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Culture et école, encore

Lu sur le blog de Xavier Darcos (14 février 2007) : http://xavierdarcos.blogspirit.com/.

   « La question du rapprochement culture / éducation semble entrée dans la campagne, lancée à juste titre par Nicolas Sarkozy. Commençons par nous demander si l'école remplit sa fonction « culturante ». Certes, les enseignants sont évidemment du côté de la culture, quoi qu'on mette sous ce mot. Ils se réclament d'abord du devoir d'instruire. Mais, à leurs yeux, cette adhésion préalable ne vaut pas forcément déférence envers les savoirs scolaires, tels qu'ils sont définis aujourd'hui, hérités de choix très anciens et de procédures opaques. Être ambitieux pour la connaissance n'implique pas forcément de renoncer à passer au crible les disciplines actuellement enseignées. On entre alors dans des divagations interrogatives illimitées et ravageuses. La question peut se poser de savoir qui a choisi les disciplines. À quand remonte leur actuelle hiérarchie ? Comment s'est décidé leur découpage ? Comment se sont organisées leurs importances respectives, notamment en terme d'horaires et de coefficients ? Qui même a conçu et organisé la cohérence d'ensemble du savoir scolaire ou académique ?

   L'enquête devient sans fin ni direction, ce qui fait les choux-gras des inféconds chercheurs en sciences de l'éducation. On doit ensuite se demander pourquoi l'appropriation du savoir, dès l'école, devrait privilégier la concurrence individuelle et la compétition, au détriment des formes de travail en équipes et de coopération entre les élèves ; pourquoi même le professeur devrait détenir un niveau universitaire élevé, qu'il n'a guère l'occasion de mobiliser au quotidien ; pourquoi enfin ne pas se contenter d'une formation professionnelle, initiale et continue ; ou même la réduire à des stages répétés dans les établissements « sensibles » ou dans les zones dites « prioritaires » (cruels euphémismes), pour qu'ils s'accoutument à la doctrine minimale et à l'école des pauvres. Autant dire qu'il faut tout lâcher, pour aboutir à l'inverse de ce que nous croyons être la mission de l'école.

   C'est au carrefour de ces inusables casse-tête que se place le discours sur la pédagogie, synthèse d'une capacité disciplinaire et d'un art de faire partager le savoir. Mais ne nous leurrons pas : le primat de la nécessaire transmission des connaissances n'est discuté que par les seconds couteaux ou par les commentateurs professionnels des officines exclusivement « pédagogistes ». La seule question qui vaille, une fois qu'on a ergoté et tournicoté autour de faux problèmes, est celle-ci : pourquoi l'armada éducative produit-elle tant d'ignorants, d'illettrés, et de jeunes dégoûtés du savoir ou infantilisés ? À quoi sert l'assemblée foisonnante et bavarde des experts, des évaluateurs, des réformateurs, des prêcheurs ou des inquisiteurs ? Car l'élève ne semble pas être mieux traité que naguère, malgré l'armée des prédicateurs : il meurt en bonne santé. »

NDLR-EPI : pour ce qui concerne l'informatique et les TIC, le moins que l'on puisse dire est que « le primat de la nécessaire transmission des connaissances » n'est pas, jusqu'à présent, la voie suivie par le ministère de l'Éducation nationale ! Mais gageons que les choses vont changer maintenant que Xavier Darcos est ministre.

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Association EPI
Juin 2007

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