NOUS AVONS LU
 

Aventure commune et savoirs partagés

Groupe de travail « Secteur Éducation » et « Institut de Recherches » de la FSU sous la direction de Denis Paget, Nouveaux Regards – Syllepse, 2006, 186 pages, 15 €.

   Cet ouvrage collectif rend compte d'une réflexion, inspirée par l'expérience enseignante, le débat syndical et la recherche, sur ce que pourrait être une nouvelle culture scolaire commune à tous les jeunes et répondant mieux aux missions profondes de l'École. Il propose notamment de réfléchir à l'introduction de nouveaux savoirs.

   Sa lecture est intéressante et nous partageons bien des idées développées (prolongation de la scolarité, nécessité d'un ancrage des connaissances dans les disciplines...).

   Naturellement, nous avons orienté notre lecture attentive vers l'informatique et les TIC et nous sommes malheureusement restés sur notre faim. À l'évidence, le groupe de réflexion, pourtant nombreux, ne comprenait pas un spécialiste du domaine ou celui-ci n'a pas su se faire entendre pleinement.

   Certes, on peut lire en page 144 « L'absence aujourd'hui de toute formation approfondie à l'informatique – en dehors de l'usage de quelques logiciels – constitue un handicap considérable », ou encore en page 156 « La culture commune enseignera explicitement les méthodes du travail intellectuel, notamment l'activité documentaire et les usages raisonnés de l'ordinateur », mais on pouvait difficilement faire moins ! C'est d'autant plus curieux que Denis Paget, coordinateur et animateur de cette réflexion, connaît parfaitement le dossier de l'informatique et des TIC dans l'enseignement secondaire pour l'avoir travaillé de nombreuses années avec l'EPI.

   Quand on lit dans l'avant-propos « Pour qu'il y ait culture, il faut travailler les langages propres aux grands champs du savoir, les concepts et les notions qui permettent de structurer la pensée, d'agir et de faire des choix », on ne peut s'empêcher d'espérer des propositions précises concernant l'informatique.

   Soyons conséquents, on ne peut - si les mots ont un sens - à la fois écrire (p. 29) « ... la révolution numérique marque une rupture dans le mode d'appréhension et de diffusion des connaissances qui n'a d'égal que les effets de l'invention de l'imprimerie au XVe siècle », ou encore que (p. 37) « l'École est le lieu d'une transmission organisée et délibérée de tous les savoirs jugés indispensables à la perpétuation d'une société » et se contenter du vaste bricolage actuel. On eût aimé une analyse critique des procédures actuelles, et notamment des B2i et autres C2i seulement cités au détour d'une phrase (p. 88), ainsi que des propositions concrètes.

   Oui, nous sommes d'accord avec « ...s'il est admis que nous vivons dans la société de l'information, notre système éducatif ne s'est toujours pas donné les moyens pour développer chez les jeunes, la culture qui leur permettrait de s'y retrouver » mais nous attendions plus. Quid des demandes, des Assemblées générales successives du SNES-FSU, d'un enseignement de l'informatique et des TIC au lycée ?

   Ainsi, dès son Congrès national de 1993, le SNES se prononçait clairement pour un enseignement de l'informatique envisageant même un enseignement obligatoire pour tous les élèves de seconde. Le Congrès de 1995 demandait qu'un calendrier pour la généralisation d'un tel enseignement soit établi sans tarder. Le Congrès de 1997 demandait que l'option informatique des lycées se transforme rapidement en enseignement obligatoire des Sciences de l'Information et de la Communication pour tous les élèves. Rappelons les termes du Congrès de Lille en 1999 : « Le Congrès dénonce avec force la suppression de l'option informatique des lycées. Cette mesure participe à l'attaque contre les savoirs et les contenus. Elle augure mal de l'entrée dans une société dans laquelle tout le monde s'accorde à dire que l'information joue un rôle de premier plan... » Au Congrès de 2003 : « Un enseignement de l'informatique et des TIC doit être mis en place en classe de Seconde. En Première et Terminale, tous les élèves qui le souhaitent doivent pouvoir bénéficier d'un enseignement Informatique et TIC, à travers des options diversifiées selon les séries... »

   À l'évidence, les membres du « secteur Éducation » de la FSU appartenant au SNES ne se souviennent plus de ces déclarations qui engageaient le SNES ? Leur réflexion « sur l'introduction de nouveaux savoirs » est, volontairement ou non, incomplète.

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Association EPI
Septembre 2006

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