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L'informatique dans le projet de loi d'orientation
et de programmation pour la refondation
de l'École de la République
 

   Le projet de loi, présenté en Conseil des ministres le 23 janvier dernier, va être prochainement examiné par l'Assemblée nationale puis par le Sénat.

   Nous avons déjà dit et redit l'enjeu d'une culture informatique pour tous les élèves. L'informatique est le coeur des activités numériques essentielles pour notre pays. Elle sous-tend le numérique comme la biologie sous-tend le vivant et les sciences physiques l'industrie de l'énergie. Son impact sociétal et économique « explose » au XXIe siècle. L'informatisation est la forme contemporaine de l'industrialisation. On ne compte plus les débats de société que l'informatique suscite. À ces titres, elle doit être une composante de la culture générale scientifique et technique de tous les élèves. Pour cela une discipline de science informatique est incontournable et son enseignement doit débuter dès le collège au même titre que celui de la physique ou de la biologie. Une initiation de type « main à la pâte » doit être faite à l'école primaire [1].

   Certes, les jeunes ont une certaine familiarité avec l'utilisation des outils numériques mais pour que celle-ci se transforme en créativité il faut qu'ils comprennent tôt les formes de pensée nouvelles et spécifiques à l'informatique. Ce n'est pas le cas actuellement. Loin de s'opposer, la discipline informatique et les usages pédagogiques du numérique sont complémentaires et se renforcent mutuellement.

   Interviewé pour EducaVox par Claude Tran, Gilles Braun, Conseiller Technique pour le Numérique du Ministre de l'Éducation nationale, s'est exprimé sur la question. Dans une présentation de l'interview, Claude Tran écrit : « L'informatique va être discipline pour tous dans les CPGE scientifiques à la rentrée 2013 [2]. Pour le lycée, “la généralisation de la spécialité Informatique et Sciences du Numérique à toutes les séries du bac général et technologique, qui figure parmi les promesses de campagne du Président de la République, sera chose faite en 2015”. » Pour le collège et l'école, « c'est plus complexe et “il y a un vide sur ces sujets-là”. Les experts consultés souhaitent l'intégration de cette réflexion dès l'école primaire car “comprendre qu'une multiplication c'est un algorithme” et “comprendre pourquoi une machine peut faire une multiplication” doit enrichir l'enseignement. Sous quelle forme et quels en seront les contenus ? Qui va l'enseigner ? Comment former ceux qui vont l'enseigner ? Un groupe de travail sera rapidement constitué par la DGESCO ; l'Académie des Sciences doit prochainement produire sur ce sujet un avis. La nouveauté de ces derniers mois, c'est la “conscience au plus haut niveau de l'État de l'importance de ces enseignements et de cette réflexion dans l'École de la République” » [3].

   D'évidence, l'EPI, dont on sait les multiples actions menées depuis de nombreuses années, les contributions diverses pour l'enseignement de l'informatique au lycée, se félicite de cette « conscience au plus haut niveau » [4].

   On peut distinguer trois phases dans les apprentissages, qui se chevauchent : la découverte, l'acquisition de l'autonomie et l'approfondissement des concepts. Pour une bonne part, elles correspondent à l'école primaire, au collège et au lycée. Lors de la première phase, les élèves utilisent des objets et se posent des questions. La découverte de certains concepts fondamentaux se fait dans un équilibre « branché-débranché ». Au collège, l'autonomie s'acquiert en construisant des objets, en écrivant des programmes. Au lycée, l'approfondissement des concepts concerne les grands domaines de la science informatique : algorithmique, programmation et langage, théorie de l'information, machines (ordinateur, réseau...) [5].

   La formation des enseignants est fondamentale. Pour l'EPI, l'informatique, discipline à part entière, doit avoir, comme ses consoeurs, son Capes et son agrégation. Pour les professeurs des écoles, un certificat dédié doit être proposé dans les futures Écoles supérieures du professorat et de l'éducation (É.S.P.É.). Au collège, une phase transitoire doit pouvoir s'appuyer notamment sur le cours de technologie [6].

   Les choses avancent. Pas qu'en France. Ainsi en Grande Bretagne, l'enseignement de l'informatique va être introduit comme discipline fondamentale à l'école pour les jeunes britanniques [7]. Il s'agit à la fois de permettre aux futurs citoyens de comprendre le monde numérique, de ne pas être seulement des utilisateurs passifs mais aussi des créateurs, et de faire évoluer l'enseignement pour qu'il prépare aux métiers de demain. Une rupture est nécessaire avec l'enseignement actuel. Il ne s'agit pas d'enseigner l'utilisation de logiciels, ou de moteurs de recherche, mais la science informatique avec un accent mis sur la programmation.

15 février 2013

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1] « Propositions d'actions de développement professionnel pour les maisons des sciences »
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/groupe-itic-cr_13-01_lamap.htm

[2] « Rénovation des programmes des C.P.G.E. - rentrée 2013 »
http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1302e.htm

[3] « Quelle place pour l'informatique et les sciences du numérique à l'école ? »
http://www.educavox.fr/actualite/debats/article/quelle-place-pour-l-informatique
http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1302r.htm

[4] Voir par exemple une proposition de programme pour le lycée élaborée en 2008
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/asti-itic-lycee-prog.htm

[5] Manuel Informatique et sciences du numérique
https://wiki.inria.fr/sciencinfolycee/Informatique_et_Sciences_du_érique_-_Spécialité_ISN_en_Terminale_S

[6] « Éducation technologique collège et Informatique et Technologie de l'Information et de la Communication »
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/groupe-itic-cr_13-01_I-Rak.htm

[7] Voir notamment : « Computer science part of English Baccalaureate »
http://www.bbc.co.uk/news/education-21261442

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Février 2013

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