Le statut des TIC en éducation : cas de la Côte d'Ivoire

Séhi Antoine Mian Bi
 

Résumé
À partir d'une recension d'un corpus d'articles scientifiques, de rapports, d'ouvrages numériques et de thèses portant sur les TIC et l'éducation en Côte d'Ivoire, nous avons voulu rendre lisible de l'évolution du statut des TIC dans le secteur de l'éducation et de la formation. L'analyse des 21 textes récensés montre que les TIC ont d'abord été inaccessibles au tout début, ensuite accessibles mais ludiques et enfin elles semblent de plus en plus utilisées comme outil au service d'une éducation et d'une formation de qualité. Par ailleurs, il semblerait que cette évolution du statut des TIC soit le fait d'une part de l'évolution des offres de service en matière d'accès à Internet et d'autre part de la formation de personnes ressources dans le domaine de la recherche sur les TIC en éducation. Et pour un usage effectif des TIC en éducation et en formation, l'article suggère la formation de personnes ressources en l'intégration pédagogique des TIC.

Introduction

   Dans la constitution du capital humain, l'éducation joue un rôle déterminant parce qu'elle fournit la qualité de travail indispensable à la croissance économique. Et dans une économie mondiale basée sur l'information, la réussite des pays de l'Afrique en général et de ceux au sud du Sahara, principalement, nécessitera une transition démographique accélérée vers une population active à la fois capable de s'adapter, instruite et en bonne santé. Selon Mian Bi (2010), l'un des enjeux éducatifs majeurs des pays Africains est l'amélioration du taux de scolarisation et de la qualité des enseignements. Face aux carences des systèmes éducatifs des pays Africain au sud du Sahara, il est de plus en plus question d'intégrer les Technologie de l'Information et de la Communication (TIC) dans le système éducatif (Blé, 2001 ; Ngamo, 2007 ; Coulibali, 2009). Car, selon Bahi (2001), Ngamo (2007) et Mian Bi (2010), l'un des avantages de cette intégration des TIC est l'accès des apprenants Africains aux ressources éducatives via internet.

   Même si l'usage des TIC n'est pas encore véritablement une réalité en Côte d'Ivoire, le système éducatif ivoirien a une expérience de la technologie éducative (Désalmand, 1986). En effet, la Côte d'Ivoire a été parmi les pays africains à expérimenter la télévision à l'école. Toutefois, comme le constate Bogui (2007), l'usage des TIC à des fins éducatives n'est pas toujours traduit en actes. Pour Djédjé (2007), cette situation est due à plusieurs facteurs dont l'absence d'une politique nationale d'implantation des TIC, des équipements inappropriés et une vision plus technique que pédagogique des TIC dans l'enseignement et la formation. Malgré cet état de fait, il existe ça et là des exemples d'usage des TIC en éducation et en formation (Djédjé, 2007 ; Azoh et al., 2009). Alors que dans un passé très récent les TIC semblaient inaccessibles dans la société Ivoirienne, l'objectif de cet article est de rendre lisible l'évolution du statut des TIC dans l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire

Cadre théorique

   Les TIC sont de plus en plus présentes dans toutes les sphères de la société. Selon Sagna (2006), l'importance croissante prise par les TIC, depuis maintenant près de deux décennies, concoure à l'émergence d'une nouvelle société, qualifiée par les uns de « société de l'information » et par les autres de « société de la connaissance ». La « révolution informationnelle » (Lojkine, 1992), remet en cause les manières de communiquer, de penser, d'apprendre, d'enseigner, d'agir et de produire. Dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) à Genève en 2003, les participants ont été unanimes à reconnaître la nécessité « d'édifier une société à dimension humaine, inclusive et privilégiant le développement, une société de l'information, dans laquelle chacun ait la possibilité de créer, d'obtenir, d'utiliser et de partager l'information et le savoir, et dans laquelle les individus, les communautés et les peuples puissent ainsi réaliser l'intégralité de leur potentiel dans la promotion de leur développement durable et l'amélioration de leur qualité de vie, conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies ainsi qu'en respectant pleinement et en mettant en oeuvre la Déclaration universelle des droits de l'homme » (SMSI, 2003). Malgré cette bonne intention du SMI, la réalité sur le terrain laisse entrevoir une fracture numérique ou un fossé numérique (Sagna, 2006 ; Mian Bi 2010a), particulièrement aiguë dans les pays de l'Afrique au sud du Sahara.

   Pour Sagna (2006, p. 16), « parmi les multiples problèmes soulevés par la fracture numérique, une place centrale est tenue par la question de l'accès universel aux réseaux et services de télécommunications, et aux TIC dans leur ensemble ». Selon l'auteur, si pendant longtemps la question d'accès universel a été envisagée du simple point de vu de l'accès aux services, il faut maintenant s'intéresser à l'accès réels ou si l'on préfère à l'usage (Peters, 2003). Et dans cette perspective, il convient selon lui de tenir compte de :

  1. la disponibilité, faisant référence à l'existence ou non de l'infrastructure ;
  2. l'accessibilité, entendue au sens de la capacité humaine à utiliser ces outils ;
  3. l'abordabilité, en rapport avec la capacité financière des citoyens ;
  4. l'adaptabilité, décrivant l'adéquation entre l'offre de services et les besoins réels.

   Et lorsque les TIC semblent accessibles, le premier élément qui attire les usagers est le côté ludique de l'outil. Pour (Dieuzied, 1994), les capacités ludiques des TIC pourraient s'expliquer par le fait qu'elles allient le pôle informatique, le pôle audiovisuel et le pôle télécommunication. Car, selon lui, « globalement l'audiovisuel présente, l'informatique organise, les télécommunications rapprochent » (Dieuzied, 1994, p. 36). De façon générale, il ressort de la littérature scientifique (Bahi, 2004a, Loukou, 2005, Ngamo, 2007 ; Karsenti et Ngamo 2007 ; Timoré 2006 ; N'déde 2011) que les TIC sont utilisés d'abord pour leur côté ludique en Afrique. Et ceci grâce à l'accès qu'elles permettent à une très grande quantité de fichiers vidéos et audio sur Internet, des jeux et aussi, par l'utilisation des moyens de communication (mail, tchat, forum de discussions, téléphonie IP, réseaux sociaux, etc.).

   En Afrique, l'arrimage des TIC à la pédagogie représente une voie royale pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement (Karsenti, 2004) et de la formation. En effet, sur le compte du potentiel éducatif des TIC (Depover et al., 2007), Perreault (2002) estimait qu'en plus d'assurer une diffusion enrichie, les TIC constituaient un outil sans égal pour des enseignants animés du désir de rendre les apprenants plus entreprenants et collaboratifs lors de la construction de leurs connaissances (Poellhuber et Boulanger, 2001). Et de plus, une utilisation sensée des TIC favorise le développement d'habiletés transversales (Raby, 2005) des apprenants. Coulibaly (2009, p.32) peut ainsi affirmer que, « le système éducatif ne peut ignorer les changements profonds provoqués par l'arrivée des TIC dans presque tous les secteurs d'activités de la vie sociale. Il doit donc être soucieux de former ses élèves dans un environnement facilitant l'accès au marché du travail ou aux études supérieures ». Ainsi pour pallier à l'inefficacité de leurs systèmes éducatifs, de plus en plus de pays en Afrique font un usage des TIC dans l'éducation et la formation. Dans la littérature scientifique, il y a des exemples de pays comme le Cameroun (Ngamo, 2007) qui font usage des TIC dans l'enseignement secondaire et des pays comme le Burkina Faso (Tiemtoré, 2006), le Niger (Coulibaly, 2009) et la Côte d'Ivoire (Mian Bi, 2008, 2010b, 2010c) pour la formation des enseignants.

   De ce qui précède, il semblerait que les TIC qui au début étaient inaccessibles dans l'éducation en Afrique, ont été accessibles mais ludiques et deviennent de plus en plus des outils au service de l'éducation et de la formation. Il est alors parut pertinent de nous poser la question suivante : comment se traduit l'évolution du statut des TIC en éducation et formation en Côte d'Ivoire à travers des textes scientifiques portant sur cette problématique ?

   N'ayant pas la prétention d'avoir repéré tous les textes empiriques portant sur les TIC, l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire, l'échantillon présenté nous permet de dégager quelques tendances qui ont marqué l'histoire des TIC dans l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire.

Méthode de constitution du corpus

   Pour constituer notre corpus, nous avons repéré une première série de documents dans nos collections documentaires personnelles cumulées au cours de nos cinq années de pratique et de recherche dans le domaine de la technologie éducative. Nous avons ensuite effectué une recherche documentaire dans les banques de données telles ERIC, FRANCIS et celle du Réseau Ouest Africain de Recherche en Éducation (ROCARE) ainsi que dans l'Internet au moyen des moteurs de recherche Google et Copernic, en utilisant divers mots-clés pour désigner chacun des concepts visés (Usages OU Utilisations ; Technologie OU TIC OU TICE OU NTIC OU Ordinateur OU Informatique ; Internet ; Éducation OU Enseignement OU formation OU apprentissage ; pédagogie ; Côte d'Ivoire). La recherche documentaire a été effectuée uniquement en langue française. L'informatique et précisément l'Internet s'étant développée en Côte d'Ivoire surtout à partir des années 1996, nous n'avons pas remonté au-delà de cette date. Enfin, un certain nombre de textes ont été repérées parce qu'ils étaient signalés dans les références bibliographiques des écrits déjà sélectionnés.

   Pour être retenu, un document devait proposer des résultats d'une enquête empirique portant sur les TIC, l'éducation et/ou la formation en Côte d'Ivoire. Il faut noter que les recherches que nous avons faites dans la base de données ERIC et FRANCIS n'ont donné aucun résultats. Ce fait peut s'expliquer par le maque d'écrits scientifiques d'envergure sur les TIC en éducation et formation en Côte d' Ivoire. Notre corpus est essentiellement constitué de textes issus de la base de données du Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Éducation (ROCARE) et des recherche dans Internet grâce aux moteurs de recherches Google et Copernic.

Vu d'ensemble des textes récences

   Le corpus est composé de 21 textes (figure 1) en fichiers numériques, majoritairement des articles (67 %), des thèses (19 %), des rapports (10 %) et d'un ouvrage numérique (5 %).

La plus ancienne des thèses a été soutenue en 2005 à l'Université de Montpellier III-Paul Valery, dans la discipline Géographie. Cette thèse avait pour thème : Télécommunication et développement en Côte d'Ivoire à l'aire de la société de l'information et de la mondialisation. Deux thèses ont été soutenues en 2007. L'une à l'Université de Montréal dans la discipline Science de l'Éducation et dont le thème est : Implantation des Technologie de la Communication et de l'Information (TIC) par des directeurs et enseignants de deux écoles secondaire de Côte d'Ivoire. L'autre à l'université Michel Montaigne-Bordeaux 3 dans la discipline Communication et portant sur le thème : Intégration et Usages des Technologie de l'information et de la communication en Afrique : situation de l'enseignement supérieur en Côte d'Ivoire. La quatrième et dernière thèse a été soutenue en 2010 à l'Université de Montréal dans la discipline Science de l'éducation et elle a pour thème : Usages et compétence TIC en formation initiale des enseignants à l'ENS d'Abidjan (Côte d'Ivoire) : le cas des formateurs et des futurs enseignants.

   L'article le plus ancien date de 2001, deux de 2004, trois de 2007 et les huit autres ont été écrits entre 2008 et 2011. Il est à noter que quatre de ces 14 articles soit 29 % ont été écrits par des enseignants-chercheurs issus de la discipline Communication, un article soit 7 % par groupe d'enseignant-chercheurs en Économie ; quatre article soit 29 % par des enseignant-chercheurs de la discipline Science de l'éducation et les cinq autres articles soit 36 % par des chercheurs de l'équipe pays du projet PanAfrican Research Agenda on the Pedagogical Integration of ICTs (PANAF) [1]. Si l'on peut noter que la majorité de ces articles soit 79 % ont été écrits à partir de 2007, on remarque aussi que plus de la moitié a été écrits entre 2008 et 2011.

   L'un des rapports date de 2009 et présente les résultats de la Côte d'Ivoire après la phase I du projet PANAF. L'ouvrage qui date de 2010 fait une recension des principaux résultats de chaque équipe pays du même projet. En effet, dans le but de vulgariser l'utilisation des TIC dans l'éducation en Afrique au sud du Sahara, le CRDI et l'Université de Montréal ont initié un projet dénommé PANAF. En collaboration avec le ROCARE, le PANAF a initié une série d'études portant sur l'intégration des TIC dans onze pays Africains (Afrique du sud ; Cameroun ; Centrafrique ; Congo ; Côte d'Ivoire ; Kenya ; Mali ; Mozambique ; Ouganda ; Sénégal ; Ghana). Le deuxième rapport qui date de 2005 est la première version du plan national TIC produit par le Ministère des Nouvelle Technologie de l'information et de la Communication (MNTIC) de Côte d'Ivoire.


Figure 1. Répartition du corpus des textes.

Évolution de la situation des TIC en Côte d'Ivoire

   L'analyse des textes recensés montre que de 1996 à ce jour, le statut d'Internet est passé d'incessible à celui d'outil au service de l'éducation.

1 Les TIC d'abord inaccessibles

   C'est en 1996 qu'Internet est apparu en Côte d'Ivoire avec un certain retard par rapport à certains pays de la sous-région comme le Bénin et le Sénégal. Ce retard serait lié selon Loukou (2005) aux restructurations qui avaient cours au sein de l'opérateur national de téléphonie. La libéralisation des services à valeur ajoutée a permis aux prestataires de services Internet privés d'entrer sur scène. Il en existait six en activité dont AfricaOnline, le plus ancien et le plus important d'entre eux. Les autres fournisseurs d'accès internet étaient : Acces Telecom ; Netafric ; Comafric (Comett), AfNet et CI-Telecom (Aviso).

   Le marché d'Internet ainsi dominé par les fournisseurs d'accès Internet n'était accessible que par les grands comptes c'est-à-dire les grandes entreprises, les petites et moyennes entreprise et à une moindre mesure l'État. Le tableau suivant donne selon le Loukou (2005) une idée du coût moyens à Internet pratiqué en Côte d'Ivoire en 1996.

Tableau 1. Coût moyen d'accès à internet en 1996 (Loukou, 2005)

Service liens commutés – abonnement mensuel

30 000 à 50 000 F CFA

Ligne dédiée - 64 Kbps

320 000 F CFA

Ligne dédiée - 256 Kbps

980 000 F CFA

Ligne dédiée - 512 Kbps

1 350 000 F CFA

Plus TVA de 11,11 %

   Les caractéristiques du secteur de l'Internet peuvent se décliner de la façon suivante (Blé, 2001, Loukou, 2005) : prix moyen de la connexion élevé par rapport au revenu moyen des habitants et une très faible bande passante, 256 Kbps en 1998 (Loukou, 2005), ne permettant pas d'offrir à la clientèle la qualité de service et le confort de navigation qu'offrirait un débit plus élevé. À ces éléments, il faut ajouter la faiblesse des équipements informatiques (Blé, 2001). Ainsi, selon Yaya et al. (2007), l'Internet reste un luxe pour la plupart des foyers ivoiriens en général et abidjanais en particulier. Et, selon les chiffres de l'Union Internationale des Télécommunication (UIT), en 1999 seulement 0,12 % de la population ivoirienne était connectée.

   À cette époque, les principaux instituts qui offraient des formations en TIC sont :

  • Institut national supérieur de l'enseignement technique (INSET) : offre une formation en TIC et dirige l'École de technologie tertiaire (ETT) ;
  • Institut national polytechnique Houphoet-Boigny (INP-HB) : dirige plusieurs écoles qui ont des programmes ayant trait aux TIC ;
  • Institut africain pour le développement économique et social (INADES) : assure une formation dans le cadre du programme IBISCUS pour aider les centres de documentation à utiliser les TIC ;
  • L'École nationale supérieure des postes et télécommunications (ENSPT) ;
  • L'École nationale supérieure d'ingénieurs (ENSI) ;
  • L'École nationale des techniciens supérieurs (ENTS) ;
  • Le Centre de formation continue (CFC).

   La plupart de ces instituts étant spécialisées dans la formation des ingénieurs, les TIC étaient plus considérées comme des objets d'étude (Ngamo, 2007) que des outils au service de l'apprentissage et de la formation.

   Pour les autres institutions (Université, Grandes école et autres), les associations bénévoles et certains particuliers, la connexion à Internet se faisait grâce aux Campus Numériques mis en place à Abidjan par l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF).

2 ... Ensuite, les TIC accessibles mais ludiques

   En 1996, le gouvernement Américain représenté par l'Agence de développement USAID a mis en place l'initiative Leland [2] au profil d'une vingtaine de pays Africains, dont la Côte d'Ivoire, bénéficiairent depuis 1998. La gestion nationale du noeud Leland a été confié à l'opérateur historique Côte d'Ivoire Télécom en 2001 après une assistance matérielle et technique ainsi qu'une subvention dégressive du débit d'accès au backbone Américain. Le débit d'accès à la dorsale américaine via Leland est passé de 256 Kbps en 1998 à 512 Kbps en 2005. Devant les besoins croissant en capacités nationale, cette bande passante s'est avérée étroite. D'où la mise en oeuvre de projet ambitieux de coopération internationale comme par exemple le projet SAT3/WASC/SAFE (South Atlantic Telecom cable n°3/ West Africa Submarine Cable/South Africa Far East) dont l'inauguration officielle en Côte d'Ivoire a eu lieu en 2002. Ce projet relie sur près de 29 000 km l'extrême sud de la partie ouest de l'Europe (Espagne) à l'Inde et à la Malaisie en longeant les côtes occidentales et méridionales de l'Afrique avec 17 points d'atterrissement dont 12 en Afrique. La technologie par fibre optique utilisée par ce projet permet une transmission dotée d'une capacité de 4×2,5 Gbts/s extensible à 8×2,5Gbts/s par paire de fibre. La durée de vie du câble est estimée à 25 ans. Parmi les nombreux avantages du projet SAT3/WASC/SAFE, l'on peut noter l'accroissement très significatif de la bande passante à l'international et l'offre de connectivité Internationale IP aux fournisseurs d'accès internet par la mise en place de passerelle IP à Abidjan.

   Ces facteurs combinés à l'accès quelque peu aisé aux matériels informatiques de secondes mains (Loukou, 2005) ont eu pour effet la multiplication des Cybercafés (Loukou, 2005 ; Bahi, 2004a, 2004b) qui a permis à un grand nombre d'individus d'accéder aux TIC de façon générale et à Internet de façon particulière. Ainsi, 1,2 % (UIT, 2005) de la population ivoirienne accédait à Internet. Selon Bahi (2004a, p. 71), « en leur offrant la possibilité de manipuler un ordinateur, d'accéder au réseau internet et de s'insérer ainsi à la réalité virtuelle, les cybercafés constituent peut être sa seule ouverture des gens ordinaires sur le cyber espace.. ». Le profil des usagers d'internet dressé par Bahi (2004b) et Loukou (2005) fait ressortir que la majorité des usagers d'Internet sont jeunes en moyenne moins de 30 ans, d'un niveau d'étude supérieur, et des travailleurs. Les usages les plus dominants sont le courriel et le tchat ou les forums de discussions. Ainsi, selon Loukou (2005, p. 149), « l'internet reste pour l'instant un substitut au courrier postal et au téléphone et un canal privilégié pour des recherches plus tôt prosaïque. L'usage pour des applications plus classiques et avancées (recherche scientifique, éducatives, commerciales, etc.) est encore marginale ». Ce résultat de Loukou confirme une autre recherche de Bahi (2004a) réalisée à l'Université de Cocody. En effet, cette étude conclue que les usages d'internet dans l'enseignement supérieur sont peu répandus et se limitent à la recherche documentaire. Pourtant, déjà en 2001, Blé, mettait en évidence les potentialités des TIC pour le secteur éducatif des pays d'Afrique.

   Ainsi, même si le niveau de connexion individuel reste encore faible, il ressort que grâce aux Cybercafé, internet est accessible mais reste encore ludique.

3 Enfin, les TIC outils d'enseignement-apprentissage

   À partir de 2006, le paysage des TIC et particulièrement d'Internet va considérablement changé. En effet, depuis cette année, les réseaux télécoms du pays offrent des accès Internet aux ivoiriens [3] et, l'on assiste à des offres de connexions à Internet grâces aux clefs USB. De plus, avec l'émergence de la technologie ADSL, les offres de connexions filaires proposées par Aviso la filiale Internet de CI-Telcom se sont accrues. Ces facteurs ont permis une relative diminution du coût de connexion à Internet ce qui a favorisé l'accès individuel. De sorte que, selon l'UIT, le pourcentage d'ivoiriens connectés à Internet est passé de 1,52 % en 2006 à 4,59 % en 2009. Par ailleurs, si de 1996 à 2007, l'accès à Internet se faisait uniquement grâce à l'ordinateur, de plus en plus de personnes y accèdent à partir des téléphones mobiles (Koutou, 2011) du fait de l'offre internet par les réseaux de télécommunications.

   Ce changement va aussi se constater dans les usages que fait la population d'Internet. En effet, si les usages principaux demeurent majoritairement ludiques, l'on note de plus en plus d'usages professionnels. Ainsi, une étude de Yaya et al. (2007) faite à Abidjan montre qu'en s'intéressant aux usages, l'on note que la majorité (48,5 %) utilise cette technologie pour la correspondance, 20,5 % pour le chat, 17,9 % pour des besoins professionnels. Les usages des TIC pour les besoins professionnels surtout dans le cadre de l'éducation et de la formation sont mis en exergues par des études empiriques (Mian Bi, 2008 ; Koutou, 2010, 2011 ; N'dede, 2011) et cela en dépit de l'absence d'un plan national TIC (Bogui, 2007 ; Djédjé, 2007 ; Mian Bi 2010b) pour l'éducation et la formation.

   Dans une étude multicas basée sur des entrevues semi-dirigées réalisées avec 26 répondants et sur l'analyse de documents, Djédjé (2007) estime que la formation continue des enseignants et des directrices aux TIC, le soutien de la direction d'école au projet TIC, l'accès aux ressources technologiques à l'école et les variables d'ordre personnel, pédagogique, organisationnel et social ont été les éléments de support de l'implantation des TIC dans deux établissement de l'enseignement secondaire en Côte d'Ivoire.

   Bogui (2007) a montré dans une étude réalisée par questionnaires et par entrevue dans les Universités publiques et privées de la Côte d'Ivoire que l'Internet devient un outil éducatif malgré les problèmes liés à l'accès surtout dans les universités publiques. En effet, cette étude qui a porté sur une trentaine de responsables, 140 enseignants et 1 030 étudiants révèle que la recherche documentaire sur internet à l'aide des moteurs de recherche semble être l'usage dominant d'internet aussi bien par des enseignants que par des étudiants. Toutefois, l'étude montre que 73,6 % des enseignants des universités ne sont pas formés à l'usage pédagogique des TIC. Ces résultats de Bogui (2007) sont confirmés par une étude de Mian Bi (2010a) qui montre qu'à l'École Normale Supérieure (ENS) d'Abidjan, aucun formateur n'avait reçu de formation TIC. Pour Bogui, « l'intégration et le développement de l'usage des TIC ne pourront se faire avec succès dans l'enseignement supérieur ivoirien qu'avec une implication totale des équipes de direction des établissements universitaires ».

   En Côte d'Ivoire, des enquêtes relatives à l'usage des TIC, réalisées dans dix établissements dont un du primaire, huit du secondaire et un du supérieur, dans le cadre du projet PANAF par Azoh et al. (2009) mettent en évidence trois groupes d'établissements :

  1. les établissements intégrant les TIC dans certains enseignements et dispensant un cours d'informatique ;

  2. les établissements dispensant un cours d'informatique et n'intégrant pas les TIC dans les enseignements ;

  3. les établissements n'intégrant pas les TIC dans leurs enseignements et ne dispensant pas de cours d'informatique

   Par ailleurs, de l'analyse des données de ces enquêtes, il se dégage une tendance générale : la volonté des acteurs du système éducatif de faire des TIC un élément de base de la formation des apprenants (Azoh et al., 2009). Toujours dans le cadre du projet PANAF, les travaux de Koutou qui en 2010 mettaient en exergue l'usage des réseaux sociaux par des élèves, des écoles de l'échantillon, pour leur apprentissage ; a montré en 2011 que de plus en plus d'élèves accédaient à internet grâce à leurs téléphones mobiles. Quant à N'dedé (2011), elle montre que les services de réseautage les plus courants chez les filles sont la communication et les échanges de cours et d'exercice. En plus de ces activités, les garçons font des téléchargements et des transferts de fichiers. Les filles et les garçons ont la même durée de travail hebdomadaire concernant les activités pédagogiques. Cependant, des différences émergent entre les deux sexes concernant le temps de travail à des fins ludiques.

   En 2008, une étude qualitative de Mian Bi, portant sur une dizaine de futurs enseignants en formation à l'ENS d'Abidjan, montrait que l'utilisation du courrier électronique par ces derniers améliorait leur formation initiale. Dans une autre étude qualitative portant cette fois sur 15 futurs enseignants et 9 formateurs, Mian Bi (2010b) aboutit aux mêmes résultats que Bogui (2007) concernant les usages des TIC dans les activités d'enseignement/apprentissage. Toutefois, alors que Bogui (2007) estimait que les étudiants n'avaient aucune compétence en informatique, Mian Bi (2010b) révèle que bien que n'ayant pas un esprit critique face aux TIC, les futurs enseignants utilisent internet pour communiquer, pour rechercher de l'information, l'interpréter afin de résoudre des problèmes, pour se constituer un réseau d'échanges et de formation continue ; arguant d'une certaine compétence TIC de ces derniers. Par ailleurs, les travaux de Mian Bi (2010b, 2010c) ont permis de dresser un profil des formateurs usagers des TIC comportant trois catégories :

  1. les usagers de bas niveau, qui font usage des TIC pour la recherche d'information à l'aide des moteurs de recherches

  2. les usagers de niveau moyen, qui en plus de faire la recherche font usage du courriel dans leurs pratiques pédagogique

  3. les usages de bon niveau, qui en plus de faire de la recherche, font usage du courriel dans leur pédagogique et conçoivent des contenu multimédias ou disposent de sites Web à but pédagogique.

   Les différentes recherches ont aussi permit d'identifier les freins actuels à des usages effectifs des TIC dans l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire. Ainsi, en plus de l'absence du plan nationale TIC (Djédjé, 2007), les travaux de Bogui (2007) et Mian Bi (2010c) ont mis l'accent sur la faiblesse des équipements TIC et surtout le manque de formation des formateurs en intégration pédagogique des TIC (Mian Bi, 2010a). Toutefois, ces différentes recherches empiriques mettent en exergue que les TIC deviennent des outils au service de l'éducation et de la formation en Côte d'Ivoire.

Discussions

   Dans le présent article, nous avons essayé de rendre lisible, et cela à travers des textes scientifiques portant essentiellement sur la problématique des TIC en éducation en Côte d'Ivoire, l'évolution du statut des TIC dans le secteur de l'éducation et de la formation. Il ressort que l'histoire des recherches sur la problématique des TIC en éducation dans le contexte de Côte d'Ivoire soit récente et le fait, en tous cas à ses débuts, des chercheurs en Communication.

   Alors que les TIC semblaient inaccessibles depuis 1996, la libéralisation du marché des fournisseurs d'accès en 2006 a permis de faciliter l'accès des populations à internet. Par ailleur, alors que les TIC semblaient ludiques, l'année 2007 semble être un tournant décisif des recherches sur l'usage des TIC en éducation en Côte d' Ivoire. En effet, si l'année 2005 a vu la soutenance de la première thèse portant sur la problématique des TIC et du développement en Côte d'Ivoire, c'est véritablement en 2007 que la problématique des TIC en éducation et en formation a été traitée de façon spécifique à travers deux thèses. Cette année marque aussi le démarrage du projet PANAF en Côte d'Ivoire. Les retombés de ce projet en termes de recherche sur la problématique des TIC en éducation semblent très appréciables. Et parmi ces retombées, on peut citer, la formation des membres du ROCARE à la méthodologie de la recherche en science de l'éducation et de la rédaction d'articles scientifiques. Ainsi, entre 2008 et 2011, les données issues de ce projet, accessible par internet sur l'observatoire des TIC [4], ont permis la publication de six articles scientifiques aussi bien par des chercheurs du projet PANAF que par des membres du ROCARE qui ont bénéficié des formations et des données récoltées au cours du projet. À ce projet PANAF, il faut ajouter l'ouverture en 2006 d'un Doctorat à distance de l'Université de Montréal portant sur la problématique de l'intégration pédagogique des TIC. Ce doctorat à distance a permis en 2010 la soutenance de la troisième thèse sur les TIC et l'éducation. Ainsi dans le contexte de la Côte d'Ivoire, les recherches sur la problématique des TIC en éducation semblent de plus en plus être le fait des chercheurs ayant bénéficié d'une formation en méthodologie de recherche en science de l'éducation. Si ces différentes recherches ont permis de rendre lisible les usages des TIC dans le cadre de la l'éducation et de la formation, elles ont aussi permis de soulever certains problèmes qui entravent une bonne intégration des TIC. Parmi ces problèmes, l'on peut noter l'absence d'un plan national TIC (Djédjé, 2007), le manque d'équipement en matériels informatiques (Bogui, 2007 ; Mian Bi 2010a ; 2010c) mais surtout le manque de formation TIC des formateurs (Bodui, 2007 ; Mian Bi, 2010a).

Conclusion

   La présente recherche met en évidence une certaine évolution du statut des TIC en éducation et en formation en Côte d'Ivoire. En effet, jadis inaccessibles, les TIC sont devenus accessibles et ludiques, et de plus en plus utilisées comme outil dans le contexte de l'éducation et la formation. Si la libéralisation du marché des fournisseurs semble avoir eu un effet dans cette évolution, il faut noter que la formation, à travers le projet PANAF et le Doctorat à distance en intégration des TIC, des personnes ressources en recherche sur la problématique des TIC en éducation l'a rendu lisible. En effet, cette formation a permis la conduite, dans le contexte ivoirien, de recherches empiriques sur les usages des TIC en éducation et en formation. Mais pour une amélioration de la qualité l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire, il faudra un usage effectif des TIC. Et face au manque de formation des formateurs en intégration pédagogique des TIC, il serrait souhaitable la mise en place de projet favorisant de telles formations.

Séhi Antoine Mian Bi, Ph.D.
mianantoine@yahoo.fr
École Normale Supérieure d'Abidjan

Références

Azoh, F-J., Koutou, C. et Soumahoro, F. (2009). Tic dans éducation en Afrique : Rapport Côte d'Ivoire.
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Consulté sur http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=225

NOTES

[1] http://www.ernwaca.org/panaf/spip.php?article7&id_rubrique=1

[2] http://www.atci.ci/pages/statistiques_telecoms.php

[3] http://www.usaid.gov/leland/projectfr.htm

[4] http://www.observatoiretic.org

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Novembre 2011

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