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À PROPOS DU SITE "SÉSAMATH " Sébastien HACHE On a souvent dit, du professeur, qu'il était seul, seul face à ses élèves. Et comment nier cette évidence : en dernier recours, celui qui enseigne est bel et bien seul, seul à prendre les multiples décisions, à subir la pression... Cette solitude a fait de l'acte d'enseigner un acte privé, presque intime. D'où la difficulté d'échanger et donc de se perfectionner par ce biais. Ce que chacun découvre, souvent il le garde pour soi, par peur légitime d'être jugé ou pour d'autres raisons : une autre vie commence en sortant de la classe.
Pour un des 18 membres de l'association Sésamath, professeur de mathématiques de son état, (et pour bien d'autres sans doute) les choses sont légèrement différentes. Certes, il n'est pas moins seul face à ses élèves, mais le soir venu, le voilà installé sur son ordinateur à lire les 20 ou 30 e-mails quotidiens (parfois plus...) écrits par les autres membres répartis sur 10 académies différentes. Et quand il prépare ses cours ou une séance en salle informatique avec ses élèves, il s'inspire souvent de l'expérience et des travaux des autres, personnalisant ici une fiche d'exercices, là une animation, décortiquant un article sur une façon de faire (un témoignage) sous l'influence de laquelle, entre autres, il construira sa propre sauce.
Ce moteur (la mutualisation des documents et des expériences) pourrait à lui seul faire vivre le groupe, la puissance de l'outil internet faisant tomber nombre de barrières. Mais ce n'est pas le moteur essentiel de Sésamath : le partage ne s'arrête pas aux frontières du groupe, d'une certaine façon, c'est même là qu'il commence véritablement. En effet, chacun des 18 membres de Sésamath est responsable d'une partie d'un des sites du groupe, où tout est fait pour faciliter à l'un des 20 000 visiteurs mensuels (professeurs de maths pour la plupart) l'accès aux documents, l'accès aux sources, l'accès aux témoignages. Et plus encore, chacun de ces visiteurs est lui-même invité à venir enrichir le pot commun, par ses documents, ses témoignages ou son adhésion au groupe si le cœur lui en dit... Mettre quelques dizaines de documents sur le web, c'est une chose ; gérer rationnellement et efficacement les milliers de documents de Sésamath, ses listes de diffusion, ses contributaires... c'en est indéniablement une autre : les tâches doivent être définies précisément et rigoureusement, et le groupe se professionnalise peu à peu comme une entreprise, avec ses spécialistes, ses techniciens... professeurs de maths le jour, webmasters la nuit... Comment en est-on arrivé là ? Sans doute est-ce lié à l'écologie même de ce type de sites sur internet : on sait qu'il s'en crée chaque jour, que beaucoup meurent, que certains sont laissés à l'abandon alors que d'autres suscitent l'adhésion d'un groupe de fidèles... des sites fortement marqués par la personnalité de leur webmaster : à la fois, beaucoup de liberté dans le ton (celui qui crée le site est seul maître chez lui et n'a de comptes à rendre à personne...) mais aussi de la rigueur et souvent de la créativité (celui qui s'expose au regard des autres a tendance à produire le meilleur de lui-même).
Comment est-on passé d'une myriade de petits sites (certains devenant gros) à une structure de rationalisation ? Peut-être faut-il y voir deux raisons principales : le public et la technique. En effet, l'éparpillement induit nécessairement un manque de lisibilité au niveau de l'offre : redondance, incompatibilité... Des sites qui "vivent" principalement de leurs visiteurs (cette vie n'étant pas de nature économique...) finissent peut-être par devenir sensibles au besoin de clarté. Reste également le problème de la maîtrise des techniques : le professeur qui par ailleurs assure quotidiennement ses cours ne peut pas se tenir facilement au courant, et l'autoformation a ses limites... Mais il se peut également qu'arrivé à un certain stade de développement (parfois surprenant et même très surprenant), le besoin de se faire reconnaître devient plus fort, le besoin d'être soutenu. Après tout, quand on a le sentiment d'œuvrer dans le sens du service public, il n'est pas complètement irraisonné de chercher des soutiens, d'autant que le soutien peut seul assurer un développement durable : beaucoup d'énergies sans doute se sont déjà éteintes faute d'un catalyseur suffisant. Il serait naïf de croire qu'on peut passer d'un système libre à un système rationalisé sans perdre une partie de son identité. La difficulté essentielle, et l'association Sésamath y est confrontée, est d'optimiser sans tuer la créativité, sans tuer surtout l'esprit de pionnier qui habite beaucoup de ses membres. Dans cette période un peu étrange où les documents numériques détruisent beaucoup d'idées reçues et de stratégies, il y a sans doute la place pour inventer (essayer du moins) des postures originales (pour ne pas dire des réseaux) capables de fédérer sans étouffer. Sébastien HACHE LES SITES DE SESAMATH MATHADOC (www.mathadoc.com) et MATHSENLIGNE (www.mathsenligne.com) deux bases de données proposant des cours, exercices, devoirs... à télécharger. Mathadoc regroupe environ 2 000 documents au format word 97 ou au format pdf. Mathsenligne regroupe environ 600 documents au format word 97. C'est l'œuvre d'un unique auteur (Joel Négri) avec la cohérence que ça implique. Beaucoup de soin et de rigueur dans le strict respect des programmes officiels. SESAMATH (www.sesamath.net), la "caverne d'Alibaba" des Maths Sésamath est à la fois un portail des mathématiques au collège que chacun peut venir enrichir (en ligne) avec ses propres références. TABLEAUVIRTUEL (www.tableauvirtuel.com) Comme son nom l'indique, le site Tableauvirtuel est dédié à toutes les utilisations possibles de l'ordinateur en salle de classe (couplé à un vidéoprojecteur ou à une télévision, ou bien encore en salle informatique ou au CDI...). EBEPS (www.ebeps.com) Ebeps est une base de données d'exercices et de problèmes posés au brevet : plus de 250 exercices classés par thème, avec une aide pour les élèves, une correction détaillée, et pour un tiers d'entre eux, une correction animée. À voir en ligne ou à télécharger pour une utilisation locale. Paru dans la Revue de l'EPI n° 103 de septembre 2001. ___________________ |
