OPTION INFORMATIQUE
 

   Nous présentons dans ces pages quelques documents essentiels concernant l'option informatique et son extension.

   D'abord le rapport du comité Scientifique, remis à Monsieur C. Pair le 15 février 1983. Puis des extraits de la Note du Directeur des Lycées aux Recteurs ; extraits concernant plus spécialement l'option informatique.

   Dans une lettre, datée du 23 mars 83, aux Chefs d'Établissement des 12 lycées dans lesquels se déroule actuellement l'option, M. Pair explique les raisons qui l'ont conduit à ne pas retenir la possibilité d'une épreuve facultative au baccalauréat.

   Les Chefs des 12 établissements concernés auront à délivrer aux élèves un certificat attestant qu'ils ont suivi avec profit cette option. Une mention sera portée dans le livret scolaire, avec appréciation et note éventuelle du professeur.

_______________________________
 

Rapport du Comité Scientifique National,
remis à Monsieur Claude Pair

Introduction

   Le présent rapport a pour objectif de présenter quelques propositions concernant la continuation de l'expérience l'année prochaine. Il ne traite que d'aspects à relativement court terme, demandant une prise de décision rapide. Les aspects concernant les objectifs à plus long terme seront présentés dans un second rapport dont la publication est envisagée au mois de mai 1983.

   Pour établir ces deux rapports, le Comité a travaillé selon deux axes :

- contacts sur le terrain, afin d'assurer un suivi et une évaluation directs. Les 12 lycées engagés dans l'expérience ont reçu ou vont recevoir la visite d'au moins un membre du Comité.

- contacts avec les personnalités diverses susceptibles d'apporter des éléments de réflexion au Comité. C'est ainsi que le Comité a rencontré M. Nivat et des représentants de la Commission qu'il préside, et J. Hebenstreit.

   Il doit rencontrer les membres de l'ADI.

1 - Orientation générale de l'expérience

   Dans l'état actuel de ses réflexions, le Comité considère que deux orientations seront possibles lors d'une éventuelle généralisation de l'enseignement de l'informatique

A - soit considérer que l'informatique est une discipline à part entière, comme les autres disciplines enseignées à l'heure actuelle.

Dans cette optique, cet enseignement sera obligatoire pour tout le monde et devra conduire à un niveau de connaissances reconnu par une épreuve au niveau du baccalauréat.

B - soit considérer que l'informatique dans les lycées est un outil interdisciplinaire (utilisé par toutes les disciplines), et que l'on vise plus à enseigner le bon usage de cet outil que les règles de construction de cet outil.

Dans cette optique, l'enseignement de l'informatique pourrait rester optionnel, mais l'effort maximal devrait porter sur l'usage des moyens informatiques dans toutes les disciplines. On ne cherchera pas à sanctionner un niveau de connaissance en .informatique. Une épreuve au baccalauréat ne serait plus justifiée, sauf dans le cas de l'option.

   Le Comité constate qu'à l'heure actuelle, seule la première approche est pratiquée dans le cadre de l'expérience. En effet, la majeure partie des enseignements tels qu'ils sont prévus (programme d'enseignement relativement technique) et les modalités de choix des élèves au niveau de la classe de seconde ont conduit à ce que la presque totalité des élèves concernés par l'option se trouve en Première S. De plus, l'aspect interdisciplinaire de l'usage de l'informatique est relativement absent, et en tout cas très mal perçu des élèves.

   Nous proposons donc de mettre en place l'année prochaine des classes dont la structure permettrait d'essayer l'approche B, par immersion des élèves dans une utilisation courante des moyens informatiques en plus des cours d'informatique proprement dits.

2 - Extension du nombre de lycées expérimentaux

   Nous reprenons ici une grande partie des réflexions proposées l'année dernière par le Comité, en les complétant par des propositions sur :

- la création de classes permettant de mettre en oeuvre une pratique plus généralisée de l'informatique,

- la nécessité par les établissements d'établir de véritables « contrats » sur 3 ans.

   Nous proposons qu'il soit envisagé d'offrir à de nouveaux lycées la possibilité de participer à l'expérience. Le choix de ces nouveaux lycées pourrait se faire à partir des critères suivants :

- volontariat : n'accepter que des lycées accueillant des équipes fortement motivées ;

- pluridisciplinarité : deux observations sous cette rubrique

  • n'accepter que des lycées où existe une équipe pluridisciplinaire d'enseignants formés.

  • favoriser des lycées s'engageant à créer au moins une classe de seconde organisée de telle sorte que l'équipe pédagogique ait le souci d'utiliser les moyens informatiques chaque fois que ce sera possible, quelle que soit la discipline, en plus des heures attribuées à l'enseignement de l'informatique proprement dit. Ainsi, les élèves d'une telle classe pourraient acquérir à la fois une connaissance des concepts informatiques, et une pratique de l'utilisation des moyens informatiques à travers diverses disciplines.

- équipement : n'accepter que des lycées déjà équipés.

- localisation : n'accepter que des lycées proches d'un centre susceptible d'assurer un suivi pédagogique (centre de stage, centre de ressources, autres). Il serait bon que le dossier de demande comporte un engagement du centre devant assurer le suivi.

- diversification : il serait tout à fait souhaitable que les lycées choisis permettent d'atteindre des régions et des populations très diverses. Choisir un lycée relativement modeste, dans une région relativement peu favorisée pourrait apporter beaucoup de leçons.

- contrat sur trois ans : il serait souhaitable que les lycées nouvellement choisis montrent comment ils envisagent la prise en charge de l'option informatique sur trois ans. En particulier, l'analyse de l'encadrement potentiel de l'option (professeurs en cours de formation) permettrait de s'assurer que l'établissement disposera effectivement à terme du nombre d'enseignants suffisant.

   Le choix de ces lycées devrait se faire avec la participation du Comité National Scientifique, après un appel d'offres auprès des Lycées.

   En ce qui concerne les lycées déjà engagés dans l'expérience :

- ne pas laisser s'ouvrir de nouvelles classes de seconde en plus de celles existant déjà ;

- favoriser la création de classes de secondes ouvertes à une pratique généralisée de l'informatique ;

- ouvrir autant de classes de première et de terminale qu'il s'avère nécessaire.

3 - Programmes actuels de première et terminale

   Le Comité souhaite ne pas porter de jugement sur ces programmes tant qu'ils n'auront pas été enseignés au moins une fois dans leur totalité.

   Cependant, nous souhaitons que les enseignants puissent tenir compte des remarques suivantes :

- si le programme de seconde nous parait devoir être enseigné dans sa totalité (et sans dépasser ce qui est indiqué), nous souhaitons que les enseignants en informatique se sentent plus libres en ce qui concerne les programmes de première et de terminale. Nous proposons que les motivations conduisant à retenir ou à supprimer certaines parties du cours soient élaborées en équipe et transmises par écrit au Comité. Les réflexions ainsi retenues permettront de juger des motifs ayant conduit à telle ou telle orientation des cours.

- il ne faut pas oublier que l'appel à des intervenants extérieurs devrait être favorisé. C'est ainsi que certaines parties du cours pourraient être prises en charge par des professionnels, des enseignants ou des particuliers autres que les professeurs de l'établissement. Cette formule permettra ainsi de présenter certains aspects pour lesquels l'enseignant ne se sent pas suffisamment armé.

- en ce qui concerne la terminale, nous souhaitons que l'accent soit mis sur le projet. Ceci nous conduit à proposer que les cours faits à ce niveau soient plus informationnels, et que les séances de travaux dirigés et pratiques soient consacrées à l'analyse et la réalisation de projets plutôt qu'à des exercices portant directement sur le cours (dans la mesure du possible bien entendu).

4 - Épreuve du baccalauréat

   Cette épreuve pourrait prendre la forme d'une interrogation orale portant sur :

- le projet réalisé pendant l'année.

   Si ce projet peut être collectif (ce que nous souhaitons), l'élève devra pouvoir en défendre tous les aspects, comme s'il l'avait réalisé seul. Ces aspects comportent aussi bien l'analyse du problème, le choix des techniques retenues, que certains points particuliers de programmation.

- le programme informatique enseigné.

   L'examinateur pourra poser des questions sur l'ensemble du programme enseigné, afin de vérifier que les connaissances de base sont bien acquises par l'élève.

   Cette deuxième partie de l'interrogation est en particulier destinée à vérifier les connaissances des élèves présentant l'épreuve sans être passés par l'enseignement optionnel (cas d'élèves membres d'un club informatique). L'importance de cette partie, et donc son influence sur la note finale, devra être déterminée et modulée par l'interrogateur.

   Par ailleurs, nous pensons qu'ainsi les élèves seront motivés par les cours dispensés en parallèle aux projets.

   Les projets devront être choisis :

  • soit par l'enseignant, qui fournira une liste de sujets ;
  • soit par les élèves, en accord avec l'enseignant.

   La répartition dans l'année pourrait être la suivante

  • rappels, exemples jusqu'à la Toussaint ;
  • réalisation de projets jusqu'à Pâques ;
  • remise des projets rédigés et terminés dans le courant du mois d'avril (date exacte à déterminer) pour qu'ils soient transmis aux examinateurs. Ceux-ci auront ainsi le temps de prendre connaissance des travaux avant l'épreuve.

   En ce qui concerne le(s) langage(s) de programmation, le Comité pense qu'il est souhaitable d'interdire l'usage de langages d'assemblage, mais que le choix du langage évolué doit rester libre.

5 - Formation des enseignants

   Il s'agit ici des enseignants impliqués dans l'expérience, ou qui le seront à la rentrée prochaine.

   Le Comité perçoit un besoin très vif dans deux domaines :

- concertation entre les enseignants impliqués dans l'expérience, au moins sur les sujets suivants :

  • point sur l'enseignement actuel en seconde et première ;

  • mise en place de l'enseignement en terminale au niveau du cours ;

  • mise en place des exemples de projets à traiter (en particulier pour discuter du volume minimal (et maximal) requis.

  • mise en place des modalités pratiques de l'épreuve au baccalauréat (qui interroge, comment corriger les projets).

- formation complémentaire sur certains aspects du programme (récursivité, langages de programmation...)

   Nous proposons d'organiser en mai ou juin 1983, une rencontre de quatre jours (par exemple d'un lundi 14 heures au vendredi suivant 12 heures) pour tous les enseignants impliqués dans l'expérience avec comme ordre du jour bilan de l'expérience,

- perspectives, formation.

   Ces journées seraient préparées par un questionnaire permettant en particulier de faire ressortir les axes de formation souhaités.

   En ce qui concerne la formation lourde, nous souhaitons attirer l'attention sur deux points :

- certains enseignants des lycées concernés par l'expérience effectuent cette année un stage de formation lourde. Il faudrait veiller avec beaucoup d'attention à leur affectation à la rentrée. En effet, certains lycées ne pourraient continuer l'expérience si leurs enseignants ne rejoignaient pas leur poste dans l'établissement.

- il faudrait encore favoriser cette année la sélection pour les stages de formation lourde, de collègues appartenant à des lycées engagés dans l'expérience, afin de prévoir un nombre d'enseignants formés suffisant pour les quelques années d'expérimentation.

6 - matériel

   Dans la plupart des lycées participant à l'expérience, nous avons constaté une quasi-saturation du matériel disponible, sinon dès cette année, en tous cas certainement l'année prochaine.

   Cette situation a en particulier pour effet d'éliminer à peu près totalement (dans certains établissements) la possibilité d'utiliser le matériel à d'autres fins que l'option informatique. C'est ainsi que des activités interdisciplinaires, liées à l'usage de l'EAO ont été parfois abandonnées. Nous recommandons vivement de prendre ce problème en considération et d'envisager de doter les lycées expérimentaux en faisant la demande d'un complément de matériel.

7 - Problèmes administratifs

   Le problème des décharges revient constamment, tant au niveau des enseignants, que des chefs d'établissement. Pour résoudre ce problème, il conviendrait :

- de fixer clairement les modalités d'attribution des décharges (en fonction du nombre de classes et de leur niveau) ;

- de préciser exactement les règles de cumul (au sein de l'option, entre diverses sources...).

- de donner des heures de décharge dès le mois de mai 1983, au moment où les chefs d'établissement préparent leurs emplois du temps. Si les décharges arrivent tardivement, elles ne peuvent en pratique plus être effectives, même si les chefs d'établissement le souhaitent.

NDLR :

* à propos des heures de décharge, le rapport de mai 1982 disait :

- il est indispensable, surtout en cette période de démarrage de l'expérience, que les décharges soient effectives,

- 2h 30 de décharge sont un minimum vital, surtout si l'on veut que les enseignants non seulement préparent correctement leur travail, mais en plus participent à des séances de travail collectif (suivi) et rédigent des documents pédagogiques.

Nous proposons deux formules :

- soit accorder 2h 30 de décharge pour chaque classe de niveau différent,

- soit 4 heures de décharge, la 1re année d'enseignement d'un niveau.

Liste des membres du Comité scientifique :

J. Baudé, Professeur au Lycée Pierre Corneille, La Celle St Cloud.
M. Bergman, Professeur à l'Université de Marseille.
J.-C. Boussard, Professeur à l'Université de Nice.
A. Danzin, Conseiller spécial auprès de la CEE.
Mme M. Grandbastien, Maître-assistante à l'Université de Nancy I.
Lucas,
Professeur à l'Université de Nantes
P. Muller, Professeur, représentant du Directeur de l'INRP.
G. Odermatt, Inspecteur Général de l'Éducation nationale.
Mme J. Rogalski, Représentant le Doyen de l'Inspection Générale Chargée de recherche au CNRS, EHESS.

___________________________
 

Extraits de la note de M. le Directeur des Lycées aux Recteurs
(23/03/83)

   L'introduction de l'informatique dans les lycées et les L.E.P. vise trois objectifs :

- intégrer la dimension informatique à la formation générale de tous les élèves,
- mettre à la disposition des enseignants et de leurs élèves un outil pédagogique efficace, notamment dans la lutte contre l'échec scolaire,
- rénover la formation professionnelle.
...

2.2.1. Professeurs en stage de formation approfondie

- pour les critères de leur recrutement, voir la note INF/DG/319 du 30 mars 1982, paragraphe 1.1.1.

- leur remplacement est à prévoir dans le cadre de la dotation globale dont l'Académie disposera pour l'année 1983-84.

   J'insiste sur l'importance de ce recrutement qui est une garantie pour les années à venir du développement des opérations en cours : formation des enseignants et des élèves, extension de l'enseignement optionnel de l'informatique, production de logiciels expérimentations et animations diverses.

   Il serait donc souhaitable que le nombre de professeurs de lycées de votre académie devant bénéficier de cette formation soit équivalent à celui qui vous avait été demandé pour 82-83.
...

4.1. Option informatique

   Une option informatique est enseignée à titre expérimental depuis 1981/82 dans des classes de seconde et de première de douze lycées d'enseignement général répartis sur sept académies.

   L'objectif est de fournir aux élèves les éléments d'une formation générale en informatique et non de former des spécialistes. Elle est suivie et évaluée par un Comité Scientifique National.

   Cette expérience sera poursuivie en 1983/84 dans les mêmes conditions pour les clases de terminale des douze lycées. Une épreuve spécifique ne sera pas organisée au Baccalauréat, mais une mention sera portée sur le livret scolaire des élèves concernés.

   D'autre part, le Comité Scientifique National propose que, compte tenu de l'intérêt qu'elle suscite, des premiers résultats obtenus et du nombre d'enseignants compétents, elle puisse être à partir de la rentrée prochaine étendue à des classes de seconde de nouveaux lycées.

   Il convient cependant de réaliser cette extension en veillant au respect des conditions établies après consultation du Comité Scientifique. L'initiative doit venir des établissements qui devront, en particulier, disposer des moyens nécessaires. Vous trouverez en annexe III toutes précisions à cet égard et pourrez procéder, sur ces bases, à un -appel d'offres auprès des lycées motivés de votre académie.

   Vos propositions, présentées suivant le modèle de fiche-dossier joint en annexe III devront me parvenir avant le 1er mai sous le timbre du bureau DL2.

   La Direction des Lycées se bornera à s'assurer de la conformité des dossiers de demande d'ouverture avec les conditions inscrites au « Cahier des Charges ».
...

___________________________
 

Conditions d'ouverture d'une Option Informatique
Cahier des charges

Équipement

   Au minimum la configuration de base (8 micro-ordinateurs et 1 imprimante)

Équipe enseignante

   Une équipe d'au moins deux professeurs à la rentrée 83 portée à 3 au moins à la rentrée 84 :

- n'appartenant pas tous à la même discipline,

- désireux de favoriser l'emploi de l'informatique dans les diverses disciplines enseignées aux élèves,

- ayant suivi une formation d'un an dans un centre de formation à l'informatique et à ses applications pédagogiques, ou une formation de niveau équivalent.

   Les professeurs ayant une expérience de formateurs sont particulièrement qualifiés.

- l'établissement devra être en relation avec un centre universitaire qui s'engage à assurer un suivi scientifique.

Service des enseignants

les horaires hebdomadaires de l'option informatique sont de 1 heure de cours et une 1h 30 de travaux pratiques en classe dédoublée si l'effectif l'exige.

- il est souhaitable que, pour tenir compte des difficultés et sujétions liées au caractère expérimental, chaque professeur puisse recevoir, la première année où il enseigne l'option, 1 h de décharge effective dans toute la mesure du possible.

- on veillera à ce qu'un professeur enseignant l'option informatique assure au moins la moitié de son maximum de service dans sa discipline.

- pour éviter qu'un professeur soit perçu seulement comme informaticien il serait bon qu'il enseignât aux mêmes élèves et sa discipline et l'informatique.

Fonctionnement

les moyens d'enseignement et de fonctionnement nécessaires à cet enseignement seront à la charge de l'établissement.

Note :
Au cours du troisième trimestre, l'équipe des professeurs des lycées retenus se réunira, au niveau académique avec les responsables du suivi : ces journées de travail auront pour objet de donner à ces professeurs un complément d'information et de formation (surtout de nature pédagogique) indispensable à leur future tâche.

___________________________
 

   Le retard pris et l'absence de moyens spécifiques risque fort de réduire considérablement la portée de l'appel lancé dans les établissements.

E.P.

Paru dans le Bulletin de l'EPI  n° 30 de juin 1983, pages 43-51.

___________________
Association EPI
Octobre 2010

Accueil Informatique et TIC Sommaires des Revues Historique