 - enseignement de l'informatique
2 - enseignement des autres disciplines
activités autonomes
ou accompagnées
3 - entraînement, exercices
(donnés par le professeur)
4 - recherche documentaire
production de documents (demandés par les autres professeurs) au CDI
volontariat 5 - clubs, projets (foyer socio-éducatif...)
externes à l'établissement clubs
utilisation autonome

     II est souhaitable qu'en complément de l'enseignement de l'informatique encadré toutes les autres formes d'activité soient encouragées.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

7 - revoir le volume et le découpage horaires tels qu'ils ont été proposés par le comité de pilotage, afin de favoriser une meilleure insertion dans les emplois du temps et de mieux répartir les temps de synthèse (classe entière) et de pratique (demi-classes).

8 - donner la priorité à la généralisation de l'enseignement de l'informatique à destination de classes entières, de manière à éviter toutes les contraintes induites par les pratiques de regroupement de volontaires.

9 - ne pas réduire l'enseignement de l'informatique à l'enseignement encadré, mais offrir toutes les modalités de travail possibles ; prendre en compte les trois volets d'activités internes, pour qu'une organisation diversifiée et cohérente permette de multiplier les occasions de rencontre avec l'informatique.

1.4 Le programme

     Les réflexions recueillies lors des visites d'établissements montrent que le programme officiel, tel qu'il a été publié au B.O., n'est pas encore complètement rentré dans les mœurs. Des pratiques contradictoires ont été relevées

  • essai de respecter le mieux possible le programme, mais avec une difficulté certaine de mise en oeuvre (« trop ambitieux », « trop chargé »... ). On note que la partie "informatique et société" est celle qui disparaît le plus vite lorsque des coupes sont faites.

  • « aménagement » du programme, en sélectionnant les parties qui semblent plus « intéressantes », et en les développant au détriment des autres parties. L'algorithmique et la programmation dans un langage de haut niveau font souvent partie de ce type de modification.

  • renforcement de la partie pratique (manipulation) au détriment de la partie synthétique. Dans certains cas, disparition totale de ce qui concerne le tronc commun informatique.

  • fait-on la même option dans chaque établissement ? est-ce bien ? est-ce mal ? comment (faut-il) donner de la souplesse au système ? peut être en aidant au maximum les enseignants et autres personnes concernées ?

  • certains enseignants « n'acceptent pas le programme » et inventent un enseignement qui leur est propre (remarque : ceci n'est pas particulier à l'informatique).

     La difficulté à se procurer les documents d'accompagnement est parfois citée comme étant un frein à la mise en place de cet enseignement en seconde.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

10 -  rappeler que le contenu du tronc commun informatique doit être respecté dans son esprit. Par contre, les thèmes d'illustration et d'utilisation sont tout à fait libres, à condition d'être choisis avec un souci de mise en oeuvre raisonnée. Par exemple, illustrer certains aspects du codage ou du traitement de l'information en s'appuyant sur la réalisation de produits multimédia ou sur l'utilisation d'Internet est typique de la souplesse de mise en oeuvre du programme officiel.

11 - rappeler la continuité devant exister entre les enseignements de l'informatique et les pratiques dans toutes les disciplines, de l'école primaire au lycée, en passant par le collège. Des programmes existent, des textes de réflexion également.

12 - mettre en place une politique de création et de diffusion de documents pédagogiques. L'emploi à cette fin de serveurs Internet, ou de cédéroms, doit être développé.

1.5 Le transfert vers les autres disciplines

     Le transfert vers les autres disciplines semble se faire par osmose

  • le tableau 5 « disciplines d'origine des enseignants » montre une prééminence des intervenants scientifiques. Cependant, d'autres disciplines sont représentées, et apportent un concours précieux.

  • l'existence d'équipes pluridisciplinaires, regroupant les intervenants du cours d'informatique et d'autres collègues de disciplines différentes, conduit à la recherche d'éléments d'interdisciplinarité.

  • l'articulation parfois très forte avec le CDI donne des perspectives de pluridisciplinarité,

  • l'existence de projets faisant appel à des collègues de disciplines différentes est également fortement motrice : création du journal d'établissement, préparation de voyages, etc.

     II y a une réelle volonté d'intégration et de perméabilité entre informatique et disciplines. L'impact de l'enseignement de l'informatique sur les élèves ne pourra cependant être mesuré qu'à partir de la classe de première.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

13 - réaffirmer l'intérêt de la double compétence des professeurs en informatique. C'est cette double compétence (une discipline d'origine et une formation à l'informatique) qui est le plus sûr garant de la collaboration entre champs disciplinaires différents.

14 - encourager les enseignants des disciplines non scientifiques à prendre part à l'enseignement de l'informatique. Ils devraient être les premiers bénéficiaires des stages de formation à cet enseignement.

15 - encourager le développement de projets interdisciplinaires, de manière à amener la création d'équipes pluridisciplinaires.

2. Les personnes

2.1 Les enseignants

     Si les enquêtes auprès des établissements ou auprès des MAFPEN n'apportent pas d'éléments directs en ce qui concerne les professeurs, les visites dans les établissements ont fait apparaître une difficulté importante, que l'on peut classer sous la dénomination de « problème d'identité, de reconnaissance ». Plusieurs facteurs concourent à ce sentiment :

  • une interrogation : qui suis je : professeur d'informatique ? toujours dans ma discipline initiale ?

  • une éventuelle difficulté à assumer l'image de cet enseignement généralisé, qui peut paraître moins « noble » moins "intéressant" que l'ancien enseignement optionnel de l' informatique ;

  • un rôle et une place difficiles à trouver : « on me donne la qualité d'informaticien quand je dépanne une machine, pas quand j'enseigne » ;

  • le sentiment que cet enseignement n'a pas une place entière : « je me sens moins professeur puisque je fais 40 HSE (lh25) comptées 1HSA » ;

  • une impression de « lourdeur » (1 classe à 1 heure, c'est très lourd : multiplication des conseils de classe) et d'activités peu gratifiantes.

     Au delà des problèmes de formation qui seront évoqués ci-après, cette difficulté d'ordre psychologique est à combattre avec vigueur, car sa disparition conditionne la poursuite de la généralisation. On notera ici que les visites dans les établissements ont été vivement appréciées. Malgré leur coût en temps et en personnes, il faut imaginer un moyen pour qu'elles aient lieu régulièrement (idée : « inspecteurs chargés de l'informatique » ?).

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

16 - inscrire dans le plan de travail académique de l'inspection la visite d'établissements offrant l'enseignement de l'informatique en seconde et en option.

17 - prendre toute mesure utile permettant de ne pas marginaliser les enseignants d'informatique, comme :

  • conserver le caractère bi-disciplinaire de chaque enseignant (1/2 service au maximum en informatique),

  • valoriser l'enseignement de l'informatique, en l'intégrant totalement aux emplois du temps,

  • valoriser les applications de cet enseignement,

  • comptabiliser cet enseignement, comme tous les autres, en équivalent d'heures hebdomadaires dans le service des professeurs, et non en HSE.

18 - mettre en place dans chaque académie une structure de suivi de l'enseignement de l'informatique. Un interlocuteur privilégié doit être clairement identifié. Des rencontres régulières entre les professeurs doivent être organisées au niveau académique. La notion de conseiller pédagogique doit être développée.

19 - proposer que les établissements délivrant l'enseignement de l'informatique mettent en place des conseils d'enseignement informatique, jouant le même rôle que dans les autres disciplines.

2.2 La formation en informatique des enseignants

     Le tableau 6 (« formation en informatique des enseignants ») de l'enquête auprès des établissements montre qu'à l'heure actuelle près de la moitié des professeurs concernés ont reçu une formation lourde. On remarque cependant qu'un nombre non négligeable de personnes se présentent en assurant avoir une formation personnelle (autodidacte, sans véritable validation), voire pas de formation du tout. Cette situation ne va pas manquer de changer profondément en cas de généralisation, et le problème de l'ouverture d'une formation à l'ensemble des enseignants des lycées va se poser. II faut cependant différencier plusieurs besoins :

  • pour les professeurs de l'enseignement de l'informatique en seconde

    • formation en informatique proprement dite, permettant à l'enseignant de maîtriser les concepts de la discipline nécessaires à son enseignement,

    • formation pédagogique en informatique, pour la mise en oeuvre de l'enseignement du tronc commun informatique en seconde,

  • pour l'ensemble des enseignants

    • formation disciplinaire ou inter-disciplinaire, pour l'utilisation de l'informatique et du multimédia numérique dans les disciplines.

     II peut s'agir aussi bien de formation initiale que continue. Différents niveaux doivent être mis en place, qui pourraient conduire à des « qualifications » différentes.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

20 - imaginer un système de formations permettant aux enseignants de se situer dans une échelle de « qualification » : niveau de l'enseignement en seconde ; niveau de l'option en 1re et terminale ; pratique des applications informatiques disciplinaires et interdisciplinaires...

21 - mettre en place des questionnaires d'auto-évaluation pour que les enseignants se situent. Ces questionnaires pourraient servir comme pré-évaluation avant un stage de formation.

22 - demander à tous les chefs d'établissements de prévoir, en liaison avec les MAFPEN, un plan de formation à destination de l'ensemble des enseignants concernés.

23 - mettre en place un mécanisme de « contrat » assurant à certains professeurs d'informatique, choisis sur des critères à déterminer, de bénéficier dans leur service d'un crédit formation. On peut imaginer par exemple que le service pour assurer l'enseignement en seconde soit compté 2 HSA, le complément par rapport aux heures effectuées devant les élèves étant réservé à la formation. En retour, les enseignants concernés s'engagent à suivre les formations des niveaux recommandés, et à participer activement au développement de l'enseignement de l'informatique et à son utilisation dans les différentes disciplines, dans les établissements, voire au sein du district.

2.3 Les élèves

     L'enquête auprès des établissements ne nous donne que peu d'indications sur les élèves eux-mêmes. On notera cependant que certains établissements pratiquant un enseignement reposant sur le volontariat signalent n'avoir pas rempli le nombre de places proposées, voire n'avoir pu assurer l'enseignement faute d'un nombre suffisant d'élèves.

     Les visites dans les établissements, qui ne concernaient que des classes entières, ont montré que, dans ce cas, le comportement des élèves vis-à-vis de l'enseignement de l'informatique était identique à celui qu'ils ont vis-à-vis de tout enseignement obligatoire. Certains sont. intéressés, d'autres pas ; certains motivés au départ sont déçus par ce qu'ils reçoivent ; d'autres, au contraire, indifférents au départ se sont pris au jeu, etc.

     II est clair que tous les élèves de seconde, si on leur en donne la possibilité, utiliseront les moyens que procure l'informatique. Cependant trois difficultés sont clairement apparues :

  • l'hétérogénéité des élèves à l'arrivée en seconde. Beaucoup affirment n'avoir pas touché un seul ordinateur, alors que d'autres programment en langage de haut niveau ;

  • l'inexistence de liaison avec ce qui a été fait au collège (parfois par simple ignorance), que ce soit dans le cadre de l'enseignement de la Technologie, ou dans celui des pratiques documentaires au CDI ;

  • l'absence quasi générale d'évaluation, ne permettant pas de juger de l'impact de l'enseignement.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes

24 - mettre en place à titre expérimental, dans la phase transitoire, deux évaluations des élèves

  • à leur arrivée en seconde, dans le cadre de l'évaluation nationale,

  • en classe de première, pour les élèves qui ont suivi l'enseignement de l'informatique.

     Il s'agit de juger d'un « niveau de connaissances et de savoir faire en informatique ». Les modalités de ces deux évaluations restent à déterminer.

3. Le matériel et le logiciel

     Il est évident que le matériel et le logiciel sont deux points de passage critiques pour l'enseignement de l'informatique. Différentes remarques (pas très nouvelles... ) peuvent être faites :

  • il est difficile de mettre en place des objectifs ambitieux lorsque l'on manque de moyens. II y a souvent insuffisance du nombre de machines, insuffisance de la puissance des micros, ancienneté des versions logicielles.

  • il existe des niches, des territoires : le matériel des différentes sections est « privatif » (à l'inventaire de... ), d'où des défenses territoriales. Un meilleur partage des plages d'accès aux différents matériels serait bénéfique à tous.

  • le problème du renouvellement des équipements, ou de la mise à jour des matériels (extensions mémoire...) ou des logiciels est un vrai casse-tête. Seule une politique nationale peut permettre d'apporter les réponses indispensables.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes :

25 - arrêter un projet d'équipement de grande envergure, de manière à doter les établissements de salles répondant aux nécessités du jour : aller vers le multimédia, avec des salles en réseau, connectées aux réseaux nationaux et internationaux.

26 - favoriser l'acquisition de logiciels modernes et de bon niveau, adaptés aux besoins des enseignants. En particulier, l'acquisition d'outils qui favorisent la créativité des élèves comme celle des enseignants (logiciels auteurs simplifiés comme hyperstudio, hyperpage ou autres) et la méthodologie documentaire (bases de données relationnelles par exemple, recherche sur Internet) doit être encouragée.

27 - mettre en place une gestion globalisée des équipements informatiques dans les établissements, afin de partager le matériel entre toutes les disciplines, y compris l'informatique (pour ne pas la marginaliser).

28 - doter chaque établissement d'un personnel technique (« régisseur informatique ») capable d'assurer les maintenances de premier niveau, la gestion du (des) réseau(x), l'installation de logiciels, etc. afin que les professeurs puissent se consacrer pleinement aux tâches d'enseignement. Une maintenance matérielle et logicielle commune pourrait en découler.

4. Le Comité National d'Évaluation en 1997-1998

     Si on se place dans l'hypothèse du maintien de l'expérimentation, l'année 1997-1998 verra arriver plusieurs éléments nouveaux

  • un plus grand nombre d'établissements engagés dans l'expérimentation. Il faudra surveiller les tendances.

  • la possibilité de mesurer l'impact de la formation en seconde sur les élèves de première et terminale. II y aura même possibilité d'observer des populations différentes qui auront choisi ou non l'option informatique après la seconde.

  • l'intégralité des programmes de seconde, première et terminale aura été publiée et expérimentée. On pourra juger des aménagements à apporter.

Le comité national d'évaluation préconise les mesures suivantes pour 1997-1998 :

29 - refaire l'enquête qualitative auprès des établissements et la compléter par une enquête à partir des données de la DEP.
     · un projet de questionnaire pour les établissement est fourni en annexe
     · le questionnaire pour la DEP reste à préparer

30 - organiser des visites d'établissements, répartis dans toutes les académies.
     · une grille de visite est donnée en annexe

31 - réaliser à la rentrée 1998 une évaluation des élèves de seconde, et, plus tard dans l'année, une évaluation d'élèves de première. Ces évaluations seront faites dans quelques lycées sélectionnés.
     · les deux questionnaires restent à préparer

     Tout ceci dans l'hypothèse où le Comité National d'Évaluation serait reconduit.

Conclusion

     Au moment où un nombre de plus en plus grand de parlementaires, de syndicats, d'associations, attire l'attention du pays sur la nécessité d'assurer une formation de base à l'informatique afin d'être mieux à même de maîtriser son influence dans la vie de tous les jours et de préparer les élèves à entrer dans la culture de notre temps, le Comité National d'Évaluation de l'enseignement de l'informatique dans la classe de seconde générale et technologique voudrait également souligner que sans un effort de grande ampleur, signe d'une volonté politique d'aller vers une généralisation de cette formation, la mise en place de cet enseignement sera très difficile, voire impossible. II s'agit de dégager des moyens matériels et humains certes considérables, mais qui sont à la mesure de l'enjeu.

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