bas de page
 


 

L'excellence pour tous
 

Le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) vient de présenter à la ministre de l'Éducation nationale un projet de programmes couvrant tous les enseignements de l'école élémentaire et du collège. Ce projet fait l'objet d'une consultation nationale. Après examen de ces projets, l'Académie des sciences considère que ces programmes ne sont pas satisfaisants pour des raisons structurelles.

À l'évidence, ce projet a été préparé rapidement, sans consultation préalable des acteurs de l'enseignement et sans tenir compte du rapport envoyé par l'Académie au CSP. Les incohérences entre les différentes parties indiquent également un manque de coordination entre les comités ayant rédigé l'ensemble. Alors que le cahier des charges prévoyait un document compréhensible par tous, en particulier par les parents, le projet emploie au contraire un style inaccessible à beaucoup.

Au-delà de la forme du document, l'Académie des sciences s'inquiète surtout du manque d'ambition et de la perte significative de contenu. Ces programmes sont construits autour de « compétences » plutôt que de « connaissances », réduisant encore un peu plus la part de l'instruction dans notre système éducatif. Les programmes ne devraient pas se limiter à un plus petit dénominateur commun, qui mène de fait à une perpétuelle régression des contenus et constitue un obstacle à la nécessaire diversification des filières d'enseignement. Des programmes bien construits devraient au contraire être des textes concis et précis, qui permettent une progression raisonnée des connaissances au fil des années – surtout en sciences, où il y a souvent un enchaînement logique incontournable – et des liens clairs entre les disciplines.

En ce qui concerne les sciences, on peut regretter qu'aucune véritable tentative d'interdisciplinarité bien coordonnée n'ait été tentée. Les mathématiques par exemple semblent isolées des autres sciences et ont même perdu presque entièrement ce qui fait leur substance : la capacité de démontrer ce qu'on y affirme. Les sciences de la nature (sciences de la vie et de la terre, physique et chimie) sont abordées avec un certain manque de progressivité dans les connaissances et correspondent plus à des catalogues.

Le découragement des professeurs est profond. Heureusement, l'importance du rôle des professeurs dépasse largement celle des programmes qu'on leur impose. L'Académie des sciences est convaincue que les professeurs auront à coeur d'interpréter ces programmes de la manière la plus libre possible et qu'ils sauront transmettre de véritables contenus ambitieux, en les adaptant à chaque classe. Pour cela, il faudra aider les enseignants, en mettant la priorité sur leur formation, initiale ou continue. L'Académie y contribue déjà à travers la fondation « la main à la pâte » et ses « Maisons pour la science au service des professeurs » mais il faudra redoubler d'efforts et proposer d'autres initiatives. La question de la formation est particulièrement importante pour les quelques éléments d'informatique introduits au cycle 4 qui seront enseignés par des professeurs sans formation à cette discipline.

Paris, le 27 mai 2015

http://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/avis_270515.pdf

Dans un communiqué du 28 mai, l'Académie précise :

... L'Académie constate de graves manques dans les projets du CSP en ce qui concerne l'enseignement des sciences : manque de progressivité dans la délivrance des connaissances, dénaturation des mathématiques, émiettement de l'informatique, recul du raisonnement scientifique.

Parce que les « projets » du CSP sont encore des projets, l'Académie des sciences espère que son avis aidera à les restructurer (et à les formuler simplement, dans un langage accessible à tous) dans la direction de l'excellence, une excellence dont l'objet varie selon l'élève mais qu'il faut découvrir chez chacun, et encourager, pour le bien de l'élève et celui du pays.
http://www.academie-sciences.fr/pdf/communique/avis_280515.pdf

haut de page
Association EPI
Juin 2015

Accueil Rapports et Documents