Quelles différences entre les filles et les garçons
à propos de l'utilisation
d'ordinateurs portables au collège ?
Une étude de cas en France
Solène Zablot, Georges-Louis Baron
Introduction
Depuis les années 2000, en France, différentes politiques éducatives ont été mises en place par les académies dans le but de promouvoir l'intérêt de la dotation d'ordinateurs portables à destination des élèves de l'enseignement secondaire (Khaneboubi, 2008). L'ensemble de ces opérations mentionne l'intérêt de réduire ce qu'il est commun d'appeler le fossé numérique.
Un autre objectif est également perceptible : depuis les lois de Décentralisation mises en place dans les années 1980, ce sont les collectivités territoriales qui sont responsables des équipements d'établissements, en partenariat avec les académies. Ainsi, il apparaît évident que ces institutions investissent dans ce qui représente la modernité : tableaux numériques interactifs, ordinateurs portables, tablettes, logiciels même si, paradoxalement, leur introduction peut avoir des conséquences sur la manière dont les enseignants conçoivent leurs cours, car cela correspond, avant tout, à une prérogative de l'État.
Parmi les opérations récentes, le plan Ordival a été mis en place dès la rentrée de 2012 par le conseil départemental du Val de Marne, en région Parisienne. Ce projet a fait l'objet d'un partenariat avec l'académie de Créteil, chargé de représenter le Ministère de l'éducation nationale. Cette opération s'est étendue pour passer à l'équipement de l'ensemble des établissements en 2015. Il s'est agi de confier, dès la 6e, à chaque élève, un ordinateur portable personnel, ainsi que d'équiper les établissements en vidéos-projecteurs, en connexion internet et en ordinateurs portables pour les enseignants.
En 2012, l'académie de Créteil a également créé une plate-forme nommée Ma Médiathèque, dans le but de permettre aux enseignants et aux élèves de consulter et télécharger des ressources en ligne. Ensuite, l'académie a financé un projet de recherche afin d'analyser les processus d'appropriations repérables chez les élèves, leurs parents et les enseignants concernant l'utilisation de ces ordinateurs. Que pensent-ils de ce programme ? Dans quelle mesure ce type d'implémentation peut faire émerger des changements significatifs au niveau des pratiques et de l'organisation des apprentissages ? Quelles sont les utilisations identifiées et leurs effets sur la motivation des élèves pour apprendre ?
Le présent article a été écrit en lien avec ce projet réalisé à la demande de l'académie de Créteil. Il s'agit d'analyser la manière dont la dotation et l'utilisation d'ordinateurs portables pourraient participer à la réduction du fossé numérique entre les filles et les garçons. La recherche empirique, financée par l'académie, date de plusieurs années mais les résultats nous ont semblé assez intéressants pour être proposé à la publication.
1. Contexte de la recherche : genre et usages des technologies de l'information et de la communication
La recherche sur le genre dans l'éducation peut être abordée en étudiant les questions d'équité entre garçons et filles (Raffaele Mendez, 2004). L'équité dans les situations éducatives devrait permettre aux garçons et aux filles de réussir leurs études, d'avoir les mêmes interactions avec les enseignants et les pairs, elle pourrait leur permettre d'être sûrs d'eux et reconnus de la même manière. Les différences entre les sexes dans l'éducation peuvent donc être considérées comme une différenciation entre garçons et filles en termes d'itinéraires scolaires et de relations avec les enseignants et les pairs.
Les différences entre garçons et filles peuvent être analysées en fonction de l'existence de stéréotypes sexistes, et plus particulièrement en fonction de ce que Steele et Aronson (1995) ont appelé menace de stéréotype (stereotype threat). Ce phénomène apparaît dans une situation où un stéréotype négatif est connu et applicable. Dans cette situation, menace signifie risque, pour le groupe discriminé de confirmer le stéréotype, mais paradoxalement, en raison de la présence d'un tel risque, cela signifie une situation perturbatrice, dans laquelle le groupe discriminé sous-estime une tâche donnée.
La menace de stéréotype a été analysée dans le domaine des études de genre. Huguet et Régner (2007) ont notamment contribué à l'analyse de ce mécanisme par des études sur les performances en mathématiques et les femmes. Ils ont révélé que les stéréotypes peuvent avoir une influence sur la performance même s'ils sont activés implicitement et indirectement. Dans ce cas, les filles réussissent moins bien une tâche que les garçons lorsqu'elle est présentée comme un test de géométrie, et plus particulièrement dans le cas d'un groupe mixte (groupe avec garçons et filles).
Selon Bonnot et Croizet (2011), un autre phénomène complète le mécanisme de la menace de stéréotype dans le cas de la performance des femmes en mathématiques. C'est ce qu'ils ont appelé l'intériorisation du stéréotype, correspondant à l'approbation des croyances sur le groupe d'appartenance.
L'influence des stéréotypes de genre en milieu scolaire n'a pas été beaucoup analysée dans le cas de l'utilisation des nouvelles technologies, mais certaines recherches exploratoires ont produit des résultats.
Sur la question de l'utilisation des TIC, dans le cadre du plan de dotation Ordi 35 mené en Île et Villaine, et afin de comprendre comment les élèves du premier cycle du secondaire utilisent habituellement des ordinateurs portables en dehors de la classe, Rinaudo et Delalande (2008) ont observé deux écoles. Dans la première, ils ont observé le comportement des élèves dans une salle dédiée à l'utilisation des ordinateurs portables. Dans la seconde, ils les ont observés dans une salle de classe commune.
Les auteurs ont montré que la majorité des utilisateurs étaient en fait des garçons. De plus, selon elles, les filles semblaient mal à l'aise et demandaient de l'aide aux garçons ; elles attendaient aussi un animateur de groupe de travail avant d'utiliser leur ordinateur. Ils suggèrent que les comportements différents entre filles et garçons peuvent s'expliquer par deux facteurs. La première correspond à une intériorisation d'une « identité féminine » par les filles, fondée sur un faible intérêt pour l'informatique. La seconde fait référence aux relations hommes-femmes dans la société qui identifient généralement les hommes comme des experts (p. 137). Ainsi, les usages des filles semblent être orientés par les stéréotypes de genre qui existent dans la société.
Cela concorde avec l'état de l'art établi par Dagiral (2006). Cet auteur souligne que les femmes sont perçues comme étant passives à l'égard de l'innovation technologique. Cela expliquerait pourquoi les filles ont tendance à demander l'aide des garçons ou à attendre les instructions de l'instructeur.
Afin de comparer les représentations des garçons et des filles sur l'utilisation de l'informatique, Baron et coll. (2010), ont utilisé un questionnaire rempli par 485 lycéens généraux ou professionnels. Les résultats montrent l'existence de stéréotypes, en particulier chez les garçons. Par exemple, ces derniers avaient tendance à qualifier négativement les filles qui ont des connaissances en informatique. Ils considéraient également que l'informatique était normale pour leur groupe et avaient tendance à se considérer comme plus efficaces que les filles.
2. Méthodologie et questions de recherche
L'une des caractéristiques du projet Ordival était de favoriser l'utilisation des ordinateurs portables dans les écoles en offrant des ressources pédagogiques aux enseignants et aux élèves, en particulier dans les livres en ligne.
Nous avons utilisé une méthode mixte basée sur des entretiens de groupe avec des élèves et sur un questionnaire en ligne.
2.1. Phase exploratoire : entretiens de groupe avec les élèves
Le questionnaire a été fondé sur des données empiriques obtenues lors d'entretiens de groupe avec des élèves. Ainsi, afin d'avoir une idée de la façon dont ils utilisent habituellement leur ordinateur portable ordinaire en classe et à la maison, nous avons utilisé la méthode des groupes de discussion (Carey et Asbury, 2012). La grille d'entretien visait à obtenir des données sur la discipline dans laquelle les élèves utilisaient leur ordinateur portatif, leur utilisation à la maison, ce qu'ils voulaient apprendre avec leur ordinateur portatif et s'ils étaient heureux d'avoir un ordinateur portatif. Toutes les entrevues ont été enregistrées.
Notre principale difficulté a été de trouver des bénévoles, c'est-à-dire des élèves qui n'avaient pas de classe, leur professeur étant absent (dans ce cas, les élèves étaient réunis dans des salles de classe où ils pouvaient travailler seuls. De janvier à mars 2014, 22 élèves d'un collège ont été interrogés sur leur utilisation d'Ordival pendant des périodes consacrées à des travaux individuels. :
- Un groupe de deux filles de 4e
- Un groupe de deux garçons de 4e
- Trois groupes de quatre élèves de 6e (2 garçons et 2 filles dans chaque groupe)
- Un groupe de quatre garçons de 6e
Une particularité de cet établissement est la manière dont les enseignants s'approprient le projet. En effet, l'utilisation d'ordinateurs portables était particulièrement fréquente dans les cours de technologie, d'anglais et de biologie. Afin d'offrir aux élèves des activités avec des ordinateurs portables, ces trois enseignants ont créé leur propre site Web avec des activités pédagogiques offertes en classe dans le cas de la biologie et de la technologie, ou à la maison pour les deux premiers enseignants et le professeur d'anglais.
Nous avons trouvé une autre particularité dans l'organisation de l'enseignement : depuis 2012, le même professeur de biologie enseigne à tous les élèves de 6e avec des ordinateurs portables en classe. En classe, cet enseignant proposait aux élèves des activités d'apprentissage par le biais de son site Web personnel, SVTux [1] (observations, expérimentation virtuelle) et d'autres activités telles que la création de schémas. Il a également proposé aux élèves d'utiliser une plate-forme, appelée Framapad [2], afin de rédiger des rapports en collaboration à la fin de chaque session. Ces contenus ont été partagés sur des ordinateurs portables par les élèves à l'aide d'un logiciel de traitement de texte et archivés.
Ainsi, dans ce collège, tous les élèves de 6e et 5e utilisaient leur ordinateur portable en classe depuis au moins un an, à raison de deux heures par semaine. Grâce aux leçons de biologie, ils ont appris à écrire avec un logiciel de traitement de texte, à chercher de l'information sur Internet et à organiser des fichiers sur leur ordinateur portable.
2.2. Phase d'approfondissement passation d'un questionnaire
2.2.1. Présentation du questionnaire
Le questionnaire est divisé en quatre parties :
Le premier concerne l'utilisation par les élèves lorsqu'ils n'ont pas de cours, dans la salle d'étude ou à la maison ;
Le second vise à obtenir un panorama des possibilités d'utilisation de l'ordinateur portable par les élèves pendant les périodes de cours ;
Le troisième vise à comprendre les points de vue des élèves sur l'utilisation des portables. Plus précisément, nous avons utilisé une adaptation du test Minnesota Mathematics Attitude Inventory (Tapia & Marsh, 2004), tel qu'utilisé dans une recherche qui comparait les représentations des garçons et des filles et leurs performances en mathématiques, dans le cas des élèves identifiés comme « doués » (Hargreaves & col. 2008) ;
La quatrième partie présente des questions démographiques (âge, niveau scolaire, travail des parents...).
Il a été conçu à partir de l'outil open source Limesurvey [3]. Un texte, contenant toutes les explications sur les conditions d'administration du questionnaire, a été envoyé à l'avance aux chefs d'établissement.
2.2.2. Brève description de l'échantillon
Les élèves de quatre collèges ont répondu au questionnaire dans des salles informatiques, mais pas sur leur Ordival. Il y avait aussi des différences entre les écoles :
Collège A : c'est l'école où tous les élèves utilisent régulièrement leur ordinateur portable en classe pendant au moins un an.
Collège B, C et D : Peu ou pas d'utilisations ont été déclarées.
Toutes les sessions ont été supervisées par nous ou par un professeur. Cependant, des problèmes sont apparus. Par exemple, faute d'ordinateurs dans la salle, il y avait deux élèves par ordinateur. Le premier a répondu aux questions tandis que le second a attendu, mais parfois, les deux ont répondu au questionnaire en même temps. Cela peut avoir des conséquences importantes sur les réponses que nous avons analysées.
Dans l'ensemble, 317 réponses d'élèves de collège ont été obtenues, mais 16 n'ont pas terminé ou fermé la demande avant d'avoir terminé de répondre. Notre échantillon comprend 158 filles et 143 garçons.
2.2.3. Méthode d'analyse
L'ensemble des donnes statistiques ont été analysées grâce au logiciel Modalisa. Nous avons centré nos investigations sur les liens existants entre le genre et plusieurs autres variables :
- Les utilisations en classe ou à la maison ;
- les attitudes face aux ordinateurs portables ;
- les représentations d'usage.
Afin d'étudier ces liens, nous nous sommes concentrés sur les attractions entre les modalités de ces variables. Le logiciel n'a révélé aucun lien significatif global mais nous avons identifié des attractions grâce au calcul de pourcentages à l'écart maximum, PEM (Cibois, 2007). Nous avons considéré les PEM supérieurs à 10 % avec un Khi2 local significatif [4]. Trois seuils ont été retenus en fonction des probabilités (p values) : 10 %, 5 % et 1 %.
Nous allons maintenant présenter une analyse des différences que nous avons observées. Il est important de souligner que même si la méthode de collecte des données a été normalisée, rien ne nous permet de penser que notre échantillon est représentatif.
3. Résultats
3.1. Phase exploratoire : Usages des filles et des garçons de l'Ordival
3.1.1. Pas de différences dans les discours des élèves concernant les usages en classe
Dans les entretiens de groupe, les filles comme les garçons ont déclaré qu'ils utilisaient des ordinateurs portables à la maison, pour faire leurs devoirs ou pour préparer un rapport. La première utilisation citée par les élèves du premier cycle du secondaire concernait les travaux à domicile :
Élève 1 (fille, 5e) au sujet de ses utilisations dans la classe d'anglais : « On fait des devoirs à la maison, eh bien, le professeur, il nous demande de faire des devoirs à la maison, on les fait sur ordinateur ».
Élève 2 (fille, 5e), au sujet de ses utilisations dans la classe d'anglais : « Il [l'enseignant] donne la leçon sur l'ordinateur et nous, à la maison, on regarde les vidéos, on fait les exercices en classe et nous faisons les leçons à la maison ».
La deuxième utilisation citée par les élèves concernait la recherche sur Internet et l'utilisation des sites Web créés par les trois enseignants mentionnés ci-dessus.
Élève 3 (garçon, 5e), sur ses utilisations pour les cours d'anglais et de biologie : « Moi, je cherche les mots en anglais, en classe, parfois je vais aussi sur SVTux pour faire les tâches, pas pour faire les tâches, mais pour voir ce que nous avons fait en classe à nouveau ».
Enfin, les élèves ont expliqué qu'ils ont navigué sur Internet et visité l'environnement numérique de travail [5] de leur collège avec leurs parents afin de prendre connaissance de leurs notes et des devoirs assignés par les enseignants.
Dans ce cas, il est important de souligner que les élèves n'ont mentionné que deux matières : Biologie et anglais. Dans ces disciplines, deux enseignants utilisaient surtout les ordinateurs portables afin d'offrir des activités en classe et à la maison. Ainsi, les activités se réduisent en fait aux possibilités offertes par ces deux professeurs.
3.1.2. Peu de différences repérées dans les discours des filles et des garçons pour les usages à la maison
À la maison, les ordinateurs portables étaient souvent utilisés pour le divertissement. En effet, lors des entretiens de groupe, les élèves ont souvent déclaré qu'ils jouaient à des jeux en ligne, qu'ils regardaient des vidéos en ligne et écoutaient de la musique pendant leurs temps libres.
Élève 4 (garçon, 6e ) : « Je regarde des séries en ligne ».
Élève 5 (garçon, 6e ) : « On joue au foot ».
Élève 7 (fille, 6e), sur le genre de jeu en ligne auquel elle joue : « Starlove »
Peu de jeux signalés par les élèves étaient liés à la pratique en classe. En effet, beaucoup d'entre eux ont dit qu'ils jouaient parfois aux jeux sérieux prescrits par les enseignants.
Élève 1 (fille, 5e) : « Quand je suis sur l'ordinateur, parfois, quand je m'ennuie en fait avec le professeur de technologie, nous allons sur un site web, qui s'appelle Sweethome 3D, et c'est amusant pour moi de construire des maisons donc à la maison, parfois, quand j'ai du temps libre, je construis des maisons sur Sweethome 3D ».
La messagerie instantanée semblait peu utilisée par les élèves, puisqu'elle n'a été citée que deux fois. Son utilisation se limitait apparemment à la communication avec leur famille ou leurs amis, lorsqu'ils vivaient loin de chez eux. Au moins deux élèves ont déclaré avoir utilisé leur ordinateur portable pour faire des achats en ligne. À cette fin, ils consultent des sites Web commerciaux afin de rechercher des produits.
Élève 2 (fille, 7e année) : « Je regarde les nouvelles collections dans les magasins, j'achète des vêtements quand mes parents n'ont pas le temps de m'emmener au centre commercial. Et la dernière fois, j'ai acheté mon téléphone, j'ai donné tout mon argent en liquide à mes parents et ils ont payé avec leur carte de débit ».
Élève 5 (garçon, 6e année) : « Quand j'ai besoin d'acheter quelque chose, je surveille le prix et ainsi de suite ».
Toutes les utilisations mentionnées ci-dessus sont citées aussi bien par les filles que par les garçons. Cependant, il est intéressant de souligner les différences entre les sexes dans le choix des jeux en ligne par les élèves. En effet, les garçons ne rapportent que des matchs de football et de course en ligne, alors que les filles rapportent le plus souvent des jeux de simulation traitant de situations quotidiennes.
3.1.3. Les transgressions : une affaire de garçons ?
Certaines infractions aux règlements de l'Ordival et au règlement de l'école ont été citées par les élèves, mais à des degrés différents selon qu'il s'agit de garçons ou de filles. D'une part, les filles ont tendance à nier avoir transgressé les règlements et à condamner les personnes qui avaient des comportements transgressifs.
Élève 8 (fille, 6e) : « S'il y a des élèves au fond de la classe et que le professeur ne va pas devant eux, et après qu'il y a des gens qui jouent à des jeux, ils regardent des vidéos sur YouTube ; donc après c'est la jungle ».
Élève 2 (fille, 5e) : « Vous devez l'imprimer, vous devez imprimer la leçon que vous avez tapée pendant le cours et vous la collez dans votre cahier d'exercices, mais il y a des gens qui ne le font pas et dans le sens où ils jouent à des jeux, ils n'ont pas tapé la leçon et ils sont à l'envers ».
D'autre part, les garçons ont souvent déclaré qu'ils avaient transgressé les règles avec leur ordinateur portable, ou fait l'éloge des comportements transgressifs de leurs pairs. Par exemple, certains élèves de 6e année ont signalé le téléchargement d'un jeu vidéo violent, interdit aux moins de 18 ans, en échange d'argent :
Élève 9 (garçon, 6e) : « Un ami, il partage des jeux sur les ordinateurs d'autres personnes, s'ils veulent un jeu, il l'installe ».
Élève 10 (garçon, 6e) : (en riant) « Oh oui, et puis il partage le jeu, c'est GTA ».
Élève 9 (garçon, 6e année) : « C'est GTA 3 [6] »
Enfin, deux élèves ont expliqué qu'ils partageaient un jeu appelé Yoshi's Island [7], deux autres ont expliqué qu'ils avaient créé une session privée sur leur ordinateur portable afin d'échapper au logiciel de contrôle parental.
Élève 10 (garçon, 6e) : « Vous pouvez entrer dans "pro", après que le professeur soit entré dans "pro". J'ai créé une autre session, mon professeur m'a donné une retenue après l'école. Parce que la session élève est toujours désactivée, alors j'ai créé une autre session (...) sur la session de l'élève, il y a le contrôle parental, mais si vous en créez une autre, il n'y en a pas ».
3.2. Données quantitatives : des différences entre les garçons et les filles
Dans les résultats suivants, nous ne rapportons que les attractions entre modalités dont la probabilité est inférieure à 0,1 sous l'hypothèse d'indépendance.
3.2.1. Les ordinateurs sont utiles en classe selon les filles
Une différence significative entre les garçons et les filles a cependant été observée concernant la possibilité d'avoir des problèmes de vue. Les filles avaient tendance à exprimer une opinion neutre, tandis que les garçons avaient tendance à déclarer qu'ils n'étaient pas d'accord avec cette affirmation.
Quelques autres différences ont également été observées concernant la perception de l'utilité de l'ordinateur portable dans la salle de classe, selon la matière. En effet, les filles considèrent davantage « utile » l'utilisation des ordinateurs portables pendant les cours de musique et de langues (PEM = 28 %, Khi2 Local = 1,53 p<.1), alors que les garçons expriment de préférence deux opinions divergentes sur l'utilité des ordinateurs portables : leur utilisation pendant les cours de mathématiques (PEM = 15 %, Khi2 Local = 1,459 p<.1) et jamais (PEM = 32 %, Khi2 Local = 2,19 (p<.1).
3.2.2. Jouer à des jeux interdits, enfreindre les règles : une affaire de garçons
D'après les attitudes adoptées par les filles et les garçons à l'égard de l'utilisation des ordinateurs portables, il a été possible d'observer des différences entre les sexes relativement à la transgression des règles. En effet, seuls les garçons ont signalé des utilisations interdites par le règlement Ordival ou par leur école.
La majorité des garçons ont dit avoir tendance à mener des activités divertissantes en classe avec leur ordinateur portable. Ils ont aussi dit qu'ils avaient déjà utilisé leur ordinateur portable dans un endroit où c'est interdit, et qu'ils avaient regardé des séries à l'école.
Concernant le partage de jeux interdits sur les ordinateurs portables, deux opinions ont été exprimées par les garçons. Soit ils étaient d'accord avec la possibilité de partager des jeux sur des ordinateurs portables alors que c'était interdit, soit ils étaient plutôt d'accord avec cet énoncé.
Au contraire, la plupart des filles ont répondu qu'elles n'utilisaient jamais leur ordinateur portable en classe pour faire d'autres activités que celles demandées par l'enseignant. Elles ont également déclaré qu'elles n'utilisaient pas leurs ordinateurs portables dans un endroit où c'est interdit par le règlement de l'école, et qu'elles n'avaient jamais partagé de jeux sur leurs ordinateurs portables.
3.3. Opinion des garçons et des filles sur les activités liées aux ordinateurs portables
Dans ce qui suit, nous allons rendre compte de ce que pensent les filles et les garçons à propos des usages de l'Ordival par leur groupe d'appartenance et par le groupe de sexe opposé.
3.3.1. Utilisations spécifiques des filles : l'Ordival sert à travailler
L'utilisation scolaire pendant les loisirs ou à la maison était plus souvent exprimée par les filles. Elles ont répondu davantage que les garçons qu'elles utilisaient leur ordinateur portable pour préparer leurs devoirs à la maison et à l'école. Elles ont dit qu'elles allaient sur Internet à la maison pour prendre des notes sur les devoirs assignés par les enseignants, en utilisant le « Cartable en ligne » [8].
Les garçons ont répondu de façon significative qu'ils n'utilisaient pas leur ordinateur portable à des fins scolaires. Quant à la navigation sur Internet pour rechercher des informations en vue de la préparation de rapports, ils ont choisi la réponse « Tu ne fais jamais cela ». Ils ont également répondu « Tu ne fais jamais cela » concernant la navigation sur Internet pour faire leurs devoirs.
Dans ce cas, il est important de noter que nous avions une probabilité de 0,01 en croisant les modalités « Tu ne fais jamais ça » et « Garçon » et une autre probabilité de 0,05 pour l'attraction entre les modalités « Cartable en ligne/Devoirs » et « Fille ».
3.3.2. Utilisations spécifiques des garçons : l'Ordival sert à s'amuser
En ce qui concerne les utilisations à des fins de divertissement, les filles ont dit, davantage que les garçons, qu'elles ne jouaient jamais aux jeux vidéo sur leur ordinateur portable, ce qui contraste avec les résultats obtenus lors des entretiens de groupe. Les garçons, par contre, ont dit qu'ils avaient ce genre d'utilisation.
En ce qui concerne le réglage des ordinateurs portables, nous avons observé que les élèves changeaient souvent l'image sur le bureau et parfois la couleur des icônes. Les filles ont répondu « Totalement d'accord » avec l'idée d'utiliser la fonctionnalité qui leur permet de changer la couleur de la police lorsqu'elles écrivent des textes, alors que les garçons ont répondu « Totalement en désaccord ». Les filles ont également répondu « Tout à fait d'accord » à la question sur la personnalisation des icônes sur leurs ordinateurs portables.
Comme constaté pour l'utilisation scolaire, il a été possible d'observer différents seuils de khi2 significatifs : il était de 1 % pour l'attraction entre les modalités « Garçon » et « Totalement en désaccord » concernant l'utilisation des couleurs de police sur un logiciel de traitement de texte LibreOffice. Il atteint 5 % concernant l'attractivité entre les modalités « Fille » et « Totalement d'accord ».
Enfin, une valeur significative a été observée pour l'attraction entre les modalités « Garçon » et « Ni d'accord, ni en désaccord » sur la personnalisation des icônes sur les ordinateurs portables.
3.3.3. Attribution des usages par les filles et les garçons : les filles travaillent et les garçons s'amusent ou transgressent les règles
Dans la troisième partie du questionnaire, nous avons dressé une liste des usages scolaires, des usages de divertissement et des usages de personnalisation, qui étaient les mêmes que ceux énumérés précédemment dans les deux premières parties. Dans chaque question, nous avons interrogé les élèves sur les utilisations liées au genre. À cette fin, chaque question a donné trois réponses : « Seules les filles font ça », « Seuls les garçons font cela » et « Tous les deux font cela ».
Les filles attribuent le plus souvent l'utilisation de l'école à leur groupe de genre. Elles ont parfois attribué aux filles et aux garçons des utilisations beaucoup plus divertissantes, comme l'écoute de musique sur Internet. Mais les filles ont indiqué que seuls les garçons naviguaient sur Internet pour acheter des articles.
Nous avons aussi remarqué un écart entre certaines utilisations exprimées dans les deux premières parties du questionnaire et les attributions d'utilisation selon le sexe. En effet, les filles attribuaient aux filles et aux garçons le jeu des jeux en ligne sur ordinateur portable, alors que les filles disaient qu'elles ne jouaient jamais à des jeux en ligne. Les garçons ont revendiqué de façon significative des utilisations uniquement pour leur groupe. Toutes ces utilisations étaient liées au divertissement.
3.4. Comparaisons entre les collèges de notre échantillon
Après avoir analysé les résultats obtenus dans un établissement, nous avons étendu notre travail de recherche afin de vérifier la reproductibilité des résultats. Nous avons donc comparé les résultats obtenus dans le collège A avec ceux obtenus dans les collèges B et C, où moins d'utilisations avaient été répertoriées.
3.4.1. Peu de différences significatives entre les garçons et les filles dans les collèges A et B
Le collège A, où l'on a signalé un plus grand nombre d'occasions d'utiliser des ordinateurs portables en classe et à la maison, est celui où la différence entre les sexes est la plus faible. Seulement trois attractions entre variables ont été observées. Une attraction significative est apparue entre « garçon » et « Totalement en désaccord » au sujet de la préférence pour les cahiers d'exercices que les ordinateurs portables utilisent en classe. Une autre différence significative a également été observée. Les filles avaient tendance à leur attribuer l'utilisation d'ordinateurs portables pour faire leurs devoirs, alors que les garçons disaient que les garçons comme les filles pouvaient le faire.
Le collège B n'a produit que cinq attractions significatives, conformément aux résultats observés habituellement entre garçons et filles en cas de transgressions. En effet, les filles avaient tendance à répondre négativement au partage des jeux à la maison, à l'école et en général aux jeux. Inversement, les garçons ont répondu « je fais ça à la maison » à la question sur le partage des jeux sur les ordinateurs portables. Ces résultats s'inscrivent dans la continuité des recherches menées dans d'autres pays, comme celles menées par Matchinda (2008) et Tchamabe (2011) au Cameroun, qui ont comparé l'utilisation de l'ordinateur par les élèves du secondaire en classe et pendant le temps libre.
Une autre attraction a également été observée concernant la personnalisation des ordinateurs portables. Les garçons avaient tendance à répondre « Totalement en désaccord » pour avoir changé les couleurs des icônes sur leurs ordinateurs portables.
3.4.2. Différences plus importantes entre les filles et les garçons dans le collège C
Dans le collège C, on a observé davantage d'attractions entre le genre et les autres variables. Toutes les utilisations scolaires ont été signalées par les filles et attribuées aux filles. Par exemple, les filles ont dit de consulter leurs devoirs sur la plate-forme en ligne de l'école à la maison, alors que les garçons ont dit qu'ils ne le faisaient jamais. Les mêmes différences ont été observées entre les filles et les garçons pour la consultation des notes sur la plate-forme en ligne de l'école et pour la navigation sur Internet afin de faire des rapports.
Dans le même ordre d'idées, les garçons ont dit que seules les filles cherchaient de l'information sur Internet pour faire des rapports et qu'elles n'avaient jamais fait leurs devoirs sur leur ordinateur portable. L'utilisation des couleurs dans un logiciel de traitement de texte a également été signalée par les filles, mais pas par les garçons.
En ce qui concerne les transgressions, les garçons en ont déclaré davantage que les filles. Par exemple, ils ont dit qu'ils partageaient des jeux à la maison, alors que les filles ont dit qu'elles ne le faisaient jamais. Ils ont aussi dit qu'ils partageaient des jeux même si c'était interdit, alors que les filles ont dit qu'elles ne le faisaient jamais.
Cependant, toutes les transgressions ont été attribuées différemment entre les garçons et les filles. Les filles ont déclaré ne pas partager de jeux ou jouer à des jeux en ligne sur des ordinateurs portables, mais elles ont déclaré que les garçons aussi bien que les filles le pouvaient, alors que les garçons ont déclaré que seuls les garçons le pouvaient. Enfin, dans le cas du divertissement, aucune différence n'a été constatée entre les garçons et les filles. Mais les garçons avaient tendance à attribuer aux garçons le fait d'écouter de la musique sur Internet, alors que les filles n'ont signalé aucune différence.
Discussion et perspectives
Cette recherche exploratoire a visé à analyser les différentes utilisations de l'ordinateur portable par les filles et les garçons dans les collèges français, dans le cadre d'un grand projet financé par le département du Val de Marne. Nous sommes conscients que notre échantillon ne prétend à aucune représentativité en raison du nombre modeste de répondants. Toutefois, nos recherches nous donnent un aperçu de la situation.
Dans le collège A, les entretiens de groupe semi-structurés et les questionnaires ont révélé moins de différences entre garçons et filles que dans les deux autres écoles. Ces différences se limitaient principalement à deux thèmes. Premièrement, ceux qui admettent des transgressions sont de préférence des garçons, alors que les filles ne les admettent pas. Deuxièmement, les élèves ont déclaré jouer à des jeux de type « jeux de rôle en ligne » pour la plupart des filles et des jeux de course pour les garçons.
Des résultats plus contrastés ont été obtenus dans les deux autres collèges. Notamment, les différences entre les garçons et les filles ont été beaucoup plus marquées dans le collège C. Nous ne pouvons pas en identifier la raison avec certitude. Cependant, on peut remarquer que dans le collège A tous les élèves avaient eu, depuis l'entrée à l'école, le même professeur de sciences. Cet enseignant, un innovateur, avait créé un site Web personnel pour les élèves [9], leur permettant de réaliser des activités telles que l'écriture collective. Il leur a permis d'expérimenter avec les technologies et était très sensible aux questions d'iniquité. Il est permis de penser que son attitude et sa pratique ont pu influencer la façon dont les élèves ont perçu la technologie. Mais nous ne pouvons pas le prouver.
Pour l'avenir, il nous semble intéressant de répliquer un tel type de recherche, afin d'analyser l'évolution des représentations.
Solène Zablot, Georges-Louis Baron
Université Paris Descartes
Laboratoire Éducation discours et apprentissages (EDA), EA 4071
45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris.
Cet article est sous licence Creative Commons (selon la juridiction française = Paternité - Pas de Modification).
http://creativecommons.org/licenses/by-nd/2.0/fr/
Références
Baron, G.-L., Drot-Delange, B., Khaneboubi, M. & Sedooka, A. (2010). Genre et informatique : compte rendu d'une enquête récente par questionnaire sur les opinions d'élèves de lycée. EpiNet : la revue électronique de l'EPI (Enseignement Public et Informatique).
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1009c.htm
Bonnot, V. & Croizet, J.-C. (2011). Stereotype threat and stereotype endorsement : their joint influence on women's math performance. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 24(2), p. 105-120.
Carey, M. & Asbury, J. (2012). Focus group research. Walnut Creek, CA : Left Coast Press. 118 p.
Cibois, P. (2007). Méthodes d'analyse d'enquêtes. Paris : Presse universitaire de France. 127 p. Livre électronique :
http://classiques.uqac.ca/contemporains/cibois_philippe/metho_analyse_enquetes/metho_analyse_enquetes.html
Dagiral, É. (2006). Genre et technologie. Terrains & travaux, n° 10(1), p. 194-206.
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http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article157&lang=fr
NOTES
[1] SVTux est un site web créé en 2004 par un enseignant de SVT du premier collège que nous avons visité. Les « missions » citées par les collégiens correspondent aux leçons et aux activités de découvertes mises en ligne par cet enseignant. À la fin de chaque cours, les élèves élaborent la leçon du jour, avec leurs propres mots et en fonction de ce qu'ils ont vu pendant la séance.
Voir : https://sites.google.com/site/svtux2
[2] Framapad est une application libre d'écriture collaborative en ligne.
Voir : https://framapad.org/
[3] Information à propos de LimeSurvey,
voir https://www.limesurvey.org/en/
[4] Le khi2 local pour un croisement de modalités est obtenu en regroupant toutes les autres modalités afin d'obtenir un tableau 2x2. Ce khi2 est donc à un degré de liberté.
[5] Un environnement numérique de travail est un logiciel en ligne implémenté dans tous les collèges depuis les années 2000 (Voulgre, 2012). Ce logiciel permet aux parents, aux enseignants et aux membres de l'équipe éducative de partager des informations sur la « vie scolaire » de l'élève (notes, absences, devoirs, etc.).
[6] GTA : Grand Theft Auto, est une série de jeux vidéos interdits aux utilisateurs de moins de 16 ans ou de moins de 18 ans en raison des scènes de violence qui s'y jouent : traffic de stupéfiants, ventes d'armes, prostitution, etc. La version citée par les élèves, ici, est une version interdite aux utilisateurs de moins de 18 ans.
[7] Yoshi's Island est un jeu vidéo de la marque Nintendo. Il s'agit d'un jeu dans lequel le petit dinosaur Yoshi doit venir au secours du célèbre personnage SuperMario.
[8] Cartable en ligne : nom de l'environnement numérique de travail utilisé dans le collège.
[9] Voir : http://svtuxboxproject.pagesperso-orange.fr
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